Le début du voyage

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À peine franchit-elle la porte qu'elle fut entourée par sa famille adoptive et Robin. Tout le monde la fixait et elle rougit, gênée d'être au centre de toute l'attention.

Robin, lui, regardait surtout le Dofus qu'elle tenait fermement entre ses mains.

- J'y crois pas... C'est un vrai œuf de Dragon ! dit-il, l'air ébahi.

Il se précipita vers elle, les yeux rivés sur le Dofus, voulant à tout prix le toucher.

Ce que Danaé n'apprécia pas du tout. Elle fit alors une chose qui montra que le voyage allait et devait commencer. Au moment où il allait toucher l'œuf, elle commença à dire :

- Ne touche ...

Et soudain un portail, plus grand que les autres, apparut au-dessus de sa tête, descendit et la fit disparaître. Tous poussèrent des cris de surprise puis heureusement, un deuxième portail, semblable au premier, apparut verticalement et Danaé en sortit, aussi étonnée qu'eux. Une fois la surprise passée, Danaé dévisagea Robin d'un air buté puis lui dit :

- Si tu touches à mon Dofus, je te jure que tu le regretteras le reste de tes jours.

Robin la regarda un moment et croisa les bras derrière lui, un sourire contrit aux lèvres. Ethan la contempla tristement et lui rappela :

- Il est temps que tu te prépares à partir. Ta place n'est plus ici, elle est chez toi, sur Emrat. Tu dois t'en aller.

- Mais... je ne veux pas vous quitter ! Et puis... je ne connais personne ! Je n'ai pas d'argent ! Et je ne sais pas où aller !! Comment veux-tu que je me débrouille dans un monde que je ne connais pas ?!

- T'inquiètes pas, je te montrerai tout ce qu'il faut savoir, la rassura Robin. Et puis il y a une école pour les jeunes. La rentrée est d'ailleurs prévue demain. J'y rentrerais en même temps que toi. Je pourrais t'apprendre comment fonctionne Emrat, dit Robin en lui souriant. C'est en partie pour ça que c'est moi qui est venue te chercher, et pas un vieux schnok.

Danaé le regarda, méfiante, puis décida de lui faire confiance. Pour le moment du moins, le temps de vérifier si ses intentions étaient bonnes.

Sa mère ayant décidé de faire sa valise, Danaé décida de la suivre. Mais au lieu de se diriger vers sa chambre, sa mère adoptive alla vers la salle de bains. Elle la suivit, étonnée. Mais elles n'y entrèrent pas. Elles s'arrêtèrent juste devant : un simple mur orné d'un tableau banal. Danaé l'avait observé des dizaines de fois ; mais à présent, les vaches qui étaient sur le tableau avaient disparu ; il était maintenant surchargé de symboles, les mêmes vus toute la journée un peu partout dans cette maison qu'elle avait pourtant cru si bien connaître. Sa mère adoptive tapota le centre de la peinture qui émit un cliquetis. Sophia prit l'encadrement et tira, révélant une cache contenant deux sacs que sa mère adoptive lui tendit et lui fit signe de redescendre avec elle.

- Depuis quand sont-ils là ? balbutia Danaé, choquée de voir que tout était déjà prêt.

- Depuis des années. Tout a été fait pour que quand le jour de ton départ arriverait, tout soit opérationnel. C'est la moindre des choses que nous pouvions faire pour toi.

Danaé remarqua que sa mère adoptive avait les larmes aux yeux. Mais un sourire les remplaça l'instant d'après, pinçant le cœur de la jeune fille. Ils avaient tous redoutés le jour de son départ. Ils savaient qu'elle n'était pas leur fille, pas de leur planète, mais l'avait traitée comme tel.

- Je te laisse avec ce qu'ont laissé tes parents, ma chérie. Rejoins-nous quand tu seras prête, d'accord ?

- Oui, maman. Merci maman, répondit fermement Danaé, en insistant sur le « maman ».

Sophia hocha la tête, touchée par ce seul mot et s'éloigna, des larmes dévalant de nouveau sur ses joues.

Danaé se retrouva une nouvelle fois seule. Mais cette fois-ci, la solitude ne lui parut pas aussi relaxante qu'auparavant. Mal à l'aise et les mains tremblantes, elle empoigna ses deux sacs et alla s'installer dans sa chambre. Assise sur le lit, elle commença à sortir lentement ce qu'ils contenaient.

Le premier sac renfermait une bourse en cuir, sa carte d'identité, ses passeports, une pochette, plusieurs papiers, des cartes de crédit, des vêtements, des fioles, ...

Le deuxième sac était vide, ce qui la surprit. Pourquoi lui donner un sac vide ? Puis elle vit les dragons qui l'ornait et comprit. C'était le sac qui contiendrait le Dofus d'Anouka, ce qui expliquait qu'il n'y ait rien dedans.

L'inspection des sacs terminée, elle décida de faire le tour de sa chambre, pour prendre des affaires qu'elle mettrait là-bas, des choses auxquelles elle tenait, ... Elle devait enlever tout ce qui la caractérisait, ne laissant derrière qu'une chambre vide. Après tout, elle n'avait été qu'une locataire, qui comprend enfin qu'elle doit partir sans laisser de traces derrière elle. Mais malgré tout, cette pièce, non, cette maison lui manquerait. Les pièces claires, les fenêtres hautes, ...

C'était ce qu'elle avait connu ces dix dernières années.

Mais ce monde n'était pas le sien. Elle fit un dernier tour, ravalant péniblement ses larmes, et après une seconde d'hésitation, fourra son journal intime dans le premier sac, le plus grand.

Avant de refermer la porte, elle jeta un dernier coup d'œil. Cette chambre, la sienne, sera le dernier souvenir heureux qu'elle conservera de cette maison.

Déterminée mais le cœur lourd, elle claqua la porte et aussi celle de ce monde qui n'était pas le sien.  


L'Éternal, livre 1 : Le Réveil de la Princesse EliatropeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant