Chapitre 4

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Rose n'avait pas prévu que cela prendrait tant de temps. D'ordinaire, la brune rejoignait Djamila sur les coups de seize heures. Elles discutaient jusqu'à ce que la jeune femme ait à prendre le bus qui la ramènerait chez elle. Pourtant, Even l'avait retenue à tel point qu'elle n'avait pas eu l'occasion de faire quoi que soit d'autre que s'occuper de lui.

Pire, la jeune femme s'était rendue compte que le nouvel arrivant empruntait le même itinéraire de transport en commun qu'elle. En descendant à son terminus, elle avait été suivie par le brun. Abrités par le paravent de l'arrêt de bus de la pluie torrentielle qui s'était déchaînée aussi soudainement qu'une tombée de foudre. Profitant de l'averse, le jeune homme avait monopolisé son attention si bien qu'elle n'avait pas vu le temps passé ni que le firmament se teintait progressivement d'un noir d'encre dépourvu de tout nuage. Malgré sa réserve au début de la discussion, la jeune femme avait apprécié cette discussion. Even s'était montré agréable. Et, aucune blague – ne fusse-t-elle pas grivoise, s'était échappée de ses lèvres, à la grande surprise de Rose. Était-il le genre de personne à adopter différents comportements en fonction de son entourage et des lieux dans lesquels il se trouvait ?

– Tu n'es pas obligé de faire cela, dit la jeune fille une fois arrivée devant la porte de son domicile accompagnée par Even, qui avait insisté pour la ramener chez elle, prétextant qu'une jeune femme aussi belle ne devait pas traîner seule à la nuit tombée.

– Si, c'est de ma faute si tu es en retard, plaida le jeune éphèbe sentant que Rose, à ses côtés, était lasse d'argumentation, de conflits et une fulgurante envie de protection pris possession de son être.

– Si tu y tiens, souffla-t-elle en sonnant pour que l'on vienne lui ouvrit.

– J'arrive ! hurla sa sœur de l'autre côté de la porte.

Cependant, ce ne fut pas sa sœur qui lui ouvrit mais sa mère qui était dans une colère, à voir la veine qui explosait sur son front, noire.

– C'est à cette heure que tu rentres ? gronda sa mère, excédée.

– Bonsoir Madame Valentine, intervint l'adonis sans même laisser sa compagne répondre. Je m'appelle Even. Je suis venu m'excuser. Je suis le responsable du retard de Rose, s'excusa le jeune homme sur un ton qui se voulait doucereux. Je suis nouveau dans le lycée et, pour ma première journée – avec l'aide de Monsieur Roland – j'ai réquisitionné votre fille pour m'aider. Entre nos cours, les devoirs et moi – qui ne suis vraiment pas un cadeau, elle a eu fort à faire aujourd'hui. Je vous en prie, si vous tenez à punir quelqu'un je suis prêt à subir votre courroux à sa place, fit-t-il amende honorable.

Rose eut la surprise de voir le visage de sa figure maternelle se détendre au fur et à mesure du discours de son compagnon d'infortune. Ainsi, sa propre mère n'était pas insensible au charme d'Even ? Elle s'établit une note mentale à ce sujet. L'encombrant coéquipier pourrait devenir l'un de ses meilleurs atouts finalement.

Madame Valentine laissa échapper un grognement indistinct avant de tourner les talons sans piper le moindre mot. Elle semblait hésiter entre scepticisme et une certaine fierté. C'était la première fois que sa fille emmenait un garçon à la maison et il était incroyablement beau. Pourtant, elle l'avait l'intuition qu'il n'y avait rien entre eux.

– Tout va bien, traduit la fleur devant l'attitude sceptique de son collègue.

– Parfait, souffla l'athlète. Tu prends le bus demain matin ? demanda la rose au petit nouveau.

– Tous les jours, répondit-elle.

– Ecoute, je sais que nous avons commencé du mauvais pied mais j'aimerais avoir la chance de te connaître.

Bloody Attraction : SangsitiveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant