Chapitre 9 Eléonore

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Plus j'avance et plus le chemin est désert. Les gens me fixent bizarrement mais je ne m'en préoccupe pas et file à toute allure. Mes pieds volent aussi vite qu'ils le peuvent mais je ne tiendrais pas longtemps à ce rythme. Je sens déjà mon souffle me quitter et mes poumons me brûler. Je dois me cacher avant de me sentir mal ! Je connais l'endroit et sais que si je continue, je vais tomber sur le parc autour de la pépinière.

Je n'ose pas me retourner pour voir s'il me suit, tout ce qui compte est que je m'éloigne ! Pour aller plus vite, je coupe à travers la pelouse. Je dois sûrement avoir la tête d'une folle furieuse avec mes cheveux qui volent dans tous les sens.
Soudain je heurte un morceau de bois que je n'ai pas vu à cause de la faible luminosité et je m'étale de tout mon long. Je ne perds pas de temps et malgré une douleur dans la jambe droite qui me fait atrocement souffrir, je me relève et continue ma course folle.  Une toux s'empare de moi, si je continue, ce sera trop facile pour lui de me retrouver !

Des pas frappant le sol se rapprochent de plus en plus, je rejoins le chemin jusqu'à un kiosque magnifique. Je n'ai malheureusement pas le temps de l'admirer, ma toux se calme fort heureusement mais je n'ai plus de souffle !  Je décide de me planquer derrière un arbre, au moins le temps de reprendre ma respiration.

Je pause mes mains sur mes genoux et tente de faire le moins de bruit possible même si c'est loin d'être simple. Les battements de mon cœur sont si frénétiques que j'ai l'impression qu'il va sortir de ma cage thoracique.

Je me redresse et crois voir une ombre passer mais en regardant tout autour de moi, je ne vois rien. Aucun bruit ne me parvient non plus, si ça se trouve, il voulait juste m'effrayer ! Et si je m'étais montée la tête toute seule ? Je passe une main tremblante dans mes cheveux, suis-je en train de perdre pied ?

Un hurlement, le même que celui de l'enregistrement que j'ai reçu à mon bureau fend le silence qui règne, me tétanisant.
Je bloque ma respiration pour tenter de savoir d'où vient ce son et me colle le plus possible à l'arbre derrière moi, tentant de me fondre en lui.

Ma main se pose aussitôt sur la cicatrice de mon poignet et tout ce qu'il s'est passé ce sinistre jour remonte à la surface. Mes parents, les flammes tout autour de moi et ce garçon qui me sauve la vie et que je n'ai jamais revu...

— Bou ! me fait sursauter l'homme qui se trouve à présent à côté de moi.

Je me suis perdue dans mes souvenirs me faisant oublier où je me trouvais. J'essaie de hurler mais ma gorge se bloque. Son masque doré ne cache qu'une partie de son visage, il est différent de celui que j'ai vu dans les toilettes de ce bar. Dans une tentative désespérée, je me mets à courir de l'autre côté, mes jambes sont douloureuses mais je me force à continuer. J'aimerais trouver des passants qui pourraient m'aider mais plus personne ne traîne dans le parc. Les portes vont bientôt fermer et tout le monde a déjà dû regagner la place. Je me précipite sur la pelouse, au moins, je serais visible au cas où un garde passerait par là. Dans la forêt, je pourrais disparaître sans trace...

Mon idée est plutôt nulle car l'homme me rattrape en un rien de temps. Je n'arrive plus à respirer et dois arrêter ma course sauf que l'homme ne se trouve qu'à quelques mètres. Il s'avance en marchant lentement pour se placer à mes côtés. Seul sa joue et ses yeux sont visibles. Ceux-ci ont l'air de me fixer mais le soleil est tombé et tout devient sombre alors je ne peux pas l'affirmer. Je recule autant qu'il avance mais mes pas ne sont pas sûrs alors je vais moins vite que lui et il me rattrape facilement.

— Pitié ! réussis-je à souffler miraculeusement.

Un rire lui échappe m'envoyant des frissons d'horreur dans tout le corps.

Alors que je me tétanise, il fond sur moi. Malgré toute ma volonté, je ne fais que quelques pas avant qu'il ne m'attrape et me pousse brutalement au sol. Je me retiens avec mes poignets pour amortir ma chute avant de m'étaler de tout mon long contre la pelouse fraîche. J'ai le temps de me retourner avant que l'homme ne me saute dessus. Il attrape aussitôt mes mains pour les bloquer au-dessus de ma tête. Je me tortille, je ne dois pas être faible ! Il faut au moins que je tente de m'échapper !

Tome 1 Dark Psycho : Red Room (en vente ebook et papier)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant