Exit [Newt]

Troubles

(PDV Newt)

Je reviens brutalement à moi. L'air glacial s'engouffre brusquement dans mes poumons tandis qu'une sueur froide glisse le long de mon dos. Perché du haut de mon arbre, je reprends peu à peu mes esprits, calmant avec difficulté mon souffle saccadé. Et pour cause ! C'est la première fois que je rêve. Cela pourrait paraître idiot comme réaction mais cette sensation d'avoir retrouvé quelque chose de précieux, quelque chose qui m'appartient, est si... nouvelle. Je fronce les sourcils. Ce rêve paraissait tellement vrai. S'agirait-il d'un souvenir ? Et qui était cette petite fille ? Il semblerait que le garçon soit moi dans un passé bien lointain, mais est-ce pour autant un fait réel? Et cette enfant... oui. Je la connais. Ou du moins elle ne m'est pas inconnue. Je repense à sa dernière question qu'elle avait prononcé avant de tomber dans les bras de Morphée. Une bien grande question pour une si petite fille. Et à la réponse du garçon...

Une branche craque. Surpris, je me redresse sur mon perchoir. Je fronce mes sourcils. Qu'est que quelque qu'un irait foutre dans la foret à une heure pareille ? Prudemment je me laisse glisser à bas de l'arbre et m'avance hors de la clairière. Des bruits de pas sourds et précipités résonnent plus profond dans la foret. Qui est-ce ?

***

(PDV Evy)

Des voix. Des centaines, des milliers de voix agonisantes qui résonnent dans mon crâne faisant vibrer tout mon corps et trembler mon squelette. Elles me parlent, me supplient sans que je comprenne ce qu'elles me veulent. Elles gémissent, suffoquent, hurlent, pleurent...

Alors je cours.

Je cours pour leur échapper, pour les semer. Je voudrais qu'elles me laissent. Je voudrais vivre sans plus jamais avoir à les entendre siffler mon nom au creux de mes oreilles. Je ne sais pas où je suis et encore moins où je vais. Je cours et c'est tout.

Soudain je sens mes jambes happées par quelque chose de froid et humide. Je suis déjà à moitié enfoncée dans l'eau lorsque je me rends compte qu'il s'agit d'un lac noir, profond. Je panique. Que vais-je faire ? Je ne sais plus rien. Rien, hormis que je dois fuir.

Mais alors que je me redresse, j'entends autre chose que ces hurlements bestiaux qui m'écorchent douloureusement les tympans. Des appels. Une voix familière. Et des pas. Quelqu'un arrive. Sans que je ne sache quoi faire une silhouette aussi noire que l'eau où je me trouve, apparaît à quelques mètres. Je me fige d'effroi.

- Evy ?! Quesque tu fous là, enfin ?

Je la regarde s'avancer, les yeux grands ouverts et le souffle court, sans réussir à lui répondre quoi que ce soit. Comment connaît-elle mon nom ?

- Tu... t'es sur que ça va ?

L'ombre fait un nouveau petit pas en avant et se retrouve sous la lumière blanchâtre de la Lune. C'est là que je reconnue ces cheveux blonds retombant sur son front pâle et recouvrant d'un voile clair ces sourcils éternellement froncés.