L'élan de la victoire vous échauffe. Vous regardez vos ennemis : ils commencent à reculer et votre armée prend le dessus. L'assaut final est proche. Vous attendez encore un peu. Vous tenez à savourer chaque moment de votre victoire et à pouvoir vaincre l'ennemi de manière écrasante. Les bannières d'argent de votre pays flottent dans le vent, en direction du champ de bataille. C'est comme une promesse : celle que votre armée vaincra enfin après dix ans de guerre. Qui plus est sous votre commandement ! Gonflé d'espoir et d'orgueil, vous criez :
" Soldats ! Aujourd'hui sera le dernier ! Vous, hommes et femmes, qui avez combattus à nos côtés pendant près de dix ans, nous allons enfin en finir ! La vie nous a maintenue en son sein pour qu'après cela, vous puissiez avoir une vie de paix et d'abondance ! Soldat, pour la paix....à l'assaut !!"
Les vivas de votre armées enflamment la bataille et une horde de cavaliers et de fantassins se met à courir en hurlant vers l'armée ennemie. Le choc fut violent. Les lances se fracassent entre elles, les épées se cognent contre les armures et les chevaux se cabrent en hénissant. Votre armée n'a aucune pitié. Les morts jonchent le sol détrempé de sang. Vous vous dites que le moment est venu d'intervenir.
Vous êtes le/la meilleur(e) chevalier/ère du royaume. Sa majesté même vous respecte et vous lui avez juré alégeance. Vous êtes le/la général(e) en chef et votre force au combat est inégalable. Vous vous apprêtez à galoper avec votre second quand un cri de joie s'éleva du côté adverse : une pluie de flèche massacrait vos troupes. Vous regardez avec horreur la centaine d'archers déployés derrière les fragiles palissades ennemies quand il vous vint une idée. Derrière les archers se trouve une profonde crevasse. Tout d'abord vous trouvez l'ennemi idiot de s'être mit là. Vous hurlez à vous arracher les cordes vocales :"Soldats, boucliers en l'air ! Formation tortues ! Foncez sur les archers !"
Vous vous tournez vers votre ami.
"Il faut que tu prenne le commandement de l'opération. Je dois aider les soldats hors de la tortue. Je peux te faire confiance.
- Je réussirai, je te le promet."
Vous vous enlacez brièvement pour vous souhaiter bonne chance. Il talonne son cheval et fonça au niveau de la formation. A votre tour, vous sortez votre épée et vous vous élancez vers l'ennemi.
Vous galopez aussi vite que vous le pouvez mais contrairement à ce que vous aviez dit à votre second, vous ne partez pas avec les soldats mais vous partez à bride abbatue à l'opposé. "On dirait que le détour sera long" pensez vous. Toujours en galopant, vous passez à gauche du champ de bataille en vous éloignant le plus possible des armées. Pas question de se faire voir maintenant.
Vous apercevez les tranchées des archers. Vous ralentissez avant de descendre de cheval et vous cachez votre monture derrière des buissons. Vous vous accroupissez au niveau des fourrés et avancez tout doucement sans aucun bruit. La tension est palpable. La moindre erreur et vous êtes mort. Vous avez maintenant une bonne vue d'ensemble sur la tranchée. Il n'y a que des archers et ils sont moins d'une cinquantaine finalement. Vous juriez en avoir vu plus. Ils sont donc moins nombreux mais la vitesse avec laquelle ils tirent est effroyable. Ils tirent si vite que leurs bras, leur arc et leurs flèches ne deviennent plus qu'un amas flou de gestes. Ils semblent concentrés sur leur tâche.Vous respirez calmement : vous savez ce que vous avez à faire, votre avenir ainsi que celui de tous vos hommes en dépendent. Vous réajustez votre armure une dernière fois et, en brandissant votre épée, vous bondissez dans la tranchée.
La surprise est parfaite. Les archers, trop peu entraînés au corps à corps, tombent comme des mouches. L'attaque les avaient pris au dépourvus. Vous, vous êtes dans votre élément. La lame danse et fend l'air et la chair avec une facilité déconcertante. Vous êtes parfaitement maître de vos mouvements et ils sont parfaits, inévitables, fatals. Une danse mortelle. Mais cela ne dure pas : les archers restant ont reprit leurs esprits et commencent à tirer volées de flèches après volées de flèches. Heureusement que votre armure est solide mais votre bouclier commence lui à être en pièce. Le bois part par échardes et les flèches le transpercent de part en part. Mais vous n'abandonnez pas. Vous sentez qu'une flèche a atteint votre bras mais cela ne le freine pas pour autant.Une demi heure plus tard, vous êtes en sang. Victorieux/se mais en sang et défiguré(e). Un soldat avait utilisé une flèche comme un poignard et cela vous a coûté un oeil. Vous regardez la tranchée jonchée de cadavre. L'odeur de sang est insoutenable. Une rivière écarlate coule jusqu'aux chevilles. Vous devez partir.
Une heure vient de s'écouler après la victoire. Votre diversion a permis aux soldats de votre armée de reprendre l'avantage et de mettre en échec l'armée ennemie. Si vous êtes heureux/se, vous ne pouvez pas empêcher votre tristesse d'éclater sous forme de larmes. A vos pieds se trouve le corps de votre second. De votre ami qui a toujours été là pour vous et qu'une flèche a achevé sans pitié. Son corps est recouvert d'un linceul d'argent.
Vous êtes victorieux/se. La paix est revenue au prix de vies perdus. Et dans le vent frais, vers le champ de bataille dévasté, flottent les bannières d'argent. Vous ne pouvez vous empêcher de pleurer et sourire en même temps.
Puis brusquement, tout devint noir.

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Réalité
RastgeleVous êtes dans un autre monde mais lequel ? Un monde où vous êtes ce que vous voulez. Un monde où vous pouvez faire ce que vous voulez. Un monde que vous pouvez créer comme vous le voulez. Un monde où vous êtes tous. Et un monde où vous êtes rien.