Le début de la fin

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Je claque la porte et m'adosse contre le bois massif. Je ferme les yeux en soupirant. Ça devient trop fatiguant de jouer ce rôle que je me suis donné. Je m'épuise à essayé de faire semblant. Je ne vais pas bien et j'en ai marre de le cacher derrière ce masque, cette façade, ce sourire. Ce n'est pas moi, même si tout le monde le pense. Le garçon que je suis réellement n'est pas comme ça, pas aussi... vivant.

Je serre la mâchoire en espérant que ça passe. Mais ça ne passe pas et je m'enfonce de plus en plus. Je déteste cet endroit. Je le déteste plus que tout. Alors je m'avance précipitament jusqu'au deuxième petit tiroir de droite, le seul que j'ai ouvert depuis mon arrivée ici. Je le tire et je plonge ma main à l'intérieur. J'hésite quelques instants: je sais que la marche arrière sera impossible. Mais je finis par la ressortir. Le petit opinel de bois semble me narguer. Je me mort la lèvre. Je n'en peux plus. Je ne crois plus en l'espoir je ne suis plus tout à fait vivant. Et ça ne va pas en s'arrangeant, alors j'enlève mon bracelet de tissus ensanglanté et j'ouvre lentement le petit couteau. Parfois il me fait peur, parfois je le hais, je hais ma faiblesse d'esprit mais le plus souvent je le vois comme un échappatoire. C'est con de penser de cette façon et je le sais. Mais je n'arrive pas à faire autrement. Pff ! Je me demande vraiment ce que je fous encore ici.

Je déglutis avec difficulté puis je fermai les yeux.

J'en ai marre d'être le gars sympa. Celui que tout le monde aime. Toujours là pour aider, pour donner du temps et de l'espoir. La bonne poire du bloc. J'en ai marre !

La lame de métal glacé s'enfonce lentement dans ma peau.

Je déteste cet endroit. Je déteste les gens qui nous font subir tout ça, je les HAIS !

Le sang glisse le long de mon poignet et vient s'écraser contre le carrelage de la salle de bains.

Je souffle de soulagement et lâche le couteau. J'ai attendu ce moment toute la journée. Je me fiche pas mal de me vider mon sang si ça peut me soulager. Mais alors que le liquide rouge et dense commençait à former une petite flaque à mes pieds des coups successifs résonnèrent contre la porte. Une voix, probablement celle de Minho, me parvient étouffée.

- Tu fous quoi, Newt ? La fête va commencer et Alby tient absolument à ce que tu sois là pour bruler ce putain de griffeur ! me lance-t-il à travers la paroi

Merde, merde, merde ! J'avais oublié c'te foutue fête.

- Oui, oui ! J'arrive, deux seconde.

J'imagine très bien son petit sourire en coin lorsqu'il s'exclame narquoisement :

- Tu te fais belle ?

- Oh, mais ferme-là !

Je m'empresse d'essuyer le sang et de remettre mon bracelet de toile autour de mon poignet. Mais au moment de ranger le couteau je m'arrête à mi-chemin. Pourquoi ne pas l'emporter avec moi ? Ça serait beaucoup plus pratique... Finalement je le glisse vite fait dans la poche arrière de mon pantalon en priant pour que personne ne remarque la tache rouge sur le manche en bois de l'opinel. Raah ! Foutu sang qui veux pas partir ! Après un dernier tour de la salle de bain pour vérifier qu'il ne reste plus aucunes traces de mon passage, je sors rejoindre Minho qui m'attend de l'autre côté de la porte avec ce petit air arrogant que je lui connaît bien.

- Ça y est ? Madame a fini sa toilette ? susurre -t-il d'une voix affreusement aiguë.

- Minho, ferme ta grande gueule pour une fois, tu veux ? répliquai-je.

- Pff ! Si on peut même plus rigoler !

Je lâche un faux sourire comme je le fais à chaque et je lui décoche un coup dans l'épaule.

Exit [Newt]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant