Chapitre 11.1 - Révélation

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Dans le chapitre précédent : 

Nous entrâmes et je fus surprise de trouver Adélaïde. Savait-elle toutes ces machinations depuis le début ? Dans ce cas, pourquoi ne m'avait-elle rien révélé quand je lui avais parlé ? D'autres femmes étaient présentes et ressemblaient aux prostituées qui m'avaient adressé la parole des jours plus tôt.

Je fronçai des sourcils, ne sachant que penser. Elles savaient tout et ne m'avaient rien dit ? Ou ignoraient-elles que les femmes-bêtes existaient ?

En tous cas, elles furent pour la plupart surprises de me voir avec Sebastian.

**

Assise sur un fauteuil en état de décomposition, j'observai Sebastian administrer un produit à une femme. Il le faisait à l'endroit exact où j'avais trouvé l'empreinte d'une aiguille dans le corps d'une des femmes mortes. Cela me certifiait que c'était lui qui les droguait.

« Qu'est-ce qu'il y a dans ce tube ? demandai-je au médecin.

– Un sédatif pour les soulager des douleurs, et parfois je leur donne des pommades pour les muscles et articulations. Pourquoi ?

– J'ai pensé que ça pouvait être l'origine des transformations après avoir trouvé des petits trous sur le dernier cadavre trouvé de la taille d'une aiguille. Mais il semblerait que c'était une fausse piste. »

Adélaïde qui m'avait toisée du regard jusque là me demanda de la suivre. J'avais vu Sebastian se tendre alors que les autres femmes avaient des visages confus.

Je la suivis sans discussion. Je ne pensais pas qu'elle m'attaquerait ou me tuerait. Malgré son air meurtrier, elle semblait vouloir aider les autres femmes. Du moins, je l'espérai.

Nous traversâmes plusieurs couloirs tout aussi sombres les uns que les autres avant d'arriver dans une pièce qui ressemblait à une chambre. Je ne sentais pas le vent sur mes bras et mon visage, ce qui me stressait. J'avais l'habitude du grand air, des montagnes, de la nature. Et ces galeries sous la terre étaient à l'opposé de ce que j'aimais. Ne laissant pas mon désarroi se montrer, je restai debout devant la porte fermée et croisai les bras.

« Que fait-on ici ? demandai-je avec méfiance.

– Qui êtes-vous réellement ?

– Je... Je vous l'ai déjà dit. Je suis ici pour savoir pourquoi toutes ces femmes sont tuées.

– Pourquoi ? Et vous ne voulez pas savoir par qui ils sont tués ? »

Je ne répondis pas à sa pique. Adélaïde se tenait droit devant moi et avait aussi croisé les bras. Nous nous regardions les yeux dans les yeux et ne bougions pas. Je ne savais pas quoi lui dire. Je savais qui les tuait. Les policiers étaient les coupables. Mais le savait-elle ? Je ne pouvais pas risquer de dévoiler cette information. Cela compliquerait encore plus la situation.

« Ce sont ces transformations en bêtes sauvages qui les tuent. Et je veux comprendre comment cela arrive. Il est clair que ce mal touche des femmes en particulières et pas d'autres. Mais il y a une autre chose que je veux savoir. Pourquoi ne m'avoir rien dit ?! Vous m'avez menée en bateau la première fois qu'on s'est vu. Vous m'aviez dit que sur certains corps il y avait des points minuscules, mais jamais vous ne m'aviez dit que vous saviez que ces points venaient des seringues de Sebastian. Pourquoi ?

– Je ne pouvais pas donner ma confiance à une femme rencontrée pendant deux minutes, dit Adélaïde alors que je fermais les yeux de mécontentement.

– Je suis là pour vous aider.

– Je le sais maintenant, grommela-t-elle.

– Bon, que fait-on maintenant ? Sebastian soigne les filles. Il est médecin et semble assez sain d'esprit. Donc mon hypothèse sur les substances injectées qui transforment en bêtes n'est plus valable. Mais le fait que la vieille Pizers peut hypnotiser est juste dément ! jubilai-je en énumérant les différents événements. Ça voudrait dire qu'elle peut contrôler les gens. Mais que les personnes qui peuvent être contrôlé, donc pas les fortes têtes.

– Vous semblez en savoir beaucoup sur le sujet ?

– Sur l'hypnose ? Uniquement ce que j'ai vu à la télé... »

Soudain, mes yeux s'agrandirent. Je me tournai vers elle puis fermai ma bouche. Adélaïde avait toujours les bras croisés et me toisa du regard. Mais celui-ci était seulement confus. J'avais fait une erreur gigantesque, mais elle ne le savait pas. Elle ne comprenait pas le mot que j'avais énoncé.

Je fis un sourire forcé avant de reprendre la parole.

« Je veux dire que je ne connais que ce que mes professeurs ont parlé. Sinon, je ne suis pas une experte. »

La porte s'ouvrit derrière moi ce qui me fit sursauter. Malgré le léger courant d'air qui arriva sur ma peau, j'avais toujours aussi chaud.

« Lauren ? Qu'est-ce que tu fais là ? questionnai-je, abasourdie.

– J-je... Agathe m'a dit de venir ici pendant qu'elle allait chez Mme Pizers. Je n'ai pas compris pourquoi elle allait dans leur demeure, mais elle ne voulait pas me laisser seule chez elle et Peter. »

Je la pris dans mes bras un instant avant de me tourner vers Adélaïde.

« Nous accueillons toutes les femmes en détresse, » m'informa-t-elle.

J'hochai la tête puis repartis dans mes pensées. Peter était encore dans la maison des Pizers alors que la mère Pizers devait être inconsciente, allongée sur le tapis du bureau. Une heure avait dû s'écouler depuis les événements qui ont chamboulé toute ma théorie.

« Savais-tu que ton frère se faisait hypnotisé par Éloise Pizers ?

– Quoi ?! s'exclama Lauren avec surprise.

– Pourquoi il faut que tout soit si compliqué, soupirai-je de lassitude alors que je vis Sebastian entrer dans la chambre. Bon, on récapitule. Éloise Pizers utilise Peter grâce à de l'hypnose. Dans quel but ? Son fils va bientôt nous le dire. »

Avec un sourire, je le regardai, patiente. Les autres regards se posèrent aussi sur lui. Le médecin se gratta la nuque d'un air gêné.

« Je ne le sais pas vraiment... »

Je sentais qu'un mal de crâne allait se pointer... 

Les Changeurs de Destins - GrimviceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant