Chapitre 5

482 31 10
                                    

« Rend-moi ça immédiatement, petit impertinent !

-Nana nananèreeeeeuh ! »

C'est avec un autre grognement de rage que Mérida continua de poursuivre ses vauriens de petits frères à travers le salon. Ils la faisaient tourner en bourrique au moins cinq fois par jour, et ils avaient décidé de commencer de bon matin en lui prenant sa chaussure droite, alors que son bus arrivait dans moins d'une dizaine de minutes. Tandis qu'elle sautait à cloche pied autour de la table basse, ses deux autres petits frères sur le rebord du canapé en train d'applaudir joyeusement ce spectacle matinal, elle ne put résister. Et alors commencèrent les menaces:

« Je te préviens Hamish que si tu ne me rends pas cela je vais te... »

Elle fut interrompue par un raclement de gorge derrière elle. Elle se retourna, et fit face à sa mère, Elinor. Elle lui lançait un regard de mère agacée, ce regard qu'elle portait si souvent, et Mérida savait parfaitement ce qu'elle allait dire. Pas de menaces sous mon...

«Pas de menaces sous mon toit, jeune fille !

-Il m'a pris ma chaussure ! répliqua-t-elle pour se défendre.

-Même pas vrai ! » répondit le petit diable roux, qui en avait profité pour jeter la dite chaussure derrière son dos.

La mère sourit à cette comédie dont elle était le juge chaque jour. Les trois plus jeunes, Harris, Hubert et Hamish, étaient de véritables petits démons ambulants, et ne vivaient que pour faire de la vie de Mérida un enfer. Du moins, d'après elle. Ils n'étaient âgés que de neuf ans à peine, mais les triplés avaient déjà rendues folles un bon nombre de baby-sitters et de maîtresses d'écoles, au grand désarroi de leurs parents.

« Tu vas être en retard, Mérida ! » lui fit Elinor au-dessus d'elle.

Celle-ci releva la tête et lui adressa un regard agacé, ponctué d'un grand soupir alors qu'elle laçait sa paire de bottines autour de ses chevilles. Elle se releva du sol, récupéra son Eastpak taggué de toutes parts et s'enfuit de cette maison où tout le monde semblait vouloir l'agacer le plus possible. Ce qu'ils réussissaient avec brio, comme d'habitude.

Ecouteurs aux oreilles, chemise à carreaux ouverte sur un débardeur noir et sac sur l'épaule, elle arriva à son arrêt de bus à l'heure, malgré ces péripéties matinales. Elle fut rejointe quelques minutes plus tard par Jack, qui arriva en même temps que le bus. Un grand classique.

« Je suis... à l'heure... souffla le jeune garçon entre deux quintes de toux.

-Mais oui, Frostie, toujours pile à l'heure ! Monte là-dedans, tu serais capable de le rater quand même. » dit-elle avec son air mesquin.

Ils s'installèrent à leur place habituelle, Jack reprenant son souffle peu à peu tandis que le bus démarrait. Il s'arrêta néanmoins quelques mètres plus tard pour faire rentrer un élève qui avait dû oublier son réveil, élève qui se révéla être...

« Harold ?! »

Le jeune garçon les rejoint en soufflant encore plus bruyamment que son meilleur ami il y a quelques instants. Lorsqu'il réussit enfin à aligner deux mots sans s'essouffler, il leur raconta comment Stoïck lui avait promis qu'il l'emmènerait en voiture. Entendant cela, Harold avait mis son réveil pour vingt minutes plus tard, seulement, son père eut un empêchement de dernière minute, et le jeune garçon s'était retrouvé avec cinq minutes pour se préparer.

« T'as pas eu le temps de te brosser les dents j'imagine ? demanda Jack.

-Heu... ben, pas tellement non, éhé. »

Walt WorksOù les histoires vivent. Découvrez maintenant