Partie 17 || Tatiana

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4h40

Je venais de me réveiller d'un de mes nombreux cauchemars. Allongée sur mon lit les yeux rivés au plafond, je ruminais de sombres pensées quand une sonnerie particulière m'arracha de mes réflexions. C'était la sonnerie que j'avais attribué à Youssouf dans mon téléphone. Depuis notre rupture, je n'avais plus de nouvelles de lui, aussi sautai-je sur mon téléphone. Je le déverrouillai en vitesse.

Il m'avait envoyé un texte.

Il est 5h42 et tout ce dont j'ai envie c'est toi. J'ai envie de sentir ton corps chaud contre moi, même si j'ai chaud. Que tu promènes ta main dans ma barbe, que tu me caresses le torse avec tes ongles au point de me faire frémir, que tu me regardes dans les yeux et qu'on se comprenne sans se parler.

Il est 5h46 et tout ce dont j'ai envie c'est de plonger ma verge chaude et tendue en toi. Plaquer mes lèvres contre les tiennes dans un baiser suave et sensuel. Faire des va et vient incontrôlés jusqu'à ce que le plaisir atteigne le summum et que nous explosions ensemble.

Il est 5h50 et j'ai bien envie de me réveiller à tes côtés. Que ce visage dont je ne me lasse jamais soit la première chose que je verrai en ouvrant les yeux.

Il est 5h52 et je me rends compte que je suis profondément amoureux de toi.

Une douce chaleur se répandait dans mon ventre au fur et à mesure que je lisais son message. Cela faisait un moment que je n'avais plus ressenti cette chaleur. Je pensais ne plus jamais ressentir ce genre de choses.

Dans cet océan de noirceur et de dépression, je m'accrochais à tout ce que je pouvais trouver. Je saisissais chaque petite branche pour garder ma tête hors de l'eau. Youss était peut-être l'îlot sur lequel j'allais finir par échouer.

Je l'appelai tout de suite.

- Allô ? fit-il en décrochant. Tu es déjà réveillée ?

- Oui depuis un moment, répondis-je.

- Je voulais que tu lises à ton réveil.

- C'est ce que j'ai fait, répondis-je. C'est le message le plus sensuel qu'on m'ait jamais écrit, lui avouai-je.

Je l'entendis sourire à l'autre bout du fil.

- Je n'avais jamais écrit ce genre de messages auparavant, avoua-t-il à son tour. Depuis une semaine je me réveille avec une impression de vide. Comme s'il me manquait quelque chose. Je savais ce que c'était. C'était toi. Mais je voulais avoir du temps pour vraiment te parler, mettre les choses au clair. Il n'est pas question que je te laisse partir aussi facilement. Rien ne me garantit qu'on se retrouvera plus tard. Rien ne me dit que tu ne tomberas pas amoureuse d'un autre. Je n'ai pas de don de prémonition pour savoir comment ça finira entre nous. Ce dont je suis sûr par contre c'est que je t'aime et que je veux de toi toute ma vie. Alors je ferai ce qu'il faudra pour te garder à mes côtés.

J'eus un sourire triste.

Ce vide dont il parlait, je le ressentais aussi. En plus grand. C'était un grand gouffre que j'essayais de remplir avec tout et n'importe quoi.

- J'aurais aimé que tu me dises ces choses une semaine plus tôt, répondis-je d'une voix tremblante. Ça m'aurait sauvé la vie.

- Comment ça ? rétorqua-t-il. Tu t'es déjà mise avec un autre ?

- Si seulement ce n'était que ça...

- Veux-tu bien me dire ce qui se passe ?

Je détectai de l'inquiétude dans sa voix. Mais je ne pouvais pas lui dire. Je n'étais pas prête. Même s'il disait être profondément amoureux de moi, il pouvait me tourner le dos en apprenant ce qui s'est passé et ça je le vivrai très mal.

- Ce n'est rien qu'une petite dépression de rien du tout, répondis-je. Ne t'inquiète pas chérie.

- C'est ça qui te fait parler comme celle qui attend dans le couloir de la mort ?

Je ne vis plus, je survis, eus-je envie de répondre. Mais je n'en fis rien.

- Tu me connais bien, répondis-je à la place.

- Je suis là et je ne compte pas m'en aller. A moins que tu ne veuilles plus de moi, je veux être ton homme, aujourd'hui et pour le reste de nos vies. Je veux que tu sois celle qui portera mes enfants, celle avec qui je veux vieillir. Je ne veux ni te partager ni te perdre. Juste toi et moi, surmontant les obstacles et traversant les épreuves ensemble. Tu en dis quoi ?

- J'en dis que je veux et voudrai toujours de toi. Je traverse un moment assez compliqué et je voudrais bien t'en parler mais pas maintenant. Je ne me sens pas encore prête.

- Fais le quand tu te sentiras prête alors, répondit-il.

- Et je vais sûrement me montrer silencieuse et distante mais ce n'est pas contre toi chéri. C'est juste comme ça que je me sens ces derniers jours...

- Je comprends, répondit-il.

Il y eut un court moment de silence.

- Reste au téléphone avec moi s'il te plaît, le suppliai-je.

- Je ne compte pas te laisser.

- Par contre je risque de m'endormir. Je n'ai eu que deux ou trois heures de sommeil cette nuit.

- Je serai là quand même, répondit-il.

***

Lorsque j'ouvris à nouveau les yeux, il faisait déjà jour. Les rayons du soleil s'étaient déjà frayé un chemin à travers les rideaux de ma fenêtre pour inonder ma chambre. Je refermai les yeux et cherchai mon téléphone à tâtons. Je le portai à l'oreille pour vérifier si Youss était toujours en ligne comme il l'a promis.

- Chéri ?

- Oui, répondit-il.

- Désolée je viens de me réveiller, m'excusai-je. Tu aurais dû raccrocher dès que je me suis endormie.

- Pour manquer ton délicieux ronflement ? Jamais de la vie.

J'éclatai de rire. Si cette phrase sortait d'une autre bouche, j'aurais trouvé ça gênant. Mais venant de lui, ça avait quelque chose. Je baillai en faisant attention à ne pas faire de bruit.

- Chéri, j'ai un rendez-vous à 9h et il faudrait que je commence à me préparer si je ne veux pas être en retard, lui dis-je d'une voix endormie.

- Moi aussi je dois faire quelques courses, mon frigo est vide. Tu me fais signe quand tu auras fini.

- Promis, répondis-je.

Je raccrochai après lui avoir envoyé un baiser sonore.

Je me préparai et me rendis à mon rendez-vous à l'hôpital. Seule cette fois.

Le docteur Amela avait retrouvé tout son professionnalisme. Il ne fit aucun commentaire personnel avant de m'examiner. Il avait remis son armure et c'était tant mieux. Ce serait vraiment gênant voire assez déplacé de parler de sentiments alors qu'il s'apprêtait à examiner mon intimité.

Quand il eut fini, il me demanda de le suivre dans son bureau pour connaitre les résultats.

- Je deux nouvelles pour vous, commença-t-il. L'une est bonne et l'autre est plus ou moins bonne. Cela dépendra de vous.

Je fronçai les sourcils. Sa plus ou moins bonne nouvelle ne me disait rien qui vaille.

- Je me lance, fit-il. La bonne nouvelle est que vous n'avez rien de grave. Rien que quelques médicaments prescrits par mes soins ne sauraient réparer. Les dommages que vous ont causés ces brutes sont superficiels. Faut croire qu'ils ont de tous petits appareils, ce qu'ils compensent par...

Il s'interrompit en croisant mon regard noir.

- Désolé, j'essayais de détendre l'atmosphère pour ce qui va suivre, bredouilla-t-il.

- Poursuivez, répondis-je d'un ton glacial.

- La deuxième est que vous attendez un enfant, lâcha-t-il.

Je m'appelle TatianaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant