Réveil

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Bip... Bip... Bip...

Le moniteur cardiaque est régulier. Son pouls est lent, il ne dépasse pas les 60 BPM. Soudain, il ouvre les yeux et se relève, les membres terriblement engourdis. Une pièce blanche, entièrement, complètement blanche. Il est assis sur un lit à la monture de plastique transparente composé de draps blancs et d'un oreiller blanc.

Newt secoue la tête. C'est donc ça la mort ? Du blanc, rien que du blanc ?Il s'étire de tout son long avec l'horrible impression de n'avoir pas bougé pendant des années et puis ses souvenirs lui reviennent. Le massacre contre les Griffeurs, la mort, le sang, Evy. Evy ? Où est-elle d'ailleurs ? Pas ici en tout cas. Heureusement dans un sens, car cette pièce lui rappelle bien trop son cauchemar de... de quand au juste ? Hier ? Avant hier ? Il y a une heure ? Il ne sait pas.

Il soupire et descend de son lit. C'est alors qu'il remarque que lui aussi est tout en blanc. Jean et T-shirt blanc. Il n'a pas vérifié mais il suppose que son sous-vêtement l'est aussi. Ça aurait été étonnant qu'il soit rose à point vert. Newt ricane. Voilà qu'il se met à faire du sarcasme maintenant ? À croire que Minho avait déteint sur lui. Tiens, et lui, où peut-il être ? Et tout les autres ? Il n'y croit plus vraiment. Non, il pense qu'on se fout de sa gueule. La mort ce n'est surement pas à ça que ça ressemble. Alors, où se trouve-t-il ?

Il ne l'avait pas remarqué avant mais, il y a une porte également, à l'autre bout de la pièce. Blanche, évidemment. Il s'en approche, abaisse la poignée...fermée. Bien sur. À quoi pouvait-il s'attendre de plus ?

Il se sent observé. Il est observé, c'est une certitude en fait.

Il approche sa main du mur en face de lui et toque trois petits coups, aucune résonnance. Celui à sa droite non plus, et celui du fond pas plus que les deux autres. En revanche, celui opposé à son lit sonne d'un drôle de tintement. Un miroir sans-teint. Il plaque son oreille à la paroi, sans résultat. Très certainement insonorisé.

Et maintenant ? Maintenant, il n'y comprend plus rien.

Il retourne s'allonger sur son lit et fixe le plafond. Fermant les yeux, il essaye de calmer sa respiration jusqu'à qu'elle se transforme en un minuscule filet d'air. Il pense aux autres, il pense à Evy, il pense que c'est peut-être enfin fini, il pense que tout ça il leur fera payer.

Et puis il entend un léger grincement suivit d'un « CLAC » de porte qui se ferme. Quand il tourne la tête vers sa droite, il voit un homme d'un certain âge avec une physionomie faciale se rapprochant plus de celle d'un rat que d'un humain normalement constitué, assis à un bureau en plastique tout aussi transparent que celui de son lit. Il le fixe de ses petits yeux impassibles alors que ses doigts longilignes se croisent au dessus d'une chemise d'un gris anthracite.

Newt se redresse et incline la tête. Il a envie de le tuer. Mais il devrait d'abord écouter ce que ce rongeur cadavérique a l'intention de lui dire. Et après réflexion, la vitre de verre ne doit pas être très agréable à se prendre dans le front. Il ne sait pas vraiment pourquoi, mais il se sent libéré, comme si son cerveau fonctionnait enfin de manière correcte. Comme si les murs du Labyrinthe lui bloquaient ses capacités de réflexions. Et enfin il comprend. Il redescend de son lit et vient s'asseoir face à l'homme rat à une distance plus que raisonnable du mur invisible, contenant tant bien que mal la rage qui bouillonne dans son ventre.

— Tu es le premier à ne pas te précipiter pour me mettre en pièce.

— Croyez-moi si je le pouvais je l'aurais déjà fait, grinça Newt.

— Intéressant...

Le blond le foudroie du regard.

— Je ne suis pas là pour ça.

— Sans blague ! raille l'adolescent.

L'homme rat l'ignore.

— Je suis venu t'apporter quelques informations supplémentaires sur tout ce que tu as vécu, Newt. Je m'appelle Janson. Tout d'abord rien n'était réel, bien évidemment. On ne peut pas se permettre de perdre des sujets tel que vous. Ensuite...

— Où est Evy ? Où sont les autres ? coupe l'interpellé d'une voix forte.

— Tu le sauras. Bientôt. Mais pour l'instant...

— Je veux voir Evy !

L'homme soupire, passablement agacé par le comportement si puéril du sujet A5.

— Comment peut-on repérer si facilement une fausse paroi et faire d'une telle infantilité face à une situation sérieuse ? Je ne comprends pas.

Newt serre les dents, fulminant intérieurement. Il souffle pour éviter de laisser exploser sa rage puis relève la tête vers le « rat ».

L'autre sourit.

— Je savais que tu serais compréhensif. Donc comme tu la surement deviné, vous avez passé plus de deux ans immergés dans un logiciel se basant sur votre capacité à déduire des résultats à partir d'images imposées à votre cerveau. Tout ça dans le but de trouver un remède. Un remède à une maladie qui anéantit actuellement l'humanité. Nous vous avons donc envoyé dans cet univers virtuel, où nous vous avons mis dans différentes situations de stress ou de colère pour observer votre réaction.

Mais je dois avouer que ton cas est particulièrement intéressant. La volonté à vouloir ainsi s'accrocher à la vie est vraiment hallucinante. Pourtant tu n'as pas vraiment les capacités étant donné que tu n'étais qu'un test pour permettre à l'expérience de...

— ASSEZ ! Stop, fermez votre gueule. Je n'en ai rien à faire de vos conneries, explose Newt en se relevant brusquement. Je m'en fous magistralement. Tout ce que je veux c'est revoir les autres !

Janson se masse nonchalamment les tempes avant de déclarer :

— Excessif. Vraiment excessif...

Le blond bouillonne.

— Où sont-ils ? Où est-elle ? Où est Evy ?

— Evy ? Oh, mais Evy n'a jamais existée. Une simple épreuve du Labyrinthe comme le reste, voilà tout. Maintenant si tu veux bien nous allons reprendre.

Il est sous le choc. Il se laisse tomber par terre, les yeux dans le vague. Alors comme ça, Evy n'était qu'une création de ces montres ? Au même titre que les Griffeurs ? Comment être sûr de ce qui est réel ou non à présent ? Comment savoir si Thomas, Minho ou Frypan ne sont pas de vulgaires inventions eux-aussi ?

L'homme rat continue de déblatérer sur ses histoires d'expériences inhumaines et ses logiciels de contrôle de pensées mais Newt ne l'écoute plus du tout. Non, il s'en fout de la vérité il veut revoir les autres.

Mais soudain un grand vacarme retentit derrière la vitre. Et le sang encore partout. Ça en devient presque lassant de voir tout ce sang.

Et puis des hommes en noir, armés jusqu'au dents et derrière cinq autre en blanc comme lui. Un se rapproche, bousculant les gardes et le fixe soulagé.

— Newt ! s'exclame Thomas, bientôt rejoint par Minho.

— Content de voir que t'existes tocard, ajoute ce dernier.

L'ex-second lâche un sourire triste. Les nouveaux venus semblent être du bon côté. Ils enfoncent la vitre et soulèvent le blond sans délicatesse. Il étreint brièvement les deux autres blocards. Enfin réunis.

Vivant, existant, là. Il n'est plus seul. Et maintenant, ils vont se battre. Ils ne savent toujours pas où ils vont, ça non. Mais ils savent pourquoi. La tête pleine de questions, ils s'enfuient enfin, ils partent loin de tout avec les autres.

Thomas,

Newt,

Minho,

Frypan,

Winston,

Et une fille qu'ils ne connaissent pas.

Les dés sont lancés. La partie peut commencer !

Exit [Newt]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant