Chapitre IX : Les alliés.

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Sean inspira profondément en se rendant compte qu'il venait d'écrire six pages d'une traite. Il ne s'était pas arrêté une seule fois ne serait-ce que pour réfléchir !

Il le savait pourtant, l'enjeu était énorme. Il était bien plus sûr de prendre son temps et de ficeler son scénario comme il se doit. Mais, ayant écrit toute sa vie à l'instinct, il était juste incapable de faire autrement.

Et là, par exemple, il avait une idée en tête, mais ne savait toujours pas les détails de ce qui allait se passait. Il était en train de prendre un risque dont il était on ne peut plus conscient. Ce qu'il ignorait, c'était un autre risque qu'il prenait, et qu'il allait découvrir, le moment venu...

Il aperçut l'ombre d'une personne devant lui et se retourna pour retrouver Corvus, les bras croisé, le regard sceptique posé sur le cahier.

« Tu as commencé, à ce que je vois », remarqua-t-il alors qu'il se penchait pour ramasser l'objet, curieux de lire ce que Sean avait bien pu écrire.

Sean ne dit rien. Se levant, rabaissant encore plus sa capuche sur son visage, il se contenta d'attendre que son coalisé ait fini le chapitre.

« Quel est ton plan ? » Demanda Corvus. « Tu veux regrouper tout le monde à Londres, c'est clair, mais pour quelle raison ? »

« Ça ne te regarde pas », répondit le jeune écrivain.

« Tu gagnes du cran, on dirait », lança Corvus d'un air moqueur. « Je t'ai trop marché dessus ? »

« Rend-moi mon carnet. »

« Juste un conseil. Si tu veux avoir un minimum de prestance, change de ton, et surtout, parle plus fort. »

Il lui donna le cahier et rajouta d'un air un peu plus sinistre :

« Et n'oublie pas que ton destin repose entre mes mains. »

« Tout comme le tiens repose entre les miennes. »

Lâchant un soupir, le plus grand des deux tourna le dos, prêt à rebrousser chemin.

« Je ne sais pas quel genre de personnes tu es. De ce fait je ne sais pas à quel point je peux te faire confiance pour écrire, seul, toute une histoire. »

Sean ne chercha même pas à lui répéter qu'il avait déjà fait cela deux fois auparavant.

« Alors je garde un œil sur toi. C'est peut-être ton histoire, mais je ne te permettrai pas de faire une bêtise qui nous coûtera notre existence à tous les deux. »

Il avança quelques pas puis s'arrêta.

« Suis-moi, il faut vraiment tout te dire ? »

« Où ? »

« Chez moi, imbécile ! Que vont penser les gens s'ils te voient parler seul ? C'est ma réputation qui est en jeu ! »

Il était vrai que personne ne pouvait voir Corvus. Sean pensa qu'il devait garder se détail dans un coin de sa tête. Il pourrait être utile.

« Je suis bien ici », répondit-il. « Tu peux partir, toi. »

Avec un soupir, Corvus se retourna, et posa sur lui le regard le plus effrayant qu'il pouvait avoir.

« Écoute-moi très bien, petit, tu vas venir avec moi, et m'expliquer en détail ce que tu comptes faire. Compris ? »

Ne lui laissant même pas le temps de répondre, il l'agrippa par les épaules et le tira de force. Sean ne lutta pas, il savait que l'autre pouvait même le porter s'il le voulait. Mais il savait, Corvus avait beau être supérieur physiquement, lui, Sean, avait entre les mains tout le pouvoir de cette histoire. Et peu importe comment on voyait les choses, Corvus avait besoin de lui.

La Fin InfinieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant