dixième chapitre

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Mes yeux s'ouvrent grandement, je suis dans la forêt, dans la nuit. Et encore ma vision semble d'une clarté limpide. J'essaie de comprendre où je suis, je regarde ce qui m'entoure. Je suis sur une branche d'arbre, le silence m'entoure. Je ne sais pas comment j'ai quitté mon loft. Je décide de descendre de la branche et je remarque avec étonnement, que je n'ai pas de pattes ni de jambes. J'ai des ailes, de magnifiques ailes blanches. Je comprends rapidement que ma nouvelle apparence est un oiseau comment vais-je faire ? Je ne sais pas voler. Je me concentre essayant de visualiser mon animal et son instinct, je lui laisse le contrôle. Il déploie ses ailes et prend son envolé naturellement. La sensation est grisante, je me sens libre. Tellement libre que la tête m'en tourne. Je me sens vivante, je ressens chaque fibre de mon être. Je peux dire avec certitude que je me sens bien, que j'aime cette nouvelle forme. Je comprends désormais, que faire partie de l'espèce des métamorphes est une chance. Une chance qui n'a pas de prix, pouvoir être différents animaux, pouvoir ressentir différentes sensations.

C'est un cadeau, un pur cadeau et je remercie le ciel de me l'avoir donné. Je me sens complète, je me sens moi-même. J'avais toujours cherché à me connaître, j'avais toujours eu l'impression d'être dans un corps incomplet. Aujourd'hui je me sens entière. Un cri strident sort de mes lèvres, je reconnais immédiatement ce son. Je suis donc une belle chouette avec des cerfs acérés. Je prends de la hauteur, en montant verticalement et évitant chaque branche avec une grâce inégalée. Je monte haut dans le ciel avec la forte impression d'être invincible et de pouvoir toucher les cieux.

Je commence à ressentir des signes de fatigue, je dois rentrer. Je rentre donc à mon loft, la fenêtre est ouverte, je me pose vers le bord de celle-ci. La transformation est douloureuse mais moins que la première. Je pense que la douleur sera toujours présente lors des premières transformations. Je sens l'odeur de Derek.

-Derek ? Je m'approche de la source de l'odeur et cri de souffrance, je me précipite vers lui. Il est en sang, il est ouvert au niveau du torse. Comme si des grosses griffes l'avaient entaillé. Je recule de douleur, c'est moi l'auteur de ça, je suis un monstre.

Je me relève comme giflée, bordel qu'ai-je fais ? Je suis un monstre, j'ai blessé l'homme de ma vie. Qui suis-je pour vivre ? Comment ai-je pu ne pas me contrôler à tel point que je ne reconnaisse pas Derek et que je le blesse ? Je regarde le corps inerte de Derek et décide d'agir.

Le cabinet est bien silencieux, je pousse la porte de mon museau et entre doucement dans celui-ci. Je retrouve Deaton plongé dans la lecture d'un énorme bouquin. Je feule pour signaler ma présence, il sursaute et se retourne. Je baisse la tête pour lui montrer ma bienveillance. Il s'approche rapidement en voyant Derek en mauvais état sur mon corps. Il le prend et le hisse sur la table en métal. Un des bras de Derek pend hors de la table dans un dernier geste d'amour, je lui lèche la main. Je le regarde une dernière fois, Deaton m'observe. Avant qu'il ne comprenne, je lâche un hurlement de douleur puis quitte le cabinet à vive allure pour retourner à mon loft.

Je coupe le moteur de ma moto, je regarde cette maudite maison. Des frissons m'accaparent et ne semblent pas vouloir me quitter. Une série d'émotion me transperce, me décime et m'habite. Je descends de ma selle, les jambes tremblantes. Pourquoi suis-je revenue ici ? Sûrement car c'est ici que tout semble avoir commencé. Le portail semble sur le point de tomber quand je le pousse et pénètre dans l'allée. Je fais le tour de la maison puis saute sur mon balcon, la fenêtre n'a jamais fermé. Je la fais coulisser et rentre dans mon ancienne chambre. Je manque de m'effondrer sous le choc, sous le poids des sentiments et émotions qui habitent cette maison. À cet instant je hais mon don plus que tout au monde. Je voudrais juste me sentir vide, plongée dans un silence pour quelque instants que le flot de tout ce qui me transperce s'arrête. Je veux respirer sans être accablée d'un poids invisible sur mes épaules.

Métamorphose { Terminé }Où les histoires vivent. Découvrez maintenant