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    J'ai toujours été physionomiste

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J'ai toujours été physionomiste. Chaque personne, chaque visage que je croise reste ancré dans ma mémoire. Longtemps pour ceux que je croise souvent, quelques jours seulement pour ceux que je ne vois qu'une ou deux fois. Je les observe depuis mon plus jeune âge, les gens. J'aime laisser mes yeux glisser sur leur corps, observer minutieusement les détails de leurs visages et les émotions y passant. Leurs faits et gestes en disent long sur leur façon d'être. Je n'en connais pas les trois quarts, mais je pourrais très bien vous dire si ce sont des personnes de confiance ou non.

Hansol Vernon Choi faisait parti des gens que je voyais régulièrement. Cet homme me dépassant de sa hauteur à la carrure large, teinture noir, ce regard envouteur, mystérieux mais également vide qui vous pousse à vouloir en savoir plus sur sa personnalité et sa mâchoire marquée finissant son visage d'une manière brusque.

Le brun ne montrait pas ses émotions. Son regard dans lequel aucune trace de vie n'y figurait me poussait parfois à penser s'il se rendait vraiment compte qu'il existait. Fixé sur ses pieds, les mains dans les poches, une marche nonchalante et toujours des écouteurs dans ses oreilles, j'avais dû mal à le cerner. Cependant, ses vêtements révélaient quelqu'un de sombre. En effet, Hansol Vernon Choi ne possédait que du noir dans sa garde-robe. Peut-être me faisais-je des idées et qu'il aimait tout simplement le noir mais mon instinct me criait qu'il y avait autre chose.

Il marchait à vive allure, balançant ses grandes jambes dans l'air pollué par l'urbanisation de la ville. Ses quelques cheveux volants fouettait violemment son front. Ses mains toujours dans les poches d'un de ses grands et longs manteaux noirs. Vue de l'extérieur, j'avais l'impression qu'il était là sans vraiment l'être. Inconsciemment conscient.

Seul lui existait parmi cette foule de gens, pressés et désintéressés de chaque chose sortant de l'ordinaire. Marchant à contre-sens de la population, les joues rougies par le froid, le nez dans son col roulé, Hansol Vernon Choi ne semblait remarquer personne. Lui, ne passait pas inaperçu pour tous ces habitants arborant les rues de la ville, se préoccupant de  telle ou telle chose. Cette réputation de "demi-vivant"- c'est comme ça que les gens le surnommaient - à cause de la variété de couleur de sa garde-robe, de son visage impassible et de sa façon de se déplacer, il en intriguait plus d'un. Pourtant, jamais personne n'avait osé aller à sa rencontre.

Lorsque ses pas le conduisaient dans une ruelle bondée ou devant un groupe d'adolescents, tout le monde se taisait et les pairs d'yeux rivés sur lui étaient incomptables. Mais il paraissait ne pas les remarquer non plus, ces regards et ces murmures parlant de lui.

Ce jour-là, le soleil brillait, nous chauffant doucement de ses rayons. La nature nous offrait un ciel bleu, avec quelques légers nuages par-ci par-là, bien que le mois d'octobre venait de commencer. Je m'engageais sur le trottoir après avoir pris le passage pour piéton, comme j'en avais chaque jour l'habitude pour me rendre sur mon lieu de travail. Je marchais lentement sur le pont, mes écouteurs dans les oreilles me permettant de m'évader de tous ces bruits de ville.

Il marchait, lui aussi sur le pont, mais au sens inverse, comme il le faisait toujours. Je ne l'avais pas vu, trop plongé dans mes pensées et me concentrant sur le son provenant des petits embouts blancs qui caressait mes tympans, à me demander si la vie valait la peine d'être vécue.

Je le bousculais par mégarde, lui lançant un faible "Excusez-moi". S'étant retourné, ses yeux rencontrèrent les miens. Et ce jour-là, une lueur y fut. Petite qu'on pouvait à peine remarquer sa présence, mais elle brillait si fort. On l'entendait presque hurler les peines de l'homme face à moi. Elle reflétait la tristesse de son âme mais la beauté de son visage. Un si beau contraste que j'aurais pu continuer d'observer si le temps et la réalité nous laissaient tranquille l'espace d'un instant. Cela me confirmait mes suppositions sur son caractère. Hansol Vernon Choi était quelqu'un de triste. Une si jolie tristesse.

Paniqué de certainement avoir laissé ses yeux parler pour lui, il détourna le regard puis repartit. Et nous continuâmes nos routes respectives comme si cet échange visuel n'avait jamais eu lieu.

galaxy ⚛︎ verkwanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant