3.2 Doute

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Personne n'a fermé l'œil de la nuit. Nous avons tous d'une certaine façon veillé les uns sur les autres, comme nous avons chacun affronté notre désarroi avec solitude.

Nuit agitée par la douleur et si calme par le silence assourdissant. L'atmosphère est lourde, pesante. Alysson s'occupe de Kamil les larmes ruisselant le long des joues. Connor et Hadriel se sont chargés de transporter le corps de Harri en dehors de la salle commune.

Tous les autres, nous attendons assis les uns contre les autres pendant des heures, sans vraiment savoir ce que nous attendons.

Un miracle, la fin d'un cauchemar, tout ce qui pourrait nous ramener au moment où Harri était encore parmi nous.

Les plus petits se sont endormis, les plus forts gardent une expression neutre et figée et les plus sensibles étouffent leurs sanglots dans leurs mains.

J'assiste impuissante aux conséquences d'une désastreuse tragédie qui va certainement tout changer, pour moi comme pour la meute.

Harri a été tué par la meute de Randors c'est évident. S'ils ont réussi avec une telle facilité, c'est qu'ils ne feront qu'une bouchée de nous lorsque les assauts commenceront. Ce sera un véritable massacre, une boucherie, un bain de sang.

Mes pouvoirs de guérisons ne pourront pas nous aider face à une telle menace.

En fait si. Il existe un moyen de me rendre utile et de sauver ma meute. Il me semble qu'il s'agit de l'unique choix restant mais il pourrait bien tous nous sauver.

Je peux protéger ma meute en acceptant la proposition d'Adès.

Je m'affale au sol et ferme les yeux. Je suis épuisée mais le choc, mes pensées quant à l'avenir de la meute m'empêchent de fermer l'oeil.

J'entends quelqu'un se rapprocher et découvre Jear qui se blotti contre moi. Ses épaules si larges d'habitudes sont affaissées et ses traits si dur ordinairement sont baignés de larmes.

- Est ce que tu dors Léonie ?

Je secoue la tête et me redresse. Nous restons tous deux assis contre le mur.

- Une meute affaiblie, ce n'est pas bon signe. Nous savons tous que Harri est le premier d'une longue liste.

Les paroles de Jear représentent bien mes pensées actuelles. Comment survivre lorsqu'on est terracé par l'angoisse et le deuil ?

- Il faut être fort, je réponds. On trouvera une solution.

Je répète ces quelques mots, plus pour me convaincre moi même que pour persuader Jear.

Serré l'un contre l'autre, nous finissons par trouver sommeil.

~

Maman n'est toujours pas venue me chercher. Je veux rentrer. Le monsieur veut bien que j'aille jouer avec les autres que si je réponds à ses questions.

- Parles moi de ta vie ma petite.

Je le regarde. Il est très grand. Il a des cheveux noir et des habits noirs. Quand il ne sourit pas il me fait un peu peur.

- Est ce que tu as un don particulier ?

Toujours la même question qu'il répète depuis quelques jours, mais maman ne veut pas que j'y réponde.

- Non, je dis.

- Tu es sûre ? Si tu ne me dis pas la vérité, tu n'iras pas dans le parc aujourd'hui.

J'ai envie de pleurer. Le monsieur m'avait promi que je pourrais sortir, mais il ne me laisse pas. Je ne peux pas lui dire la vérité, sinon maman va être fâchée contre moi. Mais je ne veux pas rester enfermée. Il faut que le monsieur comprenne.

Revanche lycanthropeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant