Chapitre 3

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Ce n'était jamais très bruyant dans la petite rue des Hêtres, à la périphérie de la ville. Loin des grandes routes et du centre-ville, les voitures y passaient rarement, et il y régnait un calme serein tout au long de l'année. Les maisons se suivaient dans un assemblement diffus, petits pavillons côtoyant de grandes villas plus en retrait, chacun possédant un jardin plus ou moins bien entretenu. Au milieu de cette rue, au numéro 11 précisément, il y avait une petite maison, aux murs blancs et aux volets bleus. Le petit jardinet fleuri semblait parfaitement entretenu, avec ses rosiers en fleurs et son gazon presque impeccable. Le portillon d'entrée était resté ouvert, comme à son habitude. Elle paraissait bien normale cette maison au milieu de toutes les autres, mais ce qui la faisait ressortir au quotidien était le bruit incessant qui y régnait à l'intérieur.

Alors que la soirée était déjà bien entamée, un certain grand frère nommé Jack s'amusait à bloquer sa petite sœur Emma, adossé contre la porte de sa chambre, et criant « HOLD THE DOOR » comme un dégénéré entre deux fous rires. Ajoutons donc à cela les coups de poings rageurs de sa sœur contre sa porte, ainsi que les insultes proférées par cette dernière à l'intention de son « abruti de frère adopté qu'elle déteste ». De plus, la mère des deux garnements qui s'occupait du repas du soir, haussait le ton de plus en plus pour qu'ils cessent leurs enfantillages. N'oublions pas le labrador sable qui aboyait joyeusement à leurs pieds, ainsi que la télévision allumée qui débitait sans arrêts les coups de feu d'un film d'action quelconque. Au milieu de ce chaos se trouvait Harold, résident à mi-temps des Frost, occupé à mettre la table avec un grand sourire aux lèvres.

« Je lui avais bien dit de ne pas faire ça, mais il ne m'écoute jamais, dit Harold. Désolé, Barbara !

-Oh tu n'y es pour rien Harold, tu es bien le seul enfant calme dans cette fichue maison. Merci de ton aide. » répondit la mère de son meilleur ami en souriant.

Toute cette animation ne dérangeait jamais Harold. En effet, lui n'avait jamais connu tous ces bruits qui démontraient la présence de vie sous un toit. Le père d'Harold, Stoïck (qui porte si bien son nom), avait perdu toute joie de vivre à la disparition de son épouse Valka, peu après la naissance de son fils. De plus, le travail de ce dernier lui prenait tout son temps, le jeune garçon vivait donc dans son immense maison avec pour seule compagnie celle de la secrétaire et de l'homme à tout faire de la maison Haddock. Pas d'animaux, fils unique, autant de raisons qui faisaient qu'Harold aimait plus que tout passer son temps chez les Frost, où il avait enfin l'impression d'avoir une vraie famille. La générosité de ces derniers semblait illimitée, car on ne pouvait pas dire que l'argent leur tombait du ciel : Barbara étant la seule à pouvoir travailler, elle n'avait pourtant jamais refusé l'hospitalité à Harold et ce depuis l'école primaire. C'est ainsi qu'il se trouvait dans la petite cuisine ouverte à disposer les couverts en attendant son meilleur ami, trop occupé à esquiver les objets lancés par Emma dans les escaliers pour s'intéresser à son invité.

« Arrêtez immédiatement ! Le premier objet que je vois encore voler et vous êtes privés de sortie et de téléphone pour tout le mois ! Emma, tu vas aider Harold à finir de mettre la table et Jack, tu feras la vaisselle pour la peine ! »

Après un concert de plaintes émises par la cadette et bon nombre de sourires goguenards de la part de Jack durant le repas, tout finit par redevenir légèrement plus posé qu'auparavant, tandis que Barbara Frost partit s'allonger sur le canapé, digne repos bien mérité. Les deux garçons débarrassèrent la table et firent rapidement la vaisselle avant de monter les escaliers jusqu'à la chambre de Jack.

Harold s'allongea sur son matelas gonflable, bloqué dans le peu d'espace libre entre le lit de Jack et son bureau, qui servait également de débarras au vu des monticules d'objets divers et variés entassés dessus.

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