08/12/2017 - 23h34

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Douce Mary,

Aujourd'hui je me sens calme, je ne sais pas pourquoi, mais depuis ce matin j'ai la sensation d'être libre, apaisée. C'est étrange non ? Hier encore je me sentais abattue, découragée, presque morte. Aujourd'hui je ne ressens rien, c'est pourquoi je te dis que je me sens calme, je ne suis ni heureuse, ni malheureuse.

Penses-tu que c'est du au fait que je t'ai confié mes sentiments hier ? Ou peut-être est-ce parce que j'ai longuement parler avec le garçon. Je me suis rendue compte que je ne connaissait pas son prénom. Alors ce midi, attablée en face de lui, je l'ai questionné à ce propos. Je vais te faire part de notre conversation, j'espère ne rien oublier, ne rien modifier.

" — Dis, hier soir, je me suis rendue compte que je ne connaissais pas ton prénom, toi, tu connais le mien, ce n'est pas juste.

— Alors comme ça tu penses à moi le soir ? as-t-il demandé avec un petit sourire mesquin.

— N'importe quoi ! ai-je rougit. Ce n'est pas ça ! Je pensais au lycée et puis je me suis juste dit que je ne connais pas ton prénom, c'est tout !

— Ça va, ça va, je disais ça pour rire. Isaac.

— Hein ?

— Mon prénom, patate.

— Quoi ? Moi ? Une patate ? Je vais te tuer, ai-je dit en souriant avec malice.

— Je t'attends, m'a-t-il répondu avec la même malice dans le regard.

— Ça viendra, sois patient.

— Pas trop longtemps j'espère.

Puis nous avons ris. Un long silence s'ensuivit, nous nous regardions dans le blanc des yeux, un petit sourire fendait nos visages. Puis il perdit son sourire et baissa les yeux.

— Tu sais par rapport à ce que je t'ai dit la dernière fois, à propos de.. Mary.

— Je ne veux pas en parler.

— Mais il faut que je te dise quelque chose.

— Je t'ai dit que je ne veux pas en parler.

— Alors est-ce que je peux la lire ?

— De quoi tu parles ?

— La lettre.

— Pourquoi voudrais-tu la lire ?

— S'il te plaît Tyler.

J'ai alors sortit la lettre de mon sac et lui ai donné avec difficulté, j'avais peur de ne plus jamais pouvoir la relire.

— Merci.

— Elle s'appelle revient.

— Oui ne t'en fais pas."

Et ça s'est arrêté là, je ne m'étais pas rendu compte de la complicité que nous partagions à ce moment là. d'un certain côté ça me fait plaisir, de l'autre, ça m'angoisse, j'ai peur de m'attacher et qu'il soit pareil que les autres.

Tu sais Mary, je n'ai pas envie que ma vie se transforme en roman à l'eau de rose. Penses-tu que je devrais m'éloigner de lui ? Que je devrais fixer des limites ? Si seulement tu étais là, si seulement tu pouvais me répondre, si seulement tu étais en face de moi, et que je te ferais part de mes histoires à voix haute. Non, ce serait bien que tu sois là et que tu vois ce que je vis, que je n'ai pas à le raconter. Ce serait parfait.

Je me demande souvent comment tu te sens là où tu es, si tu es quelque part bien-sûr.

Tu me manques, vraiment. Je suis un peu perdue sans ton soutien.

De plus maman est encore à l'hôpital, papa ne cesse de s'absenter et de revenir parfois avec des taches de rouge à lèvre, parfois la cravate dénouée, parfois les cheveux en pétards, parfois tout en même temps. Cette fois ça ne fait aucun doute, il trompe bien maman, ça me dégoûte. Mais ce qui me dégoûte le plus c'est qu'il le fasse sans se cacher et dans un moment où maman a besoin de soutiens. Je le hais ! Cela devient plus compliqué de vivre sous le même toit qu'un être pareil. Et maman qui elle ne cesse de ce plaindre et de comparer mes maux aux siens. Je comprends qu'elle ait des raisons de se plaindre mais je ne sais pas, ça m'exaspère.

Je t'aime,

Tyler.



23h34Où les histoires vivent. Découvrez maintenant