Et puis un jour, je n'eus plus aucune nouvelle de lui. Pas un message ni un mot, rien. Il ne m'avait pas prévenu. Au début, je fus très irrité et en colère. J'envoyais valser les gens et avais même démissionné de la boutique de livres. On peut dire que j'avais pété un cable. Vous auriez réagi de la même façon, si un de vos amis les plus proches vous lâcheriez comme il l'a fait.
Je le détestais et ne comprenais pas. Mon appartement ressemblait à un chantier durant cette période, tant je le retournais sens dessus dessous tous les jours. Et je pleurais en m'allongeant sur le toit de nos nuits étoilées, comme un pathétique adolescent. On aurait put croire que je l'aimais, que nous étions en couple, mais rien de tout cela n'était vrai.
Certes, j'étais fou de lui, mais en aucun cas dans ce sens là. Il m'avait rendu la vie tellement plus simple, facile et belle. J'avais besoin de lui.
Je lui avais proposé mon aide et voilà comment il me remerciait, en me laissant tomber comme un vieux mouchoir. J'en ris encore.
Dix ans après, du haut de mon balcon avec vue sur la ville et une cigarette entre les doigts, j'y repense et me dis à quel point je n'avais été qu'un idiot. Il devait certainement avoir ses raisons, aussi mystérieux qu'il est, et moi je n'avais rien trouvé d'autre que de me comporter en un égoïste enfant de dix ans qui n'a pas eu le jouet qu'il souhaitait à Noël. Puis finalement, la colère et la rancœur prirent le dessus. S'il m'aimait vraiment, il ne serait pas parti comme il l'a fait. Comment me comporterais-je si un jour nous étions amenés à nous recroiser ?
Je soufflais en balançant les cendres grises dans l'air. Elles s'échouèrent sur le sol comme mes larmes le faisait sur le parquet de ma chambre, déposant chaque jour une partie de mon âme maintenant sans but. Chaque secondes qui passait, je me demandais ce qu'il faisait, où il était, s'il était heureux, s'il avait maintenant fondé une famille, comme tous les jeunes adultes de notre âge.
Ah Vernon, si tu savais tout ce que je donnerais pour pouvoir te revoir. Seulement, le voulais-je vraiment ? Tu es peut-être mort, ce que je n'espère pas. Bien que je souffrais par ta faute comme je n'avais jamais souffert avant, souhaiter la mort des gens n'est pas la solution.
Je soupirais pour la énième fois de la journée, écrasait mon mégot dans le cendrier puis rentrais dans mon modeste appartement, trainant mes pieds derrière moi.
Tu resteras définitivement un mystère, Hansol.