Chapitre 36-2 : Pensée

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Il commençait tout doucement à parcourir mes veines, je le laissai faire. Comme quoi, c'était en arrêtant de chercher et de forcer que l'on trouvait ce que l'on voulait !

J'eus un sourire en coin, quand enfin, ma vision devint rouge. Avant de poursuivre, je fis un peu de respiration, pour être certaine de ne pas perdre le contrôle, où autre chose du genre. Mes crises précédentes me servaient de leçon. Tout était une question de timing, je n'avais pas on plus tout mon temps, surtout avec le fluide activé. 

Je me levai rapidement, et examinai mon environnement. J'eus un hoquet de stupeur. Le plafond se trouvait à peine à deux mètres au dessus de ma tête. La pièce continuait largement en profondeur. En somme, c'était un sous-sol, comme l'avait dit Rilvan.

Mais comparé à la réserve précédente où m'attendais mon ami, c'était juste... délirant. Foldingue, déraisonnable. On ne pouvait imaginer pièce plus grande. En regardant le sol, je vis que en effet, je ne pourrai jamais sauter. Tout simplement parce que j'en mourrai à coup sûr. Comme me l'avait dit Rilvan, Les étagères étaient tout de même assez proches pour que je puisse sauter dessus. Le problème était que j'allais prendre des jours pour trouver quelque chose dans ce bric à brac !

Enfin, heureusement j'avais les numéros. Mais comment faire pour savoir comment ces livres étaient rangés ? En continuant d'observer les alentours, je remarquais une fente dans le coin de la pièce, seule source de lumière. Il me faudrait voler pour survoler tous les livres. Et encore. Sans échelle, c'était mort. Grimper sur les étagères, je voulais bien, mais à l'aveuglette je n'aurai jamais le temps ni la force. Il me faudrait de l'aide, ce que je ne peux pas avoir. En plus, mon dos commençait à me faire souffrir. Bon sang, comment faire ! Devais-je quitter la pièce et trouver une autre solution ? Je ne voyais rien d'autre à faire.

Je me creusais malgré tout les méninges, mais rien n'y fit, j'étais bloquée. Et aucune échelle ou escabeau dans le coin. Mme. Riss l'avait-elle enlevé après le passage de Rilvan ? Je commençais à douter de son aide. Je ne voyais aucune solution. Mains sur la tête, je tirai mes cheveux, cherchant quoi faire. Je ne savais pas quelle décision prendre.

Dépitée, alors que j'allais retourner dans la première réserve, un bruissement d'ailes se fit entendre. Je me figeai, ne sachant pas ce que c'était. Enfin si, je le savais. Mon instinct me l'avait fait comprendre. Comme téléguidée, je me retournai, et tendis mon bras en avant, à la façon d'un perchoir. L'ababil vint se poser dessus. Son poids me fit presque tomber. Je respirais lentement, tentant de comprendre ce qu'il se passait.

Il venait de se poser sur mon bras. Il venait de se poser sur mon bras ! La panique ne me gagna pas, au contraire, j'étais prise d'une étrange sérénité. J'avais confiance en cet animal. L'ababil avait l'air docile, rangeant sagement ses crocs. Je l'observais quelques instants. Ses plumes ébènes, ses yeux écarlates, il possédait une certaine beauté. J'en étais fascinée. Je me surprenais moi-même, à rester calme. Que se passait-il dans ma tête ? Est-ce que ma partie Mutante prenait le dessus ? Je chassai ces pensées, ce n'était pas le moment. 

L'ababil devait peser une bonne dizaine de kilos. Je remerciai ma force musculaire. Mais c'était à se demander comment il s'était faufilé à travers la fente. Il me fixa droit dans les yeux. Je reculai la tête par réflexe plus que par peur. Je tentais de comprendre ce qu'il attendait. Enfin pour ça, je devais décrypter ce qu'il venait de se passer.

J'avais appelé de l'aide, et lui était venu. L'ababil attendit que je fasse un mouvement. Je le fixai à mon tour droit dans les yeux, bien qu'il ne voit pas les miens. Il n'activait pas le fluide. Il ne pouvait donc pas se rendre compte de ce que ses iris fixaient. Je déglutis difficilement, prise au dépourvu. Mais dans une tentative folle, je lui parlai.

– Je cherche deux livres. Tu peux m'aider ? murmurai-je avec hésitation.

Il ne répondit rien, ne fit aucun mouvement non plus. Je m'attendais à quoi ? Je me mis une gifle mentale pour ma bêtise. L'ababil me picota alors le bras.

– Eh ! m'exclamai-je avec appréhension, croyant qu'il allait m'attaquer.

Mais il ne le fit qu'une fois, et se tourna vers mon autre bras. Je le fixai, ne comprenant pas vraiment. Au moment où je le levai, l'ababil sauta dessus. Je faillis crier. Je pensais alors à mon autre bras, et encore une fois, il bondit dessus, non sans me laisser quelques griffures au passage. Il avait fait ce que j'avais pensé mentalement ! Je pouvais lui ordonner des choses !

Il me fallut quelques secondes pour digérer cela. Il comprenait ce que je pensais. C'était démentiel !

Je pensais alors très fort aux numéros d'emplacement des deux livres. Le Mutant pencha la tête sur le côté. Qu'étais-je bête, évidemment il ne pouvait pas faire les deux en même temps ! Je pensais alors à un seul d'entre eux. Cette fois-ci, l'oiseau pencha la tête de l'autre côté. Raah ! Puis le chemin se fit en moi. Résonne comme un animal, pas comme un humain.

Il ne fallait pas penser au numéro, il me fallait visualiser ! Je pris alors une grande inspiration, et m'imaginai la couverture du livre, le titre écrit en Scriatés. Quand j'ouvris les yeux, l'ababil déployait ses ailes, et se renversa en arrière. Je crus qu'il allait s'écraser, mais il frôla le sol et commença à planer près des bibliothèques. Je m'accroupis sur le rebord de la plate-forme, extasiée devant ce spectacle unique. Il continua son tour pendant dix bonnes minutes, puis s'arrêta à un endroit. Il prit un livre avec ses pattes qu'il tira à moitié. Ce bouquin se trouvait sur une étagère à environ dix mètres.

L'ababil resta planté à côté, se tournant vers moi. Je me levai alors, et décidai de sauter sur la première bibliothèque. Le Mutant revint en attendant près de moi. Il se posa sur mon épaule, attendant mes ordres. Je pensais alors au livre de Rilvan. 

L'ababil repartit à la recherche, alors que je sautai de bibliothèque en bibliothèque. Le fluide aidait énormément dans ce cas-là. Je continuai mon parcours jusqu'à atterrir sur la bonne bibliothèque. Mes compétences en escalade m'étaient réellement utiles à cet instant. Je repris quelques secondes mon souffle et cherchai le livre des yeux. Mais avant de faire un pas de plus, je localisai les caméras. Elles se trouvaient en hauteur dans chaque coin. J'en dénombrai quatre. C'était très peu pour une réserve pareille. 

J'allais descendre quand un reflet m'arrêta. 

Mutante - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant