Six

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Mais Luca ne l'écoutait plus... Victor venait de passer le pas de la porte et son regard de glace avait déjà accroché le sien... A cet instant, Luca avait l'impression d'avoir été projeté en plein dans son rêve... Le blond était tout simplement magnifique et Luca ne put que se mordre les lèvres de désir...

Luca entendait bien des voix autour de lui, mais il ne les écoutait pas. Des flashs de son rêve passaient à toute vitesse dans sa tête. Il se voyait embrasser Victor, il s'entendait gémir son prénom, il sentait le contact douloureusement délicieux de leurs peaux qui se caressaient... Il cligna des yeux plusieurs fois pour chasser ses visions et tenta de reporter son attention sur Marc qui parlait toujours tout seul mais à ce moment, Victor passa près de lui. Ils s'effleurèrent et Luca sentit son corps se tendre imperceptiblement vers celui du blond, tandis que son parfum, le même que dans son rêve lui emplissait les narines. Il gémit doucement et déglutit. Mais à cet instant, Antoine lui posa une main sur le bras, ce qui le fit sursauter.

-Ca va Luca ? lui demanda son ami, inquiet. On dirait que tu as vu un fantôme...

C'est exactement ça, pensa Luca en suivant ses amis au salon. Légèrement déboussolé, il alla s'asseoir sur le canapé près de Maud mais une image de lui, allongé sur ce même canapé, le corps nu de Victor contre le sien s'imposa à lui. A cette vision, il sentit son visage s'enflammé et il se releva brusquement avant de s'asseoir dans un fauteuil à l'opposé du blond. Maud haussa un sourcil de surprise mais Luca n'y prit pas garde. Il fallait absolument qu'il pense à autre chose et ce n'était manifestement pas gagné. Ses amis avaient commencé à parler du spectacle de Noel mais Luca n'écoutait pas vraiment. Tout lui rappelait son rêve... Ce rêve si inexplicable et si délicieux. Le salon, le grand canapé, l'ambiance, sans parler du principal concerné, que Luca trouvait encore plus beau que la nuit dernière. A cette pensée il se gifla mentalement et attrapa un verre pour se donner contenance. Boire lui ferait peut-être oublier cette inexplicable situation aussi gênante qu'excitante.

La soirée avait commencé depuis une petite heure et Luca était toujours assit dans le même fauteuil, un verre d'il ne savait trop quoi à la main. Très stupidement, il avait évité le canapé qui ne lui rappelait que trop sa torride et au combien agréable nuit, même lorsqu'Alexandre lui avait proposé de se joindre à lui et à Tom. Un fauteuil c'est bien aussi après tout, pensa t-il en portant son verre à ses lèvres. Il était actuellement le seul idiot assit dans son coin, mais il s'en fichait. Il n'avait pas vraiment envie de faire la fête ce soir, son esprit étant bien trop embrumé par un certain blond aux yeux de glace. Luca avait l'impression de n'avoir fait que l'observer depuis une heure et non il n'avait aucun problème avec ça. Enfin sauf quand il se faisait cramer bien sûr –ce qui n'était arrivé que deux fois-. Il avait l'impression que son regard était sans cesse attiré vers le blond et il aurait été incapable de dire pourquoi. Mais après tout, Victor était plutôt beau à regarder... Plutôt totalement sexy et bandant tu veux dire, lui murmura une petite voix dans un recoin de sa tête. Et là Luca se dit qu'il devait vraiment avoir l'air con à rougir comme ça tout seul dans son fauteuil. Pour se changer les idées il balaya la salle du regard. Charles dansait avec Mia sa petite amie. La jeune fille ne faisait à proprement pas parler du groupe de la mdl mais elle était une amie proche et elle était toujours de bons conseils. Assis sur le canapé, Tom et Alexandre discutait, mais Luca avait l'impression qu'ils étaient encore plus proche que d'habitude, ce qui était peut-être juste le fruit de son imagination débordante. Maud et Chloé se déhanchait avec Marc et Léopold et vu leurs grands sourires, ils avaient tous l'air de bien s'amuser. Et appuyé contre la baie vitrée, juste en face de lui se tenait Victor et Antoine. Luca déglutit et but cul-sec la fin de son verre. Victor était décidemment partout... Le brun culpabilisait toujours pour leur bagarre –enfin plutôt la sienne puisque le blond n'avait pas levé la main sur lui- et une boule de tristesse et d'angoisse s'était formée dans sa gorge. Tristesse parce que ses incessantes disputes avec Victor l'épuisaient moralement et qu'il aurait voulu connaître le blond autrement que sous cet aspect là. Et puis il y avait ce rêve dont les images lui revenaient incessamment en mémoire. Il se voyait embrasser Victor avec une passion qu'il n'avait jamais eu avec Théa. Il se voyait se cambrer contre le corps parfaitement sculpté de son ami. Il s'entendait lui murmurer des mots d'amour et tout cela lui donnait envie de pleurer. Pas le rêve en lui-même mais cette immense différence entre cette haine qu'ils semblaient se vouer et cet amour et cette passion dévorante qui avaient l'air de les unir. Et angoisse parce qu'il avait peur que le blond ne lui pardonne pas. Parce qu'il avait peur qu'il l'ignore et que même si c'était dur à avouer, Luca aimait sa relation particulière avec Victor. Il aimait ses petites piques, quelques fois prononcées sur un ton doux. Il aimait quand le blond esquissait un sourire quand il faisait une blague ou quand il s'énervait pour rien. Il aimait voir ce visage si impassible s'éclairer ou s'assombrir pour lui. Et perdre tout ça... Luca ne le voulait pas... Il releva la tête et ses yeux croisèrent ceux de Victor. Celui ci est toujours avec Antoine et Luca ne parvint pas à plonger dans ses yeux comme il le faisait souvent. Le brun sentit les larmes lui monter aux yeux pour une raison inconnue et son premier réflexe fut de porter son verre à ses lèvres, pour noyer ses futures larmes dans l'alcool mais ce dernier était vide. Paniqué que quelqu'un puisse le voir comme ça, il posa son verre sur la table en verre avant de se lever le plus naturellement possible et de se diriger vers la porte d'entrée. Luca avait littéralement l'impression de se noyer dans toutes ses émotions et il avait besoin de respirer pour se calmer. Il descendit rapidement les marches du perron et fit quelques pas sur le côté de la maison. La nuit était tombée, emmenant avec elle sa fraicheur. Le brun frissonna et sortit de sa poche son paquet de cigarettes, avant de glisser la dernière barre de nicotine entre ses lèvres. Dès le bout enflammé, il tira violemment dessus. La fumée se répandit en lui et même s'il sentit son angoisse diminuer, ses larmes menaçaient toujours de couler. Ca faisait tellement longtemps qu'il ne s'était pas laissé aller comme ça...Luca renifla et passa une main dans ses mèches brunes. Il avait envie d'être quelques années en arrière, quand son père était encore vivant et que sa vie ne lui échappait pas totalement. A la pensée de son père, une larme chaude tomba de ses longs cils et roula sur sa joue froide.

L'art et la manière de devenir accroOù les histoires vivent. Découvrez maintenant