Prologue

759 109 119
                                    

-Anna! ANNA! crie ma mère.

Je me retourne, valise à la main, pour la voir se frayer un chemin à travers la foule. Son visage paniqué arrive à ma hauteur tandis que je hausse les sourcils en signe d'incompréhension. 

Elle tenait une petite boîte à la main, que je reconnu comme étant un tupperware.

-Tu as oublié ton encas! se justifie-t-elle, la respiration haletante.

Ma mère était une femme assez petite et menue, et correspond totalement au genre de femme à qui on a envie de faire des câlins sans raison. Elle possède de magnifiques cheveux châtains courts bouclés dont j'avais hérité la beauté mais en version rousse. Personne ne sait d'où me vient cette couleur, étant donnée que je suis la seule rouquine de la famille. Et pour finir, ses yeux, d'un bleu azur, étaient le reflet des miens. Le miroir reflétant parfaitement notre lien de parenté, et notre complicité. 

Depuis mon enfance, voire ma naissance, tout notre entourage n'a jamais cessé de répéter "Eh bien, tu es bien le portrait de ta mère toi!". Je dois avouer qu'à force d'avoir entendu cette phrase, c'était devenu comme une sorte de fierté. Quiconque ose me dire le contraire attire mes foudres.

-Ho et tu as bien ta crème solaire hein ? Tu ne l'as pas oublié ? Je ne veux pas que tu reviennes avec un cancer de la peau. 

Je lève les yeux au ciel face à cet excès d'inquiétude. Ma peau n'a jamais été une source de complexe pour moi contrairement à d'autre, malgré mon extrême pâleur. 

-Non. 

-Bien, dit-elle en me tendant mon repas.

-Merci maman, réponds-je en lui souriant.

Mes longs cheveux roux me tombent sur le visage alors que je penche la tête pour ranger le tupperware dans mon sac à main.

-Mais il faut que j'y aille si je ne veux pas rater l'embarquement. Je t'appellerai via les réseaux sociaux dès que je serai installé n'oublies pas d'accord ? m'inquiété-je en cherchant confirmation dans son regard.

Elle me prend dans ses bras une dernière fois, très fort, et me chuchote à l'oreille :

-N'oublies pas que tout cela, c'est pour nous. Je ne te remercierai jamais assez pour ça.

Je la serrais plus fort contre moi en guise de réponse avant de lui adressais un dernier signe. Je sais que je dois garder en tête que ce n'est pas pour le plaisir, mais pour le devoir. Si je pars, c'est pour aider ma mère à nous sortir de cette situation presque précaire. C'est donc la tête haute que je pars en direction des portiques de sécurité, non sans me mordre les lèvres afin de ravaler mes larmes.

L'aéroport de Bruxelles me sembla soudain immense. Même si en réalité, il était déjà très grand.

Je dépose ma grande valise et mon sac afin de passer le portique, et fus accueillis par le visage sans émotion du vigile.

Il ne répond même pas au sourire gentil que je lui adresse, si bien que je continue me route en baissant le regard. Vive l'amabilité. 

11h48. Mon avion doit partir dans 30 minutes, ce qui me laisse tout juste le temps de déposer mes bagages et d'embarquer. 

Je m'apprête à me mettre en route vers ma porte d'embarcation lorsque mon portable vibre dans ma poche, où m'attends un message d'une amie proche:

Cassie: Prends soin de toi aux USA!! Et reviens nous en 1 seul morceau... enfin, si tu décides de revenir! C'est tellement bien la-bas qu'à ta place je ne reviendrais pas! Haha allez bon voyage!!

Je ris comme une idiote devant mon écran. Cassie est ce qui se rapproche le plus d'une meilleure amie. A force d'avoir énormément déménagé, j'avais cessé d'espérer garder contact avec mes anciennes meilleures amies, et avais donc décidé de me contenter de simple amies. 

Cela fait maintenant 3 ans que j'habite en Belgique, et 3 ans que je côtoie la même bande de filles, ce qui je l'avoue, est plutôt agréable. Cassie est celle dont je me sens le plus proche et qui a toujours su être la pour moi autant que je le suis pour elle.

Nos projets pour cet été tombèrent à l'eau lorsque je dus lui annoncer mon boulot de 6 semaines en Californie en tant que fille au pair... dans une famille riche. Très riche. Une famille surement cliché, surement snob ou je ne sais quoi d'autre, mais avec ma mère, on ne pouvait pas laisser cette occasion unique passer, c'est pourquoi on a envoyé ma candidature sans réfléchir. Je ne me souviens même plus comment on est tombé sur cette annonce. Un hasard (et une chance) énorme!

De plus, je me débrouille plutôt bien en anglais et je rêve depuis toujours de passer un séjour là-bas afin de m'exercer à volonté. Voilà qui était réglé. 

Perdue dans mes pensées, je sursaute à cause de la voix féminine du microphone qui annonce l'embarquement de mon vol et prise de panique à l'idée de le rater, je me dirige donc à grande vitesse vers l'endroit indiqué, papiers requis en main.

L'hôtesse prends mon passeport ainsi que mon billet, qu'elle me rend aussitôt avec un grand sourire:

-Bon vol.

J'hoche la tête pour la remercier.

Bien plus aimable que l'autre bulldog. 

J'entre finalement dans le long couloir qui débouche face à l'avion. 

Face à mon futur. 

IdylleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant