Chapitre IV : Le nouveau monde.

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Le son d'une cloche. Un enfant qui court de plus en plus vite. Il trébuche sur une petite pierre et tombe par terre.

Commençant à sentir la douleur, il s'appuie sur ses deux mains pour se relever. Une fois agenouillé, il ressent du sang glisser de son front. Sa mère lui répétait toujours de se protéger le visage avec les mains lorsqu'il tombait, mais il n'avait jamais de bons réflexes.

Il a mal. Déjà, ses larmes se joignent au fil de sang, lui troublant la vue. Il pleure. Il ne sait rien faire à part pleurer.

Une femme le rejoint en courant. Elle s'agenouille à côté de lui et passe le bras derrière son épaule.

« Chéri, est-ce que ça va ? » Demande-t-elle d'une voix inquiète.

Tout en continuant de sangloter, il lève la tête et lui montre sa blessure du doigt.

La femme laisse alors échapper un soupir de soulagement.

« Mon Dieu ! Tu m'as fait peur ! Je croyais que tu étais blessé. »

« Mais je suis blessé ! » Arrive-t-il à articuler de sa voix haletante étouffée par ses pleurs.

Elle sourit.

« Ce n'est rien du tout, mon chou. Juste une petite égratignure. Je te répète tout le temps de ne pas courir, mais tu ne m'écoutes pas. »

« Mais j'ai du sang, regarde ! »

Sortant un paquet de lingettes de son sac, elle en prend une et lui essuie les quelques tâches rouges sur le visage.

«Allons, c'est plus de peur que de mal. » Elle lui montre les traces de sang sur la lingette. « Regarde, il y en a très peu. »

Elle froisse le tissu et se relève, puis lui tend la main.

« Allez, lève-toi. On est déjà en retard. »

Il sent son cœur se serrer. Elle s'en fiche de lui. Sa propre maman le voit blessé, pleurer, et elle ne s'en soucie pas le moins du monde.

« Tu viens, Sean ? » Répète-t-elle en se penchant un peu plus.

Il se lève sans prendre la main qu'elle lui tend, s'essuie les larmes qui baignent son visage et rajuste son cartable sur son dos.

« Regarde, tu as sali ton pantalon ! » Elle le réprimande en époussetant ses vêtements. « Que vas dire la maîtresse quand elle te verra dans cet état ? »

Il détourne la tête. « Que va dire la maîtresse ? » Il était blessé, et s'était tout ce qui comptait pour elle.

« Elle va sans doute me demander pourquoi je ne suis pas aussi sage et soigné que mon grand-frère », répondit-il d'une voix lasse.

« C'est parce que Maël est sorti vingt-minutes avant toi », explique la maman avec un petit ton de réprimande. « Alors que toi tu ne voulais pas sortir avant de finir une autre partie de jeu vidéo. »

Il ne dit plus rien, et ils continuent à marcher jusqu'à l'école. Naturellement, le portail est déjà fermé. Le gardien accepte de le laisser entrer après que la mère lui ait expliqué pourquoi ils étaient en retard, omettant le jeu vidéo et parlant uniquement de la chute de son fils. Il entre ; la cour est déjà vide.

Il se retourne vers sa maman. Elle lui fait un signe de la main et s'en va, le laissant seul. Seul, comme toujours.

« Allez, reste pas planté là », gronde le gardien. « T'attends quoi pour aller en classe, petit garnement ? »

La Fin InfinieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant