34. Révélations

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Louis et moi sortons du commissariat. Je me tiens à distance de lui. La tension entre nous deux est palpable. Je ne le regarde pas, je ne veux pas le regarder, je n'y arrive simplement pas. Mes idées sont confuses, ce n'est pas très clair dans ma tête. J'ai mal dans la poitrine et mon ventre me fait terriblement mal. Je ne sais pas comment gérer cette situation, je suis totalement dépassé par les événements qui sont en train de se produire. Je sais que nous allons devoir en parler, c'est évident, mais j'ai encore du mal à m'y faire. Je n'arrive pas à croire que ce sont les parents de Louis qui m'ont renversés. J'ai tellement de questions qui traversent et m'oppressent le cerveau. Il me faut des réponses mais est-ce que j'ai vraiment envie d'entendre la vérité ? Je pense que j'en ai besoin, mais le mal que cela va me procurer sera peut-être trop difficile à soutenir.
À côté de moi j'aperçois du coin de l'œil Louis, la tête tourné vers le sol, sûrement en train de penser à tout ce qu'on vient de voir, à ce qu'on vient de comprendre. Il doit se sentir mal et coupable de l'acte que ses parents ont commis. Et je ressentirai la même chose que lui à ce moment-même : la culpabilité. Je serai plus que rongée par elle. Elle envahirait mon esprit jour et nuit. Je suis même sûr que j'en ferai des cauchemars. C'est indéniable.

- On peut en parler ? Me demande Louis.

À vrai dire je n'en sais absolument rien. J'ai besoin de mettre tous ces éléments en ordre dans ma tête. Cette histoire est encore fraîche alors j'ai peur de m'emballer et de m'engueuler avec lui qui n'y est pour rien malheureusement. 

- Ok.

Je suis froid et distant avec lui, je pense que ça ne doit pas l'étonner tant que cela vu les circonstances de la situation. Je me sens tendue et crispée, comme lorsque c'est l'hiver, qu'il fait très froid et qu'il y a du vent. J'ai l'impression que j'ai ou que je suis en train de faire quelque chose de mal alors que je ne suis le responsable de rien pour tout ce qui a pu se passer.
Je n'aime pas me comporter de cette façon envers Louis, je l'aime tellement fort que me tenir si loin de lui en étant si près physiquement est dur. Parce que j'aurai aimé que ce rendez-vous au commissariat se passe autrement. Voilà comment j'aurai aimé qu'il soit : je découvre l'identité de la personne qui m'a renversé, qu'elle soit totalement inconnu à Louis et moi, qu'on soit sorti tous les deux soulagés de savoir et que suite à ça on aurait été boire quelque chose comme un café par exemple. Mais non, rien ne se passe comme prévu, c'est évident, à part le fait que nous allons nous installer dans un café pour en parler.
Louis s'installe en face de moi sur cette petite table ronde en hauteur. Un serveur vient prendre notre commande. Je ne prend rien, impossible d'avaler quoi que ce soit, ma gorge me serre beaucoup trop. Louis, lui, prend un chocolat chaud. Aucun de nous deux ne parle. Je ne sais pas par où commencer alors je le laisse entamer la conversation même si ça doit être la même chose de son côté. J'ai des flash des différentes choses qui ont pu se passer : le jogging avec Louis, l'accident, mon coma, mon réveil, la plainte déposée au commissariat puis la révélation de ceux qui m'ont renversés.

- Je suis désolé Harry.

Je lève la tête vers lui, voulant le regarder droit dans les yeux mais son visage est tourné vers la table. Je ne sais pas quoi lui répondre, aucun mot ne me vient à l'esprit, seulement des questions.

- Tu le savais que c'était eux ?

Il relève le visage vers moi, les yeux remplis de larmes, un air coupable collé au visage. Et c'est avec cet air que je comprend que oui, il savait. Je sais comment interpréter son soulagement lorsqu'on ne pouvait pas reconnaître ses parents lors de la première photo et comment interpréter la façon dont il s'est tendu quand la photo était zoomé et nette.

- Pourquoi tu ne m'as rien dit !

Je commence à m'énerver ce qui est rare, mais quand ça m'arrive je peux devenir incontrôlable. Une fois je me suis mis à casser tout ce que je trouvais, assiettes, verres et autres. Quand je commence c'est très dur de m'arrêter si je n'en ai pas envie, alors il a plus qu'intérêt à ne pas me faire languir sur les multiples questions qu'il s'apprête à recevoir.

- Comment tu as su.

Il se mord la lèvre. Je prend une grande inspiration.

- Quand je suis rentrée chez moi et que j'ai raconté l'accident à mes parents, ils ont fait une tête bizarre et j'ai compris. Puis ils m'ont expliqué.

J'avale ma salive. La nouvelle a beaucoup de mal à passer. Je vais mettre du temps à le digérer si un jour je daigne la digérer. Je me met à mordre mes joues pour ne pas que ma colère prenne le dessus.

- Ensuite.

- Comment ça ?

- Il y a autre chose. Ça se voit sur ton visage. Je te connais plus que tes putain de propre parents.

Il se met à fondre en larmes. Elles n'arrêtent pas de rouler sur son visage, elles coulent en flot. Il se passe bien trois minutes sans qu'il ne s'arrête de pleurer abondamment. Puis je lui fais comprendre du regard qu'il est temps qu'il m'explique.

- C'est...

- C'était quoi bordel de merde !

Mon poing claque sur la table. Je veux savoir et je le saurai. Et tant pis si tout le café se retourne vers nous. Je n'en ai absolument rien à foutre. Qu'ils nous regardent tant que ça leur fait un bon spectacle, tant mieux pour eux.

- C'était v-volontaire...

Il se remet à pleurer encore plus fort. Ma respiration s'accélère si fort que je vais finir par hyper ventiler.

- Quand ils ont su pour nous deux, ils ont essayé de nous faire rompre et comme cela n'a pas fonctionné, ils en sont venu à faire tout ça...

Ç'en est trop pour moi. Je me lève et sors du café en furie. Je vais rentrer à pied, ça va me faire du bien, ça va me calmer et je pourrai reprendre mes esprits.

« Je l'ai perdu pour de bon. » -L.

Reasons Why I'm Better / LS / TerminéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant