Lisa et Raphaël quittèrent la maison avec Hector juste après le repas. Laura les chargea de faire quelques courses sur le chemin puis fit semblant d'aller faire la vaisselle dans la cuisine. En réalité, elle se posta derrière la fenêtre pour les regarder s'éloigner tous les deux, assez proches pour se frôler sans pour autant se toucher.
- Tu trembles. » Lui fit remarquer Lisa avec un grand sourire.
- Pas du tout ! » Protesta Raphaël alors même qu'il mourrait de froid.
- Tu devrais rentrer. » Proposa la jeune femme d'une voix douce.
- Décidément, tu n'as vraiment pas envie que je t'accompagne ! Je pensais que tu aimais bien pourtant quand on faisait ça.
- Ce n'est pas ça, tu as juste vraiment l'air d'être mort de froid ! » Ria-t-elle avant de lui attraper le bras pour s'accrocher à lui.
- Ça va ! » Mentit-il, ravi de la sentir contre lui.Ils marchèrent en silence jusqu'à la ville. Raphaël avait envie de poser au moins mille questions à la jeune femme sur son ancienne vie mais il n'osait pas. Elle n'avait pas refait de crise d'angoisse depuis deux semaines maintenant et il avait peur que ses questions ravivent de mauvais souvenirs chez la jeune femme. Pourtant, il voulait tout savoir de sa vie, surtout depuis qu'elle lui avait fait comprendre qu'elle n'avait jamais connu ses parents et qu'elle avait été jetée à la rue. S'il ne lui posait pas de questions, c'était aussi parce qu'il redoutait qu'elle lui pose des questions à son tour, sur sa vie, sur sa mère. Il n'avait pas envie d'en parler, pas encore.
- Tiens, je prends Hector et toi tu vas acheter ce qu'il faut. Je vais faire le tour du parc avec lui et on se retrouve ici ?! » Décida soudain Lisa, le sortant de ses pensées.
En effet, ils étaient déjà arrivés en ville. Raphaël accepta et regarda la jeune femme s'éloigner. Il savait qu'elle était débrouillarde mais à chaque fois qu'il devait la laisser seule dans la ville, il redoutait que son ancienne vie la rattrape. Il ne pensait pas avoir raison. Il regarda la liste de courses que lui avait laissé Laura et acheta tout ce qu'il fallait. Lorsqu'il ressortit, Lisa n'était pas là. Pourtant, elle faisait souvent le tour du parc en courant, pour permettre à Hector de se défouler un peu et parce que ça lui faisait du bien à elle aussi. Elle aurait dû être là, le parc n'était pas si grand. Inquiet, il décida de faire le tour du parc. Peut-être qu'elle s'était arrêtée sur un banc ou que Hector s'était blessé, après tout, c'était un vieux chien maintenant. Pourtant, au fond de lui, il savait que ce n'était pas ça.
Il marcha rapidement, doublant ceux qui se promenaient tranquillement. Puis enfin, il la vit. Hector se tenait devant elle et grognait sur deux hommes qui semblaient s'adresser à Lisa. Le chien leur montrait les dents et n'était retenu que part Lisa qui l'empêchait de leur sauter dessus. Elle avait les poings serrés et ne souriait pas. Raphaël s'empressa de la rejoindre et la prit instinctivement par la taille lorsqu'il arriva à son niveau.
- Un problème ? » Questionna-t-il en regardant les deux hommes d'un air mauvais.
- Non, on discutait, c'est tout. » Répondit l'un d'entre eux avec un sourire en coin.
Raphaël rêvait de lui en mettre une pour le simple fait qu'il avait approché Lisa mais il se retint.
- C'est bien, malheureusement je vais devoir mettre fin à cette discussion, il est temps pour nous de rentrer, en plus de ça le chien n'a pas l'air de vous apprécier, je n'aimerais pas qu'il me crée des problèmes en vous mordant quelque part. » Répliqua le jeune homme sur le même ton faux cul.Il n'attendit pas que les deux autres répondent et entraîna Lisa avec lui sans un mot de plus. Ils marchèrent tranquillement jusqu'à la sortie du parc puis reprirent leur route en direction de la maison. Hector finit par se calmer et commença à traîner de la patte, fatigué par toutes ces émotions.
- C'était qui ces mecs ? » Questionna Raphaël un peu trop froidement alors qu'il avait déjà parcouru la moitié du chemin.
- Personne ... » Répondit seulement la jeune femme en se tenant à bonne distance de lui.
- Prend moi pour un con ! » Marmonna-t-il, plus en colère que jamais.
- C'est bon, calme-toi, il ne s'est rien passé ! Et puis en quoi ça te regarde ?! » S'énerva à son tour Lisa, fatiguée par son comportement.
- Ça me regarde !
- Ah oui ?!
- Oui ça me regarde bon sang Lisa parce que ça te concerne ! Et que au cas où tu ne l'aurais pas remarqué je me soucie de toi ! » S'emporta-t-il tout en s'arrêtant d'un coup sec, surprenant le chien qui tira sur sa laisse.
- OK ..., se reprit la jeune femme plus calmement, peut-être que j'ai juste pas envie d'en parler, d'accord. Alors s'il te plaît, calme-toi. »Raphaël soupira et hocha la tête. Mais la jeune femme voyait bien qu'il était toujours tendu et qu'il lui en voulait un peu. Alors, elle vint se coller contre lui, dans l'espoir qu'il la prenne dans ses bras et que cela le calme. Raphaël tenta de résister quelques secondes. Il voulait lui en vouloir de ne pas lui faire assez confiance pour lui raconter qui étaient ces types et ce qu'ils lui voulaient. Mais il était faible en sa présence, si bien qu'il la serra rapidement contre lui. Ensuite, ils rentrèrent en silence et se séparèrent à l'entrée de la maison, toujours un peu gênés l'un envers l'autre.
* * * * *
Raphaël dormait profondément lorsqu'il entendit Lisa hurler à pleins poumons. Les événements de l'après-midi lui revinrentt en mémoire et il pensa immédiatement aux deux hommes qu'ils avaient croisé au parc un peu plus tôt. En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, le jeune homme sauta hors de son lit et se précipita dans le couloir. Sans réfléchir, il poussa la porte de la chambre de la jeune femme, mais il n'y avait personne dans la chambre, mise à part Lisa, assise à même le sol, sous la fenêtre, toute recroquevillée. Elle pleurait et tremblait comme une feuille. Raphaël courut jusqu'à elle et se laissa tomber à ses côtés. Il la prit dans ses bras et Lisa hurla de plus bel tout en se débattant comme une furie.
- Lisa, c'est moi, Raphaël, ouvre les yeux, regarde-moi, regarde-moi, tout va bien, c'est moi, je suis là. » Tenta-t-il afin de la calmer.
La jeune femme fit un effort surhumain pour ouvrir ses yeux et les planter dans ceux de Raphaël. Elle se concentra sur sa voix et réussit à se calmer tout doucement. Lentement, elle se laissa aller contre lui, alors qu'il la serrait de plus en plus fort sans cesser de lui murmurer des mots rassurants. Laura les regarda depuis la porte puis décida de s'éclipser. Raphaël savait parfaitement comment gérer la situation, et cette fois-ci, Lisa semblait se laisser faire.