Mutante - Tome 1

Chapitre 32-1 : Contrôle

– Tu... tu t'es vue dans un miroir ? bégaya Lucy tout bas, tombant presque de sa chaise.

La Cantine était bondée, nous attendions nos amis. J'avais encore un peu de mal à digérer ce qu'il s'était passé, et les hypothèses que nous avions émis. Lucy se frotta le front, fronçant les sourcils tandis que je hochai la tête.

– J'ai réussi à me contrôler tout le long. J'ai pu observer tout autour de moi, je voyais tout... c'était simplement démentiel, chuchotai-je, encore fascinée par ce souvenir.

J'avais raconté à ma meilleure amie ce qui s'était passé. Après avoir désactivé le fluide la deuxième fois, Miller m'avait demandé ce qui s'était passé, et je lui avais tout expliqué. Ce que j'avais vu, ce que j'avais ressenti. Le calme dont j'avais fait preuve n'était dû qu'au contrôle que je m'étais efforcée de conserver. 

Mais comment j'avais pu réussir à me garder sereine à ce point, cela restait un mystère pour moi. Enfin, plutôt, comment j'avais réussi à appliquer les conseils de Miller en ce qui concernait le contrôle de soi. Nous l'avions travaillé, mais jamais encore cela n'avait réellement porté ses fruits. Peut-être commençai-je à progresser quelque peu.

Miller m'avait demandé si mes canines étaient sorties, mais ni elles, ni mes ongles, n'avaient bougés. Pas plus que mon dos. Car ce qui avait arrêté la première crise, c'était un coup puissant que j'avais ressenti dans le dos. Je ne l'avais pas encore regardé, j'avais direct filé à la Cantine. 

Miller m'avait déclaré qu'il m'avait juste vu tomber à terre, en me cambrant et en criant de douleur. Mais rien n'avait percuté mon dos. J'étais impatiente, et à la fois effrayée d'aller le voir. J'avais peur de découvrir quelque chose d'horrible. Qu'allais-je dénicher ? 

En dehors de tout ça, il me faisait un peu mal, me tirait plus qu'autre chose. Je tapais nerveusement la cadence sous la table. Lucy le remarqua, levant un sourcil. Je me forçai à rester tranquille, mais c'était plus qu'ardu. Des bruits de pas se firent entendre, et Zéphyr arriva. Il fut rapidement suivi de Théophile, Vladimir et Tina. Les deux amoureux étaient très distincts. 

Vlad était timide, Tina beaucoup plus extravertie. Vladimir et moi nous étions liés d'amitié après notre combat. Nous discutions des gens de la classe, comment nous les trouvions et qui nous apprécions. J'avais raconté en quelques mots à Lucy ma séance avec Miller, et elle attendait la suite avec impatience. Mais cela devrait attendre, il n'était pas question d'en discuter en présence de nos amis. 

Nous commençâmes à analyser les personnes de la classe, et puisque l'on était cinquante, il y avait du monde.

– Zhora est sympa je trouve, annonça Théophile. Elle est franche mais sympa.

– Moi je trouve qu'Ella est bizarre, déclara à son tour Tina, en tressant ses longs cheveux noirs.

Les reflets de sa chevelure étaient assez impressionnants, même si leur épaisseur devait quelque fois la gêner pendant les combats.

– Bizarre ? répéta Lucy, à la fois intriguée et sur la défensive.

– Au début de l'année, elle jouait la peste, maintenant elle est un peu plus sympa, même si elle a toujours un sacré caractère. Vous traîniez ensemble un moment d'ailleurs ?

– Oui, c'est vrai, répondis-je. Mais elle a souffert à cause d'un événement.

– Pourquoi vous n'êtes plus amis ? nous demanda ouvertement Tina.

Lucy, Zéphyr et moi nous regardâmes. Ella était en froid avec nous, mais étions toujours amis pour autant ? On ne savait pas trop quoi penser. On ne se parlait plus, ce n'était que de l'évitement.