Epilogue

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Nous sommes le 16 juin 1995.

J'ai maintenant 70 ans. J'entre dans le cimetière en Normandie, réservé pour les militaires américains disparus lors de la seconde guerre mondiale. Il y en a des milliers. Oui, des milliers de croix, ici, devant moi. Je ne suis plus revenue ici depuis la fin de la guerre en 1945... Je n'en n'ai pas eu la force. Je suis avec ma famille. Ian qui est devenu mon mari, mes deux enfants, leurs époux et leurs petits-enfants. Je me dirige vers la tombe de mon ancien capitaine. Je m'arrête devant, net.

Je constate alors que les tombes d'Adrian Caparzo l'homme au grand coeur, d'Irwin Wade le médecin et futur marié, de Stanley Mellish le charmeur, de Daniel Jackson le tireur d'élite, de Michael Horvath le discret stratège, sont placées là, en face de moi. Mes amis. Ils ont tous donné pour moi. Pour me sauver.  Quand à Timothy, il a préféré se suicider que de vivre avec la mort de notre capitaine et de Stanley sur la conscience. Il est trop tard maintenant. Ils ne reviendront jamais. La vie est tellement injuste. Si seulement ils pouvaient être là, voir comment le monde à changé, voir comment tout à évolué depuis la fin cette guerre.

Des souvenirs me reviennent... Ma première discution avec Ian lors de l'embarquement, la nuit passée tous ensemble à Neuville quand je leur ai demandé d'où ils venaient, les crises de nerfs d'Ian, le premier allemand que j'ai tué, Timothy qui nous traduit la chanson " Tu es partout " d'Edith Piaf, la fois où Caparzo a tenté de sauver une petite fille, nos moments de rigolades juste avant... Leur mort.

En regardant leurs tombes, me disant qu'ils sont là, juste en dessous... Je tombe à genoux. Ian vient m'aider.

- Ca va Ian, j'ai... J'ai simplement besoin de leur parler une dernière fois. Je lui dis.

Il se recule alors. Lui aussi, il a besoin de leur parler une dernière fois. Il a les larmes aux yeux, je sens qu'il a envie de craquer et qu'il se retient de toutes ses forces. Je regarde la terre, ma gorge se serre. Je commence alors à trembler et à pleurer, exactement comme je l'ai fais lors de la mort du Capitaine.

" Capitaine H. Miller - 1 décembre 1915 / 16 juin 1944 - Ramelle "

Voilà ve qui est écrit sur sa tombe.

- Je la maudis. Je la maudis cette guerre. Vous étiez trop jeune capitaine... Vous n'aviez que 29 ans. Je commence à lui dire d'une petite voix. Vous savez, même en 50 ans, je n'ai jamais pu vous oublier. Je n'ai jamais pu oublié ce que vous avez dit sur le pont à James : " Mérite le James... Mérite tout ce qu'on a fait pour toi... " Est-ce qu'il en valait vraiment la peine ? Aujourd'hui je suis encore incapable de répondre à cette question. Il était adorable, mais il ne vallait pas la vie de sept hommes, tous plus incroyables lers uns que les autres. Quand à moi, j'ai essayé de vivre ma vie et de la reconstruire du mieux que j'ai pu...

Je prend une pause et reprend.

- Ian a tenu sa promesse lui aussi... Il a toujours prit soin de moi. Nous avons eu deux magnifiques enfants. Ils sont là, avec moi. Je souris un petit peu. Mes enfants... Il sera bientôt temps que je leur dise pourquoi je ne dors plus la nuit. Pourquoi même après 50 ans je fais toujours le même chauchemard. Pourquoi je n'arrive pas à oublier les corps à moitié déchictés entrain de hurler sur la plage innondée de sang, ou même pourquoi je n'oublierai pas l'image de mes amis s'envoler peu à peu vers le paradis.

Ca y est, d'autres larmes coulent sur mes joues.

- Il faudra aussi que je leur dise qui était le Capitaine John Miller, ce qu'il représentait pour moi. Je leur raconterai comment vous vous êtes sacrifié pour un homme que vous ne connaissiez pas. Et surtout, comment vous m'avez sauvé la vie.

Je me relève. Ian s'approche de moi. On se regarde puis on se dresse devant la tombe de notre ancien capitaine. On lui fait un salut militaire. Je pose mon regard mêlé de tristesse, de colère, de désespoir, d'amour et d'admiration une dernière fois sur sa tombe.

- Vous m'avez sauvé la vie Capitaine... C'est une dette que je rembourserai jamais.

                                                                                                                                                     FIN

World War Girl ( 1944 )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant