Mary,
Je suis allée chez toi, je voulais revenir dans ta chambre, sentir ton odeur une dernière fois. Ta mère m'y a autorisé. C'était... incroyable. J'avais l'impression de faire un retour en arrière, quand tu étais encore là, j'ai pleuré, beaucoup pleuré. C'était dur. Je n'osais rien toucher, j'avais peur de casser quelque chose, de briser un souvenir.
Lorsque je me suis tournée vers ta bibliothèque, j'ai trouvé ton livre favoris, j'ai demandé à ta mère si je pouvais le prendre, elle a accepté. Je n'ai jamais compris pourquoi tu l'appréciais tant car je ne l'avais jamais lu. Quand je suis rentrée chez moi, j'ai commencé à le lire, et devine quoi. J'ai trouvé une feuille glissée entre les pages, enfin... Je crois que je ne t'apprends rien puisque cette lettre est de toi. C'est pourquoi je t'écris plus tôt que d'habitude, et dans ma chambre cette fois, je n'ai pas pu faire autrement et je n'ai pas pu attendre 23h34 pour t'écrire.
Tu veux que je te la réécrive ? Au cas où tu ne t'en souviennes pas :
"Je suis désolée. Sincèrement désolée. Vous devez certainement vous demander pourquoi j'ai fait ça, non ? C'est assez compliqué et long à expliquer alors je vais faire court. Vous connaissez l'effet papillon ? Eh bien c'est ce qui m'est arrivé. Ça a commencé par un garçon, il me plaisait tant ! Je rêvais qu'il m'adresse la parole ne serait-ce qu'une fois. Et il l'a fait, j'étais si heureuse. Mais il a raconté à tout le monde que j'étais une fille facile et que je l'avais forcé à coucher avec lui. Ce qui était totalement faux ! Je ne l'avais jamais vu en dehors du lycée ! Je ne lui avais parlé que deux fois dans les couloirs et une fois dans au CDI du lycée pour l'aider à faire son devoir ! Mon dieu ! Rien que d'y penser ça m'agace. Alors tout le monde m'insultait par la suite. Puis ils ont commencés à me frapper, les garçons à me mettre des mains au cul et à me toucher les seins. C'était horrible. Heureusement j'avais mon petit rayon de soleil : Tyler, ma meilleure amie, la seule que j'ai eu. Et ma petite sœur. Je ne peux pas en dire autant de mes parents, ils ne cessaient de se disputer, et j'étais toujours le centre de leur disputes. Je n'étais jamais assez bien pour eux, j'avais toujours quelque chose à reprocher. Pas assez parfaite. Jamais assez bien pour personne. Alors j'en ai eu marre, j'ai craqué, j'ai décidé que c'était finis, que plus rien n'irais. Tout se passait mal dans mon ancien lycée, et dans celui-ci aussi. Je n'ai jamais rien demandé à personne ! Je voulais juste avoir une vie normale, calme. Vous devez certainement vous dire que ce n'était rien, que je suis trop fragile. Des années que ça durait ! Depuis le collège rien n'allait ! Et je vous ai passé des détails de ce qu'ils me faisaient subir au lycée. Vous voulez savoir ? Ils me poussaient, me volaient mes affaires, j'étais forcée de garder mes vêtements de sport sales toutes la journée, ils me faisaient tomber dans la boue et me donnaient des coups de pieds. C'était une catastrophe. Et même quand je ne vivais rien de tout ça, je ne me sentais pas à ma place.
C'est pourquoi j'ai décidé de tout arrêter. C'est pourquoi j'écris cette lettre, et c'est pourquoi vous êtes en train de la lire.
Maman, Papa, je vous aime tellement, même si chaque jour vous m'en faites baver, occupez vous bien de Lydia, soyez forts. Lydia, je t'aime petite sœur, ne baisse pas les bras soit forte aussi ! Et à l'école ne les laisse pas se moquer de toi, ne fait pas comme moi, ça empirera. Tyler, je t'en pris, ne fait pas n'importe quoi, je sais à quel point tu es fragile, saches que je suis toujours avec toi. Je t'aime aussi Tyty.
Mary."
Alors c'est ça, c'est ça qui t'a poussé à te suicider. J'ai tellement pleuré quand je l'ai lue, je ne peux m'arrêter de la relire. Je n'ai pas les mots. Je vais appeler ta mère et la prévenir, eux aussi ont le droit à cette lettre. Mais avant je vais faire une photocopie, je veux cette lettre avec moi, dans ce journal. C'est morbide mais ça me rassure, car je sais que j'ai une part de toi avec moi.
Je t'aime aussi,
Tyler.
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23h34
Jugendliteratur"Chère Mary, Cela fait désormais un an, c'est long sans toi. J'ai essayé un bon nombre de fois de te remplacer, et j'en suis désolée. Mais c'est peine perdue, tu es irremplaçable, tu étais l'amie avec un grand A comme dirait Anne Frank, et tu l'es t...