Elle se préparait à approfondir son apprentissage de la deuxième strophe après une courte pause quand elle entendit deux personnes se battre à l'épée. Elle se précipita à la fenêtre pour regarder. Elle aimait regarder son père combattre. Elle l'avait toujours trouvé doué quand au maniement de l'épée. Il avait la chevalerie dans le sang, c'était une certitude, autant pour les qualités requises que pour l'art du combat. Aujourd'hui, son père combattait contre un jeune homme qu'elle n'avait jamais vu auparavant. Il ne lui sembla pas q'il lui avait parlé d'une nouvelle tête. En même temps, fille et père ne se voyaient pas beaucoup en ce moment. C'était l'époque de la chasse et sa mère refusait catégoriquement qu'Eugénie accompagne son père. Même quand celui-ci promettait de bien faire attention à elle et qu'elle ne risquait rien. Et puis, Eugénie était souvent accaparée par sa mère qui lui faisait toujours apprendre des tas de poèmes ou lui faire lire différents ouvrages. Elles faisaient aussi d'autres choses ensemble, quoique en ce moment ce n'était plus trop le cas.
J'ai bien appris la première strophe et je peux très bien apprendre la seconde dans la soirée et la finir demain. Maman ne m'en voudra pas si je passe un peu de temps avec Papa. J'ai bien travaillé ! pensa la petite fille avec un sourire. Elle referma la fenêtre, descendit du rebord où elle s'était assise pour observer et se précipita dehors.
« Papa ! »
En entendant sa fille l'appeler, Eugêne se retourna avec un grand sourire et ouvrit ses bras pour étrindre sa fille prêt de lui. Il lui embrassa le front.
« Ta mère t'a laissé sortir ? » demanda-t-il un peu surpris mais toujours avec le sourire.
« Je suis sortie de moi-même mais j'ai bien travaillé. Maman sera contente de moi !
- Tu as les meilleures des filles, ma petite Eugénie » dit-il plein de douceur en l'embrassant de nouveau sur le front.
« Et toi le meilleur des papas !
- Eugénie !!
- C'est ta mère. Allez vas-y.
- Mais elle ne va pas vouloir que je ressorte » répondit-elle tristement en baissant les yeux sur l'herbe humide.
« Tu as dit que tu as bien travaillé. Il n'y a pas de raison, la rassura son père, et de toute manière j'ai une réunion d'affaire avec mes conseillers dans cinq minutes ! » Eugénie sourit. Elle rentra dans le manoir avec son père. Ils marchèrent un peu ensemble dans le long couloir puis leur chemin se séparèrent : Eugène prenait sur la gauche et Eugénie continuait tout droit.
Dès l'instant où elle lâcha la main de son père, une boule de nœuds se forma dans son ventre : et si sa mère était furieuse de l'avoir vue dehors sans sa permission ? Et si finalement elle ne connaissait pas assez le poème au gout de sa mère ? Si le doute venait à l'assaillir ? Ou, pire, le trou noir ?
Elle pénétra dans sa chambre à pas feutré. On aurait dit qu'elle aurait aimé comme une petite souris et aller se faufiler dans un trou pour ne pas que sa mère ne la remarque. Sa mère. Debout derrière la vitre de la fenêtre, le regard perdu dans le lointain. Eugénie ne dit rien un moment. Le fait que sa mère ne l'est pas remarquée la détendit. Elle appela sa mère mais elle ne répondait pas. Sa fille insista et elle finit par l'entendre et sursauter, comme arracher d'un songe trop intense.
« Maman, ça va ?
- Oui... oui... » souffla-t-elle d'une voix presque inaudible.
« Où étais-tu passé, Eugénie ?
- J'étais dehors avec... avec Papa.
- Tu connais ton poème ?
- Oui, le premier paragraphe par cœur.
- Strophe. Pour un poème c'est une strophe, Eugénie. Très bien. Viens t'asseoir, on va voir ça ensemble. »
La mère tira la chaise pour que sa fille puisse s'y asseoir et, elle, resta debout. Pas un mot sur Papa ? C'est bizarre...
Lors de sa récitation Eugénie avait eu un ou deux accros duent au stress et elle n'avait pas « joué » le poème. Habituellement sa mère le lui aurait fait remarquer en la reprenant comme l'autre jour mais aujourd'hui tout ce qu'elle dit ce fut :
« Très bien. Tu peux y aller. »
Etonnant.
« Maman, l'apostropha-t-elle sur le pas de la porte, j'aimerais bien que tu m'accompagnes sur la Grande Place demain. J'ai entendu dire qu'il y avait une fête.
- C'est encore ton père qui t'a dit ça ? » Marta ne montrait jamais ses émotions, de ce fait il était difficile de savoir si elle était en colère ou non.
Elle était devenue transparente au fil des années. Mais, en général, quand elle posait cette question, celle-ci s'avérait plutôt être rhétorique. Alors Eugénie baissa les yeux en l'entendant, s'attendant à ce que sa mère la réprimande comme elle le faisait souvent.
« Eugénie, rappelle-moi ce que dois toujours garder en tête une Duchesse ?
- Discipline, dignité, grâce et tenue.
- Alors explique-moi ce que tu fais là toute vouté.
- Je... Je... Pardon.
- Relève la tête et tiens toi droite. »
Eugénie lui obéit et des larmes coulèrent sur ses joues.
« Pourquoi pleures-tu ? » Eugénie fut étonnée en entendant cette question. Il lui semblait avoir perçu dans ka voix de sa mère, non pas du reproche mais de la surprise.
- Je... Tu... Tu n'aimes pas quand je te parle de Papa.
- Ne t'en fais pas. C'est un grand plaisir que je t'accompagnerai. » Pas de sourire sur le visage de Marta mais Eugénie fut déjà agréablement surpris de la réponse de sa mère.
Ca ne lui ressemblait pas vraiment, surtout à une date aussi proche du récital. Profitant de cette haubane si rare, elle poursuivit, un peu hésitante tout de même :
« Avec Papa ? »
Un silence suivit. Un silence qui paru long à Eugénie si bien qu'elle regretta vite sa question et s'en mordit les lèvres.
« Pourquoi pas. »
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Sombre Engrenage (Episode 2)
ParanormaalCE TOME PEUT ÊTRE LU INDÉPENDAMMENT DE L'ÉPISODE 1 (SABLIER ROSE) · Quand le passé rejoint le présent pour que renaisse un secret oublié depuis la nuit des temps · Marta est une jeune future duchesse pleine de vie, mais lorsqu'elle découvre que sa...