Chapitre 4 - La chanson de Craonne -

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Il est 18 heures.

Les nuages gris ne sont toujours pas partis. Le tonnerre gronde. Nous sommes à l'intérieur de l'auberge. Ian, Daniel, Michael, Stanley, Irwin et moi sommes en ronde. J'ai décidé de les appeler par leurs prénoms finalement, pourquoi s'en priver après tout. Nous buvons ( du moins nous essayons ) cette horrible soupe, fade, sans aucuns goûts. C'est mieux que rien me diriez-vous. Oui mais bon... Thimoty ré-écrit la lettre d'Adrian au propre. Le capitaine est entrain de se reposer juste à côté de nous, il semble endormi.

- Vous venez d'où ? Demandais-je en avalant ma soupe.

Personne n'ose se lancer, et après plusieurs longues secondes d'hésitations, c'est Stanley qui comme à parler.

- Je viens d'une petite campagne située près de Boston. J'étais un mec normal, qui adorait la vie. Un jour j'ai reçu un télégramme me disant que j'allais partir à la guerre. Ma mère est tombée en dépression, pensant qu'elle allait me perdre comme elle a perdu mon père... Et comme si c'était pas suffisant ; Adrian vient de me lâcher. Dit tristement Stanley Mellish en remuant son bol avec une cuillère. Je ne l'avais encore jamais vu avec cet air affreusement triste et dégoutté. Ce beau et grand brun à l'air d'un cœur de pierre comme ça, mais en réalité, il en est tout autre.

- Ça ne m'étonne pas que je sois ici. J'étais déjà à l'armée avant. Je voulais venir ici... Et tuer tous ces putains de Nazis. Dit Michael Horvath d'un tond sûr.

- Vous n'avez pas une femme ? De la famille ? Je demande, étant curieuse.

- Je préfère garder ça pour moi. Me lâche Horvath d'un ton froid et sec.

- Oui biensûr je comprend, excusez-moi Sergent. Dis-je en m'excusant.

Ian s'approche de moi et me chuchotte à l'oreille en ricanant :

- J'suis sûr qu'il est gay.

Je rigole à mon tour et Horvath nous lance un regard noir.

- J'étais à l'armée avec le sergent technique Horvath. J'étais volontaire. Réplique le tireur de précision Daniel Jackson.

Vu les cicatrices sur son visage, ça se voit qu'il n'en n'est pas à sa première bataille. Dans ses yeux bleus je peux apercevoir la rage qu'il éprouve tout au fond de soit... C'est flippant. Nous regardons à présent le médecin Wade. Il n'a pas l'air de vouloir en parler, mais je pense que ça lui fera du bien de tout lâcher.

- J'étais un gars, sans histoire. Je venais de trouver la femme de ma vie, je faisais des études de médecines. Et ils m'ont envoyé à la guerre. Déclare Irwin Wade en plissant les yeux.

Daniel pose sa main sur l'épaule d'Irwine.

- Moi, j'habite à New York... A Brooklyn plus précisément. J'aidais ma mère dans son magasin de fringues. Qu'est ce que j'en croisais des filles avant... Il rigole puis reprend. J'avais une petite amie d'ailleurs, elle s'appelait Amy. Un jour on a reçu une lettre, qui me disait que je serai plus utile à l'armée qu'à New York. Amy n'aurait pas supporté ma mort, alors elle a décidé de me quitter. Ajoute Ian Reiben.

- Et toi Timothy ? Lui demandais-je difficilement, encore assommée par toutes ces révélations plus horribles les unes que les autres.

- Je... J'étais aussi un gars normal. Je traduisait des livres. J'adorais faire ça. Au lieu de passer du temps avec ma mère, ma seule famille, je passais mon temps sur ma machine à écrire. J'étais tellement fatigué que quand elle rentrait le soir, au lieu de lui parler, je faisais semblant de dormir. Et elle restait là à me regarder sur le pas de la porte.

World War Girl ( 1944 )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant