Lili : ou comment détruire tes rêves.

04- La fourmillière

"Léonard ! Mais bien sûr !"

Le jeune homme eût l'air soulagé de se voir reconnu. Ils discutèrent brièvement, de banalités et de choses inutiles bref, ces discussions gênantes que l'on a seulement avec les gens qu'on ne voit pas pendant des années.

"Alors comme ça t'es a Rockwell ? C'est super ça ! Grande ville, grands espaces, ça te change bien, continua le grand brun.
"Ouais, c'est pas mal." admet Aria
"Mais... pourquoi tu es revenue ?"

Aria détournait alors le regard, presque honteuse. Elle se sentait toujours stupide a dire qu'elle allait chez un psy a cause de cauchemars ; elle avait l'impression d'être une enfant qui avait encore besoin d'une veilleuse pour dormir.

"Je... je suis en vacance, mentit-elle, j'aimerais en profiter pour trouver un modèle de photographie."

Elle ne mentait cependant pas sur ce deuxième point. En effet, si Aria a émigré à Rockwell, c'était pour entrer une prestigieuses école de photographie, l'académie Helen Sky. Elle s'attendait a tomber sur des gens passionnés comme elle, mais, la réalité fut plus dur : l'académie étant très chère d'accès, beaucoup de bourgeois aisés envoyaient leurs enfant dans cette école, cédant aux caprices des enfant moisis, comme la gamine aux écureuils dans "Charlie et la chocolaterie".

Encore heureux, les professeurs étaient acceptables, quoi que souvent déprimés de devoir éduquer de jeunes demoiselles qui ne connaissent de la photographie les selfie qu'elles postent sur Insta-chépukoi.

Franchement ces jeunes, toujours a trouver des choses stupides a faire.

"Oh... d'accord..." dit lentement Léonard.

Aria ne se faisait pas d'idées : Léo n'a pas mordu à l'hameçon. Mais il n'est pas assez bête pour creuser la question ; si elle lui a mentit, il y a une raison.

Même si ça se fait pas de mentir.

Quelle faux-cul.

Pardon ?

...

M'en tenir au script ?

Ok ok, je ferme ma gueule.

"Oh il est déjà si tard ? J'aimerai rester Aria, mais je dois y aller. Bonne chance avec tes photos !"

Avec ceci, il disparut en courant. Pas vraiment de au revoir, pas de "bises"... c'est tellement froid et gênant... en mode "ouais j'ai un truc prévu, c'est pas si important mais comme j'ai rien d'autre a te dire bah je vais faire genre je suis pressé gné gné gné."

Aria resta un petit moment sans bouger, puis continua sa route, "vers nul part en particulier". Un chouette petit endroit super précis, a côté de "vers la bas" et "par ici". Si on continue au sud, on peu trouver un petit sentier, qui mène a "Pétaouschnock", pas très loin de "Chépaou". Mais si on continue très au Nord, on se retrouvera, indéniablement et sans aucun doute a tomber d'une falaise.

Mais notre amie Aria avait passé le joli sentier de "Pétaouschnock" et décida de se poser près de la rivière qui borde la sortie ouest du petit village. Il était assez difficile d'accès, étant donné qu'il était en contrebas, à environ une trentaine de mètres sous le niveau de la route. Cependant, si l'on connait les bons chemins, on peut trouver un escalier en pierre délabré, qui vacille entre les grands arbres qui peuplent la pente aiguë pour descendre au point d'eau.

Après une dizaine de minute de marche et de cassage de gueule, on arrive enfin a une baie recouverte de galets. Le paysage est magnifique, et en vaut la chandelle : le ciel clair se reflète parfaitement sur l'eau argentée de la rivière qui se découle un peu plus loin. Deux arches de pierre, si belles et immenses qu'il est difficile de croire qu'elle ne sont que le fruit de la nature, surplombent le chemin d'eau, a une dizaine de mètre du sol. Comme la rivière est très profonde dans cette zone la, c'est un endroit parfait pour faire un plongeon.