Chapitre 8

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  "- Tu penses que si j'appuie là, ça lui fait mal ?

- Mais arrêtes ! Roh... Marie-Anne tu arrêtes ça tout de suite ! Lâche-là !

- Maman, elle dort, elle sent rien.

- Je suis sûr qu'elle entend tout.

- Super, maintenant papa part dans des délires d'esprits...

- Vous êtes sûrs que Lee Roy peut pas entrer ?

- Chéri, on est dans un hôpital, donc non, les chiens n'ont pas le droit d'entrer.

- Eh, espèce de conne de rousse de mes -

- Antoinette ! Mais arrêtes ça tout de suite ! Comment ai-je pu faire des filles pareilles ?

- C'est ce que je me demandais aussi, après moi, il y a que des boulets. "

J'ouvrai péniblement les yeux et déclarai, la bouche pâteuse étirée en un fin sourire :

" - Je vous entends, vous savez.

- Ah ! Je le savais ! Isaac, tu me doit dix balles."

Mon frère sortit un billet rose de sa poche et le claqua dans la paume ouverte de mon père.

" - Excuse toi auprès de tes sœurs aussi, tu n'est pas mieux qu'elles, le sermonna ma mère.

- 'Scuse les moches.

- Isaac... tu es stupide, lâcha l'aînée, sa fille dans les bras.

- Oui, bon bref, les coupai-je, je peux savoir pourquoi vous êtes tous là ?

- Bah, de base, c'était juste papa et maman qui devaient venir mais on a légèrement insisté. L'accueil était pas d'accord au début mais on est un peu... envahissants, disons. Ils ont fini par nous laisser passer mais on a dû laisser le clebs à l'entrée.

- Tout seul ? Mais mon pauvre chien !

- Non, un vieil homme a proposé de le garder. Il en avait lui-même deux."

J'acquiesçai lentement et fermai à nouveau les paupières. J'avais besoin de repos. Je venais à peine de sortir d'anesthésie et, déjà, toute ma famille discutait. Je sais que ça partait d'une bonne intention mais ce n'était pas vraiment le moment. Je tendis mon bras et poussai le petit bouton d'appel. Rapidement, un infirmier entra dans la chambre de réveil et demanda à ma famille de sortir. Ils commencèrent par protester puis passèrent la porte un à un, mon père baissant la tête pour pouvoir passer. Une fois seule, je remerciai d'un hochement de tête mon infirmier sauveur puis la laissai tomber lourdement sur l'oreiller. Le sommeil me gagna vite mais ma petite sieste fût de courte durée. J'entendis vaguement toquer à la porte et grognai un "Entrez" inutile.

Je commence à croire que cet homme est mon infirmier attitré. Toujours lui, les tempes grisonnantes et des yeux d'un vert incroyable. Il tourna la tête dans ma direction et posa un plateau près de mon lit.

" - Vous préférez manger maintenant ou vous reposer encore un peu ? me demanda-t-il gentiment.

- Allez-y, installez votre plateau bizarre... Je vais nourrir mon grand corps et après je ferais une pause, répondis-je.

- Une pause ? sourit-il.

- Ouais, une pause de vie. Un trou noir. Un dodo, si vous préférez."

Il rit en secouant la tête. Moi même, je me suis fait sourire. Il remonta le dossier de mon lit et posa au dessus de moi un plateau à pieds blanc. Mon repas se constituait d'une superbe purée de pomme de terre, je suppose, et d'une espèce de morceau de poisson. Les deux d'un blanc un peu grisâtre. Heureusement, il y avait un petit yaourt aux fruits pour finir.

Je levai les yeux vers mon infirmier et le suppliai du regard.

" -  Ah non, mademoiselle, je n'irai pas vous chercher à manger.

- Mais s'il vous plaît ! Juste un petit gâteau du distributeur !

- Quel distributeur ? Il n'y a aucun distributeur dans ce couloir, tenta-t-il.

- Là, dis-je en pointant la vitre. Je le vois, il est juste devant ma porte. Il me nargue. "

Pour toute réponse, il s'assit sur le fauteuil en velours du coin de ma chambre. Je grommelai rapidement un nom d'oiseau et empoignai ma cuillère. Après m'être motivée de quelques phrases d'auto-encouragement, je me décidai à approcher la nourriture de ma bouche. Lentement, je mâchai le morceau de poisson qui n'avait, effectivement, aucun goût. De même pour la purée digne d'un repas de Susan Delfino.

Durant tout mon repas, je n'avais pas arrêté de marmonner et de me plaindre de l'hôpital et de ses infirmiers incompétents, ce qui fit sourire le mien.

Au moment où j'allais encore une fois lui demander s'il pouvait me donner quelque chose de comestible, mon regard tomba sur le magnifique yaourt aux fruits rouges. Je n'aimais pas les fruits rouges, mais je pense qu'en cette situation, je n'en n'avait plus rien à faire.

L'homme débarrassa mon plateau et me conseilla de me reposer encore un peu, ce que je fis sans rechigner.

Je passais quelques jours ainsi, à tenter de soudoyer mon infirmier qui s'obstinait, lui, à me faire avaler mes repas. Ma famille venait me rendre visite, mais par groupes cette fois ci. Ils n'avaient apparemment pas plu au service hospitalier et Lee Roy aurait attaqué l'un des chiens qui appartenaient au vieil homme qui le gardait. Ce charmant monsieur aurait dit à mon cousin que son chien était un taré.

Je souriai à cette évocation. J'allais rentrer, dans précisément quarante-deux minutes. 

OOOOK ON SE RETROUVE POUR MA PREMIÈRE NDA. En fait je tenais surtout à dire que ce chapitre est excessivement court, déjà qu'habituellement c'est pas la folie, alors là... Mais j'avoue que ce passage ne m'a pas beaucoup inspirée, il fallait que je passe cette sortie mais je ne me voyais pas enchaîner avec un élément de La Liste comme ça d'un coup, parce que trouver 200 mots sur un élément c'est pas pratique, surtout que je préfère avoir un oeil sur la Liste pour pouvoir choisir, et que sur téléphone c'est pas pratique, et que je suis une grosse flemmarde, et que je travaille dans mon petit cerveau un petit concept sympatoche, et que ça fait un peu beaucoup de "et que". Et que j'ai une musique dans la tête. Dusk till dawn en SingOff par Conor Maynard. Allez voir, c'est un ordre. En plus c'est cool.
Enfin, j'essaie de pondre un chapitre bientôt, parce que c'est vrai qu'un mois entre chaque chapitre c'est pas très sérieux.




Bérengère rime avec CancerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant