Chapitre 8

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  Hector courut jusqu'à la porte d'entrée et se mit à gémir. Raphaël se leva à son tour pour rejoindre le chien et lui faire comprendre que Laura reviendrait bientôt. Lisa se dit que le chien venait peut-être de lui épargner un tête à tête désagréable avec le jeune homme, mais malheureusement, ce dernier revint s'installer près du feu, suivit de près par Hector qui grimpa sur le canapé à côté de Lisa pour se coucher sur ses genoux, oubliant sa taille et son poids qui n'étaient pas ceux d'un chiot !

- Hector vous a déjà adopté. » Fit remarquer Raphaël pour briser le silence.
- Moi aussi, c'est un chien adorable. » Répondit seulement Lisa tout en caressant Hector.
- J'aimerai revenir sur un sujet qui ne va pas vous plaire mais j'aimerai vraiment savoir si vous faites souvent des crises d'angoisse comme la nuit dernière. » Reprit le jeune homme avec calme.
- Et je vais devoir vous répétez que vous n'êtes pas mon médecin. Ne faites pas semblant de vous souciez de moi alors que vous ne m'appréciez absolument pas. » Lui lança la jeune femme d'une voix mauvaise.
- Vous ne m'aimez pas plus, vous m'avez frapper ! » Rappela immédiatement Raphaël comme pour se défendre.
- Vous m'avez accueilli comme une merde et vous m'avez insulté ! » Répliqua à son tour Lisa, de plus en plus agacée.
- Je ne m'excuserai pas ! » La prévint le jeune médecin tout en relevant le menton d'un air fier.
- Moi non plus ! » Ajouta la jeune femme en croisant les bras sur sa poitrine.
- Vous devriez pourtant, vous êtes chez moi ! » Fit remarquer Raphaël d'une voix de plus en plus forte.
- C'est aussi chez moi maintenant je vous signal ! » Rétorqua Lisa en se levant d'un bond, obligeant Hector a déménager.
- Seulement sur les papiers, mais dans la réalité, je ne vous laisserai jamais cette maison ! » Cracha le jeune homme en se levant à son tour pour lui faire face.
- Vous recommencez ! Je n'ai jamais rien demandé à Henri ! J'ai même tout fait pour qu'il me laisse tranquille, qu'il me lâche un peu mais il était têtu, il voulait que je vive, il m'a sauvé la vie plus d'une fois ! Vous êtes jaloux mais vous n'avez aucune raison de l'être, nous n'avions aucune relation, je ne faisais que l'envoyer chier !
- A croire que vous ne savez faire que ça !
- C'est tout ce que j'ai connu ! J'ai jamais connu l'amour d'un père et d'une mère comme vous, j'ai jamais eu cette chance là, moi, on m'a juste foutu à la porte parce qu'on voulait pas de moi ! Et regardez-vous, vous qui avez tout eu, une famille, une nourrice merveilleuse, un chien, une maison, de l'argent, vous êtes là à vous plaindre parce que votre père a accorder de l'attention à quelqu'un d'autre que vous !
- Je ne lui en veux pas parce qu'il a accorder de l'attention à quelqu'un d'autre, je lui en veux parce qu'il ne m'en a jamais accorder à moi ! A partir du moment où ma mère est morte, à ses yeux, j'ai cessé d'exister aussi !
- Je n'ai jamais existé pour personne ... » Termina Lisa d'une voix faible qu'elle regretta immédiatement.
Cela eut le mérite de calmer Raphaël. Il se laissa tomber de nouveau dans son fauteuil en soupirant.
- Excusez-moi. » Dit-il d'une toute petite voix.
- Pardon ? » S'étonna sincèrement la jeune femme en le fixant avec des yeux ronds.
Le jeune homme leva la tête vers elle et ne put retenir un léger sourire en découvrant l'expression de Lisa.
- Je ne me suis jamais demandé à quoi pouvait bien ressembler votre vie avant que vous n'arriviez ici. Dès l'instant où mon père m'a parlé de vous, je vous ai détesté. Mais j'imagine que vivre dans la rue n'a rien de facile et vous faites des crises d'angoisse plutôt violentes, ce n'est pas anodin. Je m'en prend à vous parce que mon père n'est plus là pour que je puisse m'en prendre à lui. C'est ridicule.
- On s'en prend à qui on peut ... Je m'en prenais bien à votre père alors qu'il était le seul à m'aider ... Le fait est qu'on a tous les deux des caractères de merde !
- Pour une fois, je suis d'accord avec vous ... Vous avez lu la lettre qu'il vous a laissé ? Il me l'a fait lire avant de la confier à son avocat.
- Je ... non ... Je ne l'ai pas lu ... » Répondit Lisa avec gêne.
- Pourquoi cela ? » Questionna Raphaël, surprit.
- Je ... Je ... N'avais pas envie ... » Bégaya la jeune femme sans oser le regarder.
- Vous ne savez pas lire c'est ça ? » Comprit-il immédiatement.
- Quoi ? Non ! Bien sûr que non ! Enfin je veux dire, je sais lire bien sûr ! » Tenta tout de même Lisa.
- Il n'y a aucune honte à avoir ... » La rassura Raphaël d'une voix douce.
- Bien sûr que si ! » S'énerva immédiatement la jeune femme.
Elle quitta de nouveau le canapé mais le jeune homme la suivit et l'arrêta en lui attrapant la main.
- Je vais vous la lire. Allez la chercher. C'est important. »

Lisa regarda la main du jeune homme qui serrait la sienne puis son regard planter dans le sien et ne put résister. Elle hocha la tête et grimpa rapidement jusqu'à sa chambre tout en se demandant comment ils en étaient arrivés là tous les deux. Pourquoi se sentait-elle si bien lorsqu'il la regardait avec ce regard là, lorsqu'il la touchait, lorsqu'il lui parlait gentiment ? Il y a quelques heures encore, ils se détestaient. Maintenant, elle avait l'impression qu'ils étaient loin de se détester. Pourtant, il ne s'était pas passé grand chose, à part qu'ils s'étaient un peu plus confié l'un à l'autre. C'était peut-être cela qui avait tout déclenché.

La jeune femme récupéra la lettre cachée sous le matelas de son lit puis redescendit. Elle retrouva Raphaël dans le salon, assit dans un coin du canapé. Elle s'approcha et s'installa à côté de lui, en prenant tout de même soin de mettre une distance de sécurité entre eux deux. Puis elle lui tendit la lettre sans un mot et Raphaël l'ouvrit. Lisa ne savait pas à quoi s'attendre et elle était gênée de ne pas pouvoir lire cette lettre part elle même et seule dans son coin.

- « Chère Lisa, je sais que tu m'en veux de t'avoir sauvé cette nuit là, quand tu étais en train de mourir de froid sous la neige. Tu ne voulais plus vivre, tu ne voulais plus affronter cette vie qui était la tienne et je t'y ais obligé. Je ne regrette rien, je ne m'en veux pas et si c'était à refaire, je recommencerai. Pourquoi ? Parce que je suis têtu, tu es en train de te dire. C'est vrai, mais aussi parce que tu es jeune et que tu dois comprendre que ce n'est pas parce que les vingt premières années de ta vie ont été compliqué que les vingt prochaines le seront également. C'est parfois dur de s'accrocher à la vie, j'en ai conscience. Moi-même, je me suis retrouvé face à ce dilemme quand ma femme est morte. Et oui, tu dois être surprise mais j'ai eu une femme et un fils. Pourtant, je me suis accroché à la vie et j'ai eu la chance de voir mon fils devenir médecin et de te rencontrer. Si toi aussi, tu t'accroches un peu, tu auras la chance de rencontrer plein de gens, certains que tu détesteras, d'autres que tu aimeras jusqu'à ta mort. C'est ça, la vie.
Aujourd'hui, je veux que tu accepte cette petite part de mon héritage, que tu te batte contre mon fils qui sait être aussi têtu que son père mais qui a tout autant de cœur. Je veux que tu viennes vivre dans ma maison, et cette fois-ci, tu ne peux pas dire non à un mort. Je t'ai laissé de l'argent dans la chambre qui t'attend et qui, je l'espère, deviendra tienne, Laura t'en parlera. Je veux que tu t'en serve pour te refaire une beauté. Tu es belle, je ne suis pas en train de dire le contraire, mais tu ne peux pas nier que tes vêtements ne te mettent pas en valeur. Je veux que tu te fasses plaisir et que tu te recommence à vivre vraiment, pourquoi pas en trouvant un travail et en volant de tes propres ailes. Tu n'es pas obligée de rester dans cette maison toute ta vie, ni de la garder. Je souhaite seulement qu'elle puisse t'aider à démarrer une nouvelle vie.
Que tes vingts prochaines années soient pleines de bonheur et de belles rencontres ...

Ton vieux chnoque, Henri. »  

Un nouveau Noël pour une nouvelle vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant