Chapitre 3

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Épileptiques s'abstenir ; chapitre très fort en émotions, choquant pour les gens bons.

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- Claudo, Claudo ! J'ai zigouillé quelqu'un !

Agathe et moi on frappe désespérement à la porte de la maison de ma voisine ; pas de réponse. Je commence à pleurer. Je suis paralysée à l'idée que la police me trouve. Nous contournons la maison en courant, et à l'arrière, oh merci mon dieu, la fenêtre de la salle de bain est grande ouverte.

Avec l'aide de mon amie, je grimpe tant bien que mal à la gouttière pour m'introduire chez Claudine. Je me sens comme une grande évadée. Agathe me demande de l'aide pour entrer à son tour, mais mon coeur bat trop vite. Mon instinct me dit que les gendarmes vont arriver ; je la laisse seule malgré le danger et verrouille la fenêtre. Mais pourquoi tape-t-elle contre la vitre ? C'est le meilleur moyen de nous faire remarquer.
Il faut qu'elle aie se cacher dans les buissons.

J'entends un bruit suspect dans la maison ; paniquée, je cours me réfugier sous la table de la cuisine. Il n'y a pas de nappe ; tout le monde peux me voir. J'ai un éclair de génie, je me recroqueville derrière la chaise. Malheureusement, j'entends des sons lugubres qui commencent à s'échapper de la cave. Je vais m'évanouir.

Je sais que les vampires ne peuvent pas me voir à travers une chaise, mais j'ai peur que ce soit un fantôme. Il pourrait la traverser.

Un cri inhumain, qui me donne des frissons dans les pieds surgit des entrailles de la terre. Quelle horreur ! Je me vois déjà combattre un cannibale. Ou un scarabée géant.

C'est à ce moment-là que je reconnais les cordes vocales de Claudo ; tout s'éclaire. Si le cri ne me semblait pas être celui d'un homme, c'est parce que Claudo est une femme.
Suite à ce débat important en mon fort intérieur, je comprends une chose capitale ; on ne crie que lorsqu'on est en danger. Claudine a besoin de moi.

Je sais qu'il vaut prévenir que guérir, et les esprits sont maléfiques, il faut que je sois protégée. Anxieuse, je remarque pourtant le bocal de confiture sur la commode. On m'a dit que les âmes ténébreuses se faufilaient dans le cerveau par les oreilles, puis prenaient possession des corps. En conséquence, je me verse de la confiture sur la tête pour que les esprits restent englués. Haha ! Que je suis maligne !

Je saisi deux gousses d'ail et me les mets dans les narines ; on n'est jamais trop prudent. Je me sens puissante, parce que même les vampires ne peuvent plus m'atteindre.
Armée d'un balai je descends dans la cave à quatre pattes.

L'ambiance est étrange, et les yeux des araignées brillent de fierté en me voyant passer.  C'est une renaissance pour moi, je sens le courage m'envahir. Ne suis-pas un exemple d'héroïne modèle ? Poursuivie par la police et combattant d'horribles forces plus dangereuses les unes que les autres.

Je prends une grande inspiration, me relève, lance un hurlement de guerre et défonce la porte. Elle ne s'ouvre pas ; j'ai un plan B, j'abaisse la poignée.

Le spectacle de l'autre côté de la porte me laisse interdit. Claudo git emmêlée sur le sol, comme possédée. Mince, j'arrive trop tard ! Je cours jusqu'au centre de la pièce, et en quelques fractions de secondes, j'agis.

J'aspire l'esprit qui s'est insinué en elle en collant ma bouche sur son oreille, et en soufflant très fort. Claudine crie, je crois que ça commence à marcher. La confiture goutte sur son visage. Elle lutte avec son démon intérieur, lorsque je remarque qu'en fait je mords ses écouteurs.

J'ai lu autrefois dans mes bouquins de magie, que les esprits ne sont pas plus grands qu'une noix, c'est pour cela que je me repositionne à quatre patte, pour les dominer.

Une des gousses d'ail s'échappe de mon nez, horreur ! Pendant que je la remets en place, Claudine se lève et commence à m'insulter. J'espère qu'elle ne fera pas de crise de folie.

J'aperçois devant moi un écran d'ordinateur, sur lequel est projeté une page youtube. Faire du Yoga en 50 minutes - la position du bateau-mouche. Oh.

Je me rends compte de ma terrible erreur ; l'ordinateur est possédé et non pas Claudine. Je m'excuse auprès d'elle, en larmes. À vrai dire, Claudo me regarde un peu bizarrement, à mon avis, elle ne se rend pas compte de la situation. Les dernières minutes ont été éprouvantes.

Claudine reprend enfin la parole ;

- Est-ce ma confiture qui coule le long de tes cheveux ? Je sens une odeur de framboise.

Elle me parle de sa confiture alors que j'ai tout mis en oeuvre pour sauver sa vie ? Quelle triste personnalité égoïste ; déjà qu'elle m'avait volé une fleur il y a dix ans...

Elle me demande d'aller discuter dans la cuisine. Je la suis à quatre pattes, parce que les bonnes habitudes ne doivent pas se perdre.

Arrivés dans la cuisine, Claudine use d'une cuillère pour enlever le superflu de framboises et le remettre dans le bocal. Elle y tient vraiment, quelle bizarre fille. Je lui propose de remettre les gousses d'ail dans leur emballage, et m'excuses platement.

Personne ne comprend ma souffrance ici. Claudine tente de ne pas rire à chaque fois qu'elle croise mon regard ; en vain. Je lui raconte finalement le début de l'histoire ; l'assassinat. Tout d'abord, elle est choquée.

Je lui ai dit que j'ai tué Hans-Fritz. Quand je lui annonce malgré ma honte qu'il s'agissait du homard dont elle m'avait fait cadeau, elle éclate de rire. Quelle insolence !

Je comprends au fil de la conversation, que les homards se mangent, et que j'aurais du le mettre dans de l'eau pour le bouillir ; non pas pour qu'il nage. Quel soulagement. Tout s'éclaire.

Malheureusement, Agathe, elle, n'est pas au courant. Il faut que je la trouve ! Je me précipite à l'arrière de la maison.

Je la vois assise sur le sol, son mascara a coulé. Elle creuse comme un chien, ses ongles se cassant.

- BORDEL ! Mais qu'est-ce que tu fais ?

Les yeux embués par les larmes, très sérieuse, elle me répond ;

-Nous nous enfuirons en Australie, je creuse le tunnel. Personne ne m'a vue, rassures-toi.

Le rêve de toute une vie - ParodieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant