Chapitre 28-1 : Effroi

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Le rouquin me fixait, mélange de peur, de méfiance et de soulagement. Je fis un pas délicat vers lui, mais celui-ci recula de nouveau, prudent. Je le dévisageai alors, horrifiée par toutes ses blessures. 

Même s'il le cachait par son manteau, j'aperçus son t-shirt déchiré par endroits. On pouvait clairement voir de longues griffures, même si elles n'étaient pas trop profondes. Elles ne saignaient pas, il avait pris le temps de les nettoyer. La cicatrisation avait commencé depuis un moment déjà. 

Je me rendis compte tout doucement que ces griffures avaient dû être provoquées par moi. 

Dans ma folie, je l'avais énormément blessé. Son visage ne possédait qu'une légère éraflure, sur le bas de la mâchoire. Il me fixa, essayant sûrement de déterminer si j'allais de nouveau l'attaquer. Il ne boitait pas, et n'avait pas l'air de trop souffrir.

D'un côté, j'étais rassurée, il n'exprimait pas de souffrance, mais de l'autre, je ne savais pas si c'était vrai. Est-ce qu'il ne faisait que la cacher ? Au fur et à mesure que je le détaillais, la culpabilité me rongeait de plus en plus. J'étais mortifiée, mon cœur se serrait de lui-même. 

J'aurais tellement aimé pouvoir retourner en arrière, m'enfuir avant de le blesser. 

Je restais pétrifiée, ne sachant pas vraiment comment je devais réagir. J'étais enfermée dans une bulle, le temps s'écoulait autour de moi sans que je ne m'en rende compte. Je vis alors sur mes mains quelque chose que je n'avais pas remarqué. 

Du sang. Partout, sous mes ongles, aux creux de mes paumes. Cette fois-ci, ce fut moi qui reculai, effrayée par ce que j'avais fait. J'aurais pu le tuer, lui crever les yeux. Je mis mes mains sur ma bouche, car contre toute attente, j'avais la nausée. 

Je me faisais horreur. Je me dégoûtais. Je me transformais en monstre. Je ne pouvais plus bouger. Je restais stoïque, mon cerveau refusait d'assimiler les informations. Enfin, il ne voulait pas les admettre. 

Il me fallut un moment pour réaliser qu'à moins que Zéphyr n'ait une blessure bien plus grave quelque part, le sang ne pouvait pas venir uniquement de lui. Je me rappelais ma course dans les bois, je m'étais éraflée d'un peu partout. Mes paumes étaient en effet couvertes d'estafilades, manifestement provoquées par des branches.

Cela me rassura quelque peu. Mais ce qui me rongeait, c'était ma capacité à le blesser. Il aurait suffit qu'en un mouvement je lui crève les yeux. J'aurais pu le blesser bien plus gravement. J'aurais pu le tuer.

Zéphyr continua de me scruter sans bouger. Il se passa un très long moment pendant lequel lui me fixait, alors que mon regard était rivé sur mes mains. Puis la panique commença à me gagner. Mais je tentai de me ressaisir. Je respirai lentement, tentant de me calmer. Je ne voulais pas lui faire peur de nouveau.

Au bout d'un temps incertain, je pus y voir plus clair. La priorité était de voir dans quel état, aussi bien psychologique que physique se trouvait Zéphyr. Je ne doutais pas que ma réaction avait dû beaucoup l'effrayer. Je me concentrais du mieux que je pouvais. Une fois que j'y arrivai, je lui parlai tout doucement.

– Je suis désolée. Je ne vais rien te faire, je te le promets, assurai-je d'une voix que je voulais affirmée et rassurante.

En vérité, je ne savais pas vraiment si j'allais ravoir une crise. Mais la réponse tendait plus vers la négative. Si je restais calme, tout devrait bien se passer.

Je vis la pomme d'Adam de Zéphyr bouger, mais il hocha la tête pour me signifier qu'il avait compris. Il était plus calme et courageux que je ne l'aurais été. Il ne laissait rien transparaître, je ne pouvais pas deviner ses pensées. Il prenait bien soin de les cacher. Puis il souffla un bon coup, et me regarda droit dans les yeux.

Mutante - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant