Partie 19

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« I know I'm alone on my way. That's why everyday I bend down and I pray. »

Mr Kuronnes

   Il n'avait pas compris que je lui parlais de moi-même. Que j'étais ce fameux ami en question.

   Dès qu'il disparut dans l'hôpital, je quittai le banc. Je marchai droit devant moi, traînant mon sac comme une enfant perdue traînerait son doudou. Bien que la distance soit longue de la clinique à la maison, je rentrai chez moi à pied histoire de me défouler.

    Une fois à la maison, je remplis ma baignoire et m'allongeai dans l'eau toute habillée. C'était mon endroit de prédilection pour me ressourcer, faire le point et prendre des décisions importantes. Et j'en avais une d'une importance capitale à prendre. Une qui allait sûrement chambouler toute ma vie et ce, quoi que je décide.

    Je repensai au conseil de mon père. Sur un coup de tête, je sortis de la baignoire, inondant toute la salle de bain par la même occasion. Mais c'était le cadet de mes soucis.

    Je me mis à genou, les mains jointes, les coudes posés sur le bord de la baignoire. Je restai dans cette position sans prononcer un seul mot pendant quelques secondes ? Quelques minutes ? Je l'ignorais.

- Seigneur, commençai-je. Depuis ma plus tendre enfance mon père m'a appris à Te prier, à Te faire part de mes soucis mais surtout à Te remercier pour toute Ta Grâce. Mais pour je ne sais quelle raison, j'ai arrêté de le faire. Si je ne t'ai plus jamais rien demandée depuis toutes ces années c'est parce que je sais que, Toi, mieux que quiconque, sais ce qu'il me faut. Et Tu l'as toujours fait d'ailleurs. Bien que je ne sois ni la plus pure, ni la plus fervente de tes enfants, tu ne m'as jamais tournée le dos. Tu as toujours été à mes côtés. Tu as toujours guidé chacun de mes pas, si bien qu'aujourd'hui me voici à nouveau devant toi, telle la brebis égarée que je suis. Tout ce dont j'ai besoin c'est d'un miracle ou même un signe de Ta part. Seigneur sors-moi de cette mauvaise passe...


     Je me tus à nouveau.

- Mais quoi que Tu décides à mon sujet, repris-je. Je l'accepterai. Merci pour tout.


     Je restai sur mes genoux jusqu'à ce que mon corps ne puisse plus tenir. Je me levai, les jambes tremblotantes. Je retirai mes vêtements trempés, les lavai et les mis à sécher. Avec une serpillière, j'épongeai l'eau dans la salle de bain. Je me douchai ensuite puis vins m'allonger sur mon lit.

    J'entendis la porte de ma chambre grincer. Je sursautai quand je vis la tête de Tavio passer par l’entrebâillement de la porte.

- Tu m'as fait peur, lui dis-je.


- Désolé, s'excusa-t-il. J'ai fait des omelettes et je voulais te demander si tu en voulais.


    Je voulus décliner son invitation mais mon ventre protesta par un sinistre grognement. Je n'avais rien avalé depuis la veille.

- Volontiers ! répondis-je en me levant.


     Je titubai avant de trouver mon équilibre. Je me sentais faible. Mais c'était normal puisque je ne me nourrissais quasiment plus et je dormais très peu à cause de mes cauchemars.

     Je rejoignis mon frère à la cuisine et mangeai autant que je pus. Quand je jugeai mon ventre assez rempli, je sortis m'affaisser devant la télé. Tavio vint s'asseoir à côté de moi.

- Ça va ? me demanda-t-il.


- Oui, répondis-je sans plus.


- Tu sembles épuisée et tu as les traits creusés, me fit-il remarquer.


- Je le suis. Toute cette histoire m'a épuisé et continuer de m'épuiser. J'ai besoin d'un break, loin de tout et de tous. J'ai besoin de me ressourcer.


     Il se déplaça. Il s'assit sur la table basse pour me faire face. Il prit mon visage entre ses deux mains.

- Il a tenté de te briser. Avec sa horde de chiens, ils ont tenté d'éteindre ces étoiles qui ont toujours brillé dans tes yeux. Ils ont essayé de te voler ce sourire qui éclaire plus d'un, moi le premier. Mais vas-tu les laisser faire ? Vas-tu juste te résigner et te morfondre ? Jusqu'à quand ?


- Oh que non ! répondis-je en détachant les mots. Je vais tellement leur pourrir la vie qu'ils me supplieront de les épargner. Mais je vais commencer par Dwight. C'est surtout lui que je veux atteindre. Mais là, ce dont j'ai le plus besoin, c'est de repos. J'ai besoin de faire le point. C'est sûr que je vais prendre ma revanche, mais et après ? Je devrais vivre seule avec le poids de ce qu'ils m'ont fait.


- Tu n'es pas seule, me rassura-t-il. Et tu ne seras jamais seule.


- On est tous seuls dans le fond. On a beau être entouré de gens qui tiennent à nous et qui se préoccupent de nous, on est toujours seul...


- Toi je sais ce qu'il te faut, fit-il en se levant. Habille-toi j'arrive.


    Il se rendit dans sa chambre.

    J'ignorais où il avait l'intention de m'emmener mais puisque j'avais confiance, je retournai me changer.

    Je choisis un crop top à rayures blanches et bleues avec épaules dénudées, un foulard rouge fleuri pour mon cou, un pantalon blanc et un minuscule sac en bandoulière pour mes effets. Pas de make up et tout le tralala. Ce n'était plus moi tout ça.

    Quand je fus prête, je rejoignis mon frère dans sa chambre.

    Comme s'il m'avait espionné pendant que je me préparais, lui aussi portait un pantalon blanc et une chemise à rayures blanches et bleues. J'étais sûre qu'il l'avait fait exprès puisque quand nous étions enfants, j'insistais pour que nous portons les mêmes choses mais il refusait. Sûrement qu'il l'avait fait pour me faire plaisir. Nous étions habillés comme des jumeaux pour une fois.

- On y va ? me demanda-t-il.


- Oui monsieur, répondis-je. Vous êtes très élégant monsieur Ajavon.


- Merci mademoiselle, répondit-il. C'est ma sœur jumelle qui m'a inspiré ce look. Vous devez la voir, elle rayonne pour la première fois depuis quelques jours.


    J'éclatai de rire. Un rire sincère.

- Attention je pourrais vous faire une crise de jalousie monsieur.


- Vous n'en aurez pas besoin puisque cette sœur jumelle n'est nulle autre que vous mademoiselle Ajavon.


    Il me fit un bisou sur le front et me prit la main. J'étais aux anges.

- Je ne te savais aussi galant, le taquinai-je.


- C'est l'un des inconvénients du fait que tu sois une fille, répondit-il, essayant de prendre un air sérieux. Si tu avais été un garçon je t'aurais montré quelques trucs.


- Et on serait probablement morts de faim tous les deux avant que tu n'aies le temps de me montrer, répliquai-je sur le même ton.


     Il se caressa le menton en regardant droit devant lui.

- Tu as tout à fait raison, finit-il par admettre.


     J'éclatai à nouveau de rire. Et cette fois, il se mit à rire aussi.

- Où m'emmenez-vous monsieur ?


- Vous verrez !

Je m'appelle TatianaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant