Il me tenait la main si fort à m'en broyer les doigts.
- Seungkwan ?
- Oui ?
- Si je meurs, dis à ma mère que je l'aiIIIIIIIME !
Et nous voilà parti sur les rails du plus haut grand huit du parc. Vernon criait à s'en arracher les cordes vocales, ma main dans la sienne, tandis que je riais comme un fou en voyant son visage déformé par une grimace. Il m'hurlait des choses incompréhensibles, les larmes aux yeux. Enfin non, il pleurait déjà. Ses larmes striaient ses joues rougies par le froid depuis le premier looping.
A la fin de l'attraction, il sortit en vitesse pour courir vers une poubelle et vomir, certainement sa barbe à papa de toute à l'heure. J'arrivais vers lui, des gouttes d'eau provoquées par mon fou rire perlant au coin de mes yeux. Il me regarda gravement, le teint jaune-vert.
- Plus jamais je fais ça.
J'éclatais encore de rire en m'effondrant sur la poubelle tandis qu'il continuait de vomir.
- La prochaine fois, c'est moi qui choisis notre lieu de rendez-vous, me dit-il en sortant du parc
- C'était un rendez-vous ?
- Comment veux-tu appeler cela ? Oui, mais nous ne sommes pas des amoureux.
Je ris. Il l'avait dit si innocemment.
- Tu as raison.
Seulement quelques adolescents, qui devaient avoir abusés de l'alcool, titubaient devant nous, le reste de la foule étant parti relativement tôt à cause du bas âge de leurs enfants. Un des jeunes adultes venait juste de tomber sous les rires de ses camarades et sous le sourire de Vernon. On ne le voyait presque pas sous le ciel sombre. Lui, vêtu de noir comme toujours et comme la nuit.
- Seungkwan ?
Il affichait un rictus.
- Oui ?
- Tu veux bien arrêter de me contempler s'il te plaît, je sais que je suis beau hein-
Je ne le laissais pas finir sa phrase que je lui donnais un petit coup de poing dans l'épaule, ce qui le fit rire.
- Tu te lâches ce soir, lui fis-je remarquer
- Oui. J'ai décidé d'être naturel avec toi.
- Ça me fait plaisir, lui souriais-je
Ses lèvre s'étirèrent une énième fois sur son visage, illuminé par la lumière d'un lampadaire sur la route.
- Tu es naturel comme une verveine, Vernon la verveine.
Il prit un air offusqué et me donna une tape, que je lui rendis. Il me redonna une tape et ainsi de suite, jusqu'à finalement avoir la même attitude que les jeunes devant nous. Seuls nos rires ainsi que les discussions des adolescents s'élevaient dans la rue autrefois bondée.