Chapitre 32

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Plus d'une semaine passa avant que j'ai des nouvelles de Mélissa. Je passais mon temps à ruminer, à me ronger les ongles, en essayant d'éloigner toutes pensées négatives de ma tête. Je devenais folle. Et si elle m'avait roulé dans la farine ? Et si elle avait tout raconté aux autres ? Elle était devenue mon seul espoir, ma seule chance de partir d'ici. 

Je n'avais toujours pas compris comment elle pouvait m'aider, mais si elle prétendait avoir un plan, j'étais derrière elle à 120%.

Depuis que j'avais croisé Mélissa, j'hibernais dans ma chambre d'hôtel miteuse. Heureusement que j'avais un minimum d'argent pour me la payer. Leur prix n'était pas excessif, vu la qualité de l'endroit. Mais encore quelques nuits et je n'arriverai plus à payer ça... Je ne me nourrissais plus que de cochonneries type sandwich bourré de mayonnaise. Donc quand je reçu ce fameux appel de Mélissa, qui me disait de la rejoindre dans l'après-midi, mon cœur fit un bond. 

Est-ce que j'allais enfin sortir de cette galère ? 

Malheureusement, mon excitation fut de courte durée, et je me retrouvais vite en boule sur le lit, à attendre le moment fatidique. Je me préparais psychologiquement à une déception, à une grosse déception. Je me passais les pires scénarios en tête, m'imaginant coincé aux Etats-Unis, ou pire : forcer de revenir chez les Robinson.

Mais rien ne pouvait prévoir ce qui allait réellement se passait ce jour-là.

******

Mélissa ne vint pas seule. Toujours armé de son éternelle extravagance, elle se pavanait fièrement, crop top en dentelle, mini-short et lunette de soleil dans les cheveux, au coté de Sara. 

Je palis instantanément et faillis m'enfuir en courant. Qu'est ce que Sara faisait ici ? Pourquoi lui en avait-elle parler ? Qui d'autre était au courant ? 

Dès que Sara m'aperçut, elle courut vers moi les bras grands ouverts. Moi, je ne savais plus comment réagir. A croire que j'étais devenu associable en quelques jours. Je lui rendis tout de même son étreinte, malgré mon sourire forcé. 

Mélissa me salua d'un regard, et je la remerciai intérieurement de ne s'en tenir qu'à ça.

-Ho Anna je suis tellement désolée de ce qu'il t'ai arrivé! J'étais folle d'inquiétude pour toi, et dès que Mélissa est venu m'en parler, ça n'a fait qu'empirer! J'avais envie de crier sur tous les toits que tu avais besoin d'aide, si tu savais, je n'en dormais même plus la nuit!

Je lui serrai brièvement la main pour la rassurer avant de me tourner vers ma prétendue sauveuse :

-A qui d'autre en as-tu parlé ? 

-Personne. 

Face à mon regard d'incompréhension, elle ajouta :

-Ecoute, je sais que tu voulais que personne ne sache, mais j'avais besoin de Sara. Elle était la seule qui pouvait m'aider dans tout ce merdier. 

-Comment ça ? Qu'est ce que vous avez fait ? demandai-je, le regard passant de l'une à l'autre.

Une boule de stresse se forma dans mon estomac. Je m'attendais clairement à tout et n'importe quoi. 

-Avec Sara, on a décidé de demander une avance sur notre salaire à Mme Robinson, prétextant qu'on souhaitait aller à un concert avec pass VIP avant la fin de notre séjour ici. Elle a trouvé ça bizarre qu'on fasse ça sans toi, mais on lui a assuré qu'on avait essayé par tous les moments sans succès de te joindre, et qu'on te prendrait une place quand même au cas où, commença Mélissa d'un air décontracté.

-Elle a d'ailleurs été très touché par notre geste! l'interrompit Sara avec une pointe d'excitation dans la voix.

-Oui, enfin, oublie que c'est fictif cette histoire de concert hein! Bref, avec l'avance que nous a accordé Mme Robinson et les économies qu'on avait déjà de coté, on avait, à nous deux, largement assez pour... Pour te payer un billet d'avion. 

Au premier abord, je crus avoir mal entendu. Je demandai donc de répéter ça, ce que Sara se fit une joie de faire. En second lieu, je titubais un peu en arrière, le visage figeait dans un "Oh" silencieux. Puis, finalement, j'écarquillais les yeux, comme lorsque j'étais en cours et que je me forçais à rester éveillé. Est-ce que j'avais réellement bien compris ? Est-ce que ces deux filles, que je connaissais depuis un peu plus d'un mois, allait réellement me renvoyer chez moi? 

-Allez ma fille, va chercher ta valise, tu rentres en Belgique !! s'exclama Sara en me sautant dans les bras. 

-Mais, mais... Comment ? Je ne peux pas accepter que vous dépensiez autant, c'est de l'argent pour lequel vous avez travaillé en plus...

-Tu veux rentrer chez toi non? Nous, on ne veut pas que tu restes ici après ce qui s'est passé. Je sais que c'est bizarre pour toi d'entendre ça venant de moi, mais à ta place, j'aurai aussi aimé avoir l'aide de n'importe qui. Alors, si je peux t'aider à faire un trait sur cet horrible aventure, c'est avec plaisir que je le ferai, m'avoue Mélissa, un petit sourire bienveillant aux lèvres. 

Des larmes de joies inondèrent brutalement mon visage. Je serrai d'avantage Sara contre moi, qui ne cessait de me dire à quel point j'allais lui manquer, à quel point elle était désolée pour moi aussi. 

Je m'avançai ensuite vers Mélissa, qui s'écarta légèrement avec un revers de la main :

-Bon, n'abuses pas non plus, on en est pas encore au stade de l'amitié. 

J'éclatai de rire à travers mes larmes et, pour la première fois depuis des jours, j'oubliais la cause de mon malheur. Cet instant déterminait le début de ma guérison. 

-Et si on allait chercher ta valise ? proposa Sara.

-Maintenant ? 

-Bah oui, tu peux encore avoir un avion je pense ! D'ailleurs, préviens ta mère que tu rentres ! Je suis sure qu'elle sera folle de joie de te revoir! Ma mère me manque tellement aussi! Oh, mais n'oublies pas de la rassurer hein !! Elle risque de s'inquiéter de te voir rentrer si tôt... Dis lui que tu lui raconteras tout en rentrant ! 

-Sara, c'est bon, elle gère, la coupa Mélissa avec une voix autoritaire. 

Avec un petit rire commun, on se mit en route en direction de mon hôtel, afin de récupérer toutes mes affaires. Vu que je ne voulais pas leur faire payer un taxi sans etre sur de pouvoir encore décoller ce soir, on finit par se regrouper autour du téléphone de Sara pour regarder les vols encore prévu. 

Et, par chance, il y avait encore de la place sur un vol à destination de Bruxelles qui partirai en début de soirée. 

J'allais enfin rentrer chez moi. 

IdylleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant