L'Espoir D'aimer À Travers Le Temps(tome1)

Coma profond

Madame... Michelle, m'entendez-vous? Si vous m'entendez pressez ma main...

Qui est ce qui m'appelle? Et pourquoi est-ce que je n'arrive pas à ouvrir les yeux? Je ne parviens même pas à bouger. Qu'est ce qui se passe? Et qui sont ces gens qui parlent autour de moi? Je ne reconnais pas cette voix qui m'appelle...

- Elle s'agite, dit une autre voix. Son pouls bat trop vite. Sa pression est à la hausse.

- Madame! Reprend la première voix, calmez-vous. Vous êtes à l'hôpital de St-Jérôme... Vous êtes dans le coma depuis plus d'une semaine. M'entendez-vous?

(Oui je vous entends, mais j'ai peur, je ne peux pas répondre ni même ouvrir les yeux. Aidez- moi! Faites quelque chose.)

- Elle est trop agitée garde, son pouls est beaucoup trop élevé. Son coeur va flancher. Donnez-lui un sédatif pour la calmer.

- Oui, répond la première voix.

Et voilà que je sombre à nouveau dans cette terrible noirceur ou seuls mes rêves me tiennent compagnie. Ils se mélangent entre la réalité et la fiction, mais finissent tous de la même manière.

Je vois une moto arrivée. Et ce grand homme, habillé en motocycliste avec un casque sur la tête et de grosses lunettes fumées qui cachent ses yeux. Oh! Misère qui est-il? Pourquoi est-ce que je rêve de lui? Pourquoi ai-je si peur? Puis, je retombe dans l'inconscience totale.

Je distingue souvent des présences autour de moi qui calment mes angoisses. Les chuchotements sont paisibles à mes oreilles comme un chant doux et paisible. J'essaie de comprendre ce qu'ils disent mais je ne réussis pas à sortir de ma torpeur. Toutefois, je sais que ce sont mes proches qui m'entourent.

Un jour, j'ai réussi à être assez éveillée pour reconnaitre les voix autour de moi. Il y avait ma chère soeur Claire qui me parlait doucement et la voix de mon beau-frère, qui avec son humour dont j'étais habituée, se moquait gentiment de mon état et des branchements qui m'aidaient à me tenir en vie. Cela me faisait du bien et je riais intérieurement.

- Tu vas voir sa sœur, disait ma sœur. Tu vas t'en sortir. Je le sais moi tu es forte.

-(Claire! Ma chère soeur. Celle qui est et qui sera toujours près de moi. La seule âme soeur de toute ma vie. Que m'arrive t- il pourquoi suis-je ici? Je ne veux pas mourir.)

- Je t'aime sa sœur, ajouta ma soeur. Ne lâche pas, je sais que maman veille sur toi et te protège.

-(Oui mais, et si je meurs? Que deviendras-tu? Me questionnais-je, Tu auras surement le coeur brisé.)

Puis, après ce moment de lucidité, je replongeais dans ces ténèbres qui devenaient peu a peu un doux oasis pour moi.

Quelques jours ou quelques semaines plus tard, je ne sais trop, je fus consciente des pleurs près de moi et je distinguais de nouveau les voix qui m'entouraient. La personne qui pleurait était ma sœur aînée, Line.

- Je ne comprends pas, disait-elle, comment un coup sur la nuque peut avoir causé un si long coma? Cela fait plus de deux mois que sa vie ne tient qu'à ces machines.

Cela faisait donc deux mois que j'étais prisonnière de mon état.

- Madame, dit une voix que je devinais être celle de mon médecin. Le coup qu'elle a reçu a touché des cordes cervicales. Il a aussi endommagé la moelle épinière. Votre soeur souffre d'un traumatisme du rachis. Ce qui veux dire qu'elle a le cou cassé et qu'elle n'arrive plus à respirer seule. Nous avons aussi remarqué une vieille blessure au cou. Un coup violent peut être ou un accident...

Oui, je me souviens, il y a plus de trente ans de cela. Une balade en véhicule tout terrain m'a fait chavirer dans un fossé après avoir sortie de la route lors de la remontée d'une pente abrupte. Les vitesses ce sont enraillées pendant que nous montions la pente, et nous nous sommes mis à reculer jusqu'à ce que nous soyons renversés dans ce fossé. Je n'ai pas été à l'hôpital, endurant la souffrance du mieux que je pouvais. Le lendemain, je me réveillais le cou bleuté et enflé, incapable de tenir ma tête sans l'aide de mes mains. Cette souffrance a durée plusieurs semaines. Et même aujourd'hui, quand le temps est très humide, la douleur revient.

-Ce qui n'aide pas son cas, poursuit le docteur. Une chirurgie existe pour réparer sa colonne endommagée, mais tant et aussi longtemps qu'elle est dans cet état, nous ne pouvons pas opérer. L'ennui, est qu'elle reste dans un état comateux sévère et que ses signes vitaux sont de plus en plus faibles.

- Mais, dit ma soeur Line, est-ce qu'elle va mourir?

- Madame, nous faisons tout pour qu'elle vive. Le reste lui appartient. Tout ce que nous savons c'est que son cerveau est intact. Elle rêve et réagi à votre présence lorsque vous êtes ici près d'elle. Elle s'agite aussi de temps en temps essayant de se réveiller. Tant que nous aurons ces signes nous n'abandonnerons pas. Cela dit, vaut mieux pour elle qu'elle reprenne conscience le plus tôt possible car plus on attend plus son système immunitaire s'affaibli. Excusez- moi messieurs dames, je dois partir. Si vous avez d'autres questions pour moi, n'hésitez pas à venir à mon bureau. Au revoir.

....

Le silence autour de moi me rend folle. Pourtant, j'entends deux personnes renifler comme si elles pleuraient en silence.

- Je ne le prend tout simplement pas. C'est ma jeune soeur, Diana, qui parle entre deux pleurs. Elle ne peut pas mourir, elle est trop jeune encore. Michelle tu m'entends? Bats-toi s'il te plaît. Fais le pour moi, pour nous, pour ton fils...

-Calme-toi la soeur, répond mon jeune frère Mario, regarde elle pleure. Elle t'a entendu...

Effectivement, à entendre la détresse de ma soeur, je pleure. Je voudrais tant sortir de ce piège et la prendre dans mes bras pour la consoler, pour lui dire que tout va bien.

-Ne pleure plus petite soeur, dit Line s'adressant à moi. Tu vois, j'essuie tes larmes.

-Si j'attrape le gars qui lui a fait ça, je te jure qu'il passera un mauvais quart d'heure! Rage maintenant Diana.

- Au fait, dit mon frère, est-ce qu'on a retrouvé le gars responsable de cela?

- Non, répond Line. Ils n'ont aucuns indices. On voit bien la moto sur la caméra de surveillance mais, la moto n'était pas immatriculée. Le gars a tout prévu avant le vol.

Soudain, tout me revient. Je me souviens maintenant de tout. Je me revois au travail. La moto qui arrive, le motocycliste entrant dans le dépanneur. Mon reflet dans ses verres fumés. Et ma fuite vers le réfrigérateur. Donc, c'est lui qui a causé mon état. Tout cela pour une centaine de dollars. Ma vie n'en valait-elle pas plus?

Mon Dieu, aide-moi. Je veux vivre. Je veux retrouver les miens. Oh Dieu? Entend ma prière. Je vais mourir sans avoir vécu pour moi-même. J'ai consacré ma vie à aider les autres avec leurs rêves, permet-moi au moins de réaliser un des miens. Jésus, mon sauveur, plaide ma cause à Notre Père. Je te prie de toute mon âme.

Je ne refis plus jamais surface à la réalité. Je me consacrais à Dieu seul. Mon âme en prière à le supplier de répondre à ma prière. Je perdais espoir de connaître le grand amour.