Chapitre 3 - Neuville -

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Il est 16h20, nous sommes actuellement en route pour Neuville.

C'est assez impressionnant de marcher comme ça avec huit hommes, ils ont l'air un peu antipathiques. Nous marchons dans le silence. J'essaie de scruter les moindres détails de leurs visages. Le soldat Jackson mâchouille un bout de bois ou je ne sais quoi, et Mellish fume une cigarette. Les autres se contentent simplement de marcher. Je les appelle par leurs noms de famille vu que c'est un signe de respect à l'armée, enfin je crois... Et puis je ne les connais pas alors je ne vais pas les appeler par leurs prénoms. Upham me fait rire avec son petit air d'enfant innocent. Ça se voit qu'il n'était pas militaire avant, et que sa vocation n'a jamais été la guerre.

- Tu viens d'où ? Demande Upham à Caparzo.

- 'Me pause plus jamais de questions avec ta tête de con... Eh t'entend ces conneries fish ? Lance Caparzo à Mellish.

"Fish" ? Plutôt étrange comme surnom, je suppose qu'ils sont de très bons amis.

- Et toi tu viens d'où ? Demande-t-il alors à Mellish.

- J't'en pause des questions ? Demande plutôt au capitaine. Personne ne sait d'où il vient.

- Reiben, vous ne savez même pas où il est allé à l'école ? 

- Le capitaine n'y est pas allé, on l'a assemblé à l'école des officiers avec des restes de G.I morts. Répond Jackson avec un petit sourire.

Le silence se réinstalle, Upham n'a pas comprit que c'était une blague. Reiben décidé alors de le briser.

- C'est pas juste, je comprend pas pourquoi on est sensé risquer nos vies pour ramener un mec à sa mère parce qu'il a perdu ses frères au combat. C'est pas le seul à être dans ce cas... J'veux dire, j'ai une mère, le sergent à une mère, Jackson a une mère, Carpazo a une mère, le Capitaine en a une...

Miller lui lance un regard suivit d'un petit rire.

- Ah ouais merde, le capitaine n'en n'a peut-être plus. Mais à part lui, les autres en ont une. Dit Mellish n'étant pas fier de lui.

J'ai un petit pincement au cœur quand j'entend cette phrase. Moi non plus je n'ai plus de mère. Alors voilà, tous ce que je sais de notre capitaine est qu'il s'appelle John H. Miller et qu'il n'a plus de mère ... Ca fait pas beaucoup d'informations.

- Et vous vous en pensez quoi Capitaine, pourquoi vous ne râlez pas ? Lance Reiben avec un air insolent.

- Je ne râle pas devant vous voyons ! Moi je me pleins à mes supérieurs, qui eux se plaignent à leurs supérieurs qui à leurs tours se plaignent à leurs supérieurs. Souris Miller.

- Bon bah imaginez que je sois votre supérieur et vous le soldat Capitaine, vous me diriez quoi ?

- Je vous dirai "Oui c'est une excellente mission mon Capitaine, avec un motif tout à fait valable mon capitaine, celà en vaut tellement la peine de sacrifier la vie de mes hommes"... Toi en premier Reiben. On rigole tous, puis il reprend. Et bien sûr je lui dirai ça avec un grand sourire.

Je ne sais pas ce que les autres pensent ni ce qu'ils ressentent. Mais moi j'éprouve simplement de l'incompréhension. Pourquoi ne veut-il pas directement nous dire ce qu'il pense au lieu de tourner autour du pot ?

- En vrai vous en avez rien à foutre du bonheur de cette maman. Vous vous en fichez pas mal même hein ? Comme nous tous finalement. Mais alors pourquoi vous tournez autour du pot, un peu d'honnêteté ne ferai pas de mal... Capitaine. Je lance au capitaine avec un petit sourire provocateur.

World War Girl ( 1944 )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant