CHAPITRE I

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« Tu es mon ami ».


Cette phrase, je l'ai entendu un bon nombre de fois. Je la hais. Elle est peut-être  censée donner du réconfort mais moi elle me donne la nausée. Elle ne me donne pas l'impression d'être important. Non. Cette phrase ne fait qu'irriter mes tympans. Je ne prétends pas être trop bien pour mériter celle-ci. Je ne suis pas si ingrat mais... Cette phrase me consume un peu plus chaque jour. Pourquoi ? Parce qu'elle me fait comprendre que jamais il ne m'aimera comme moi je l'aime... Moi, Min Yoongi suis enchaîné à mes sentiments car jamais mon ami ne pourra m'aimer. Je souffre tellement mais les larmes ne coulent pas. Je ne sais pas si je dois garder espoir ou tout abandonner. D'un côté, je veux oublier. Nous sommes deux garçons... Je suppose qu'il ne voudra jamais de moi. Cependant, je veux m'accrocher à lui, à cet amour ! Peut-être parce que je n'ai jamais aimé avant. Après tout, qui aimerait quelqu'un d'aussi froid, lunatique, feignant que moi ? Pourtant, j'ai le sentiment que si je mets mes sentiments de côté maintenant, je n'éprouverai plus jamais ça après... Je ne sais même pas comment j'ai pu tomber amoureux. Tout ceci est ridicule. Si on m'avait dit que l'asocial que je suis serait épris de l'être le plus mignon et pur de Séoul je lui aurai ri au nez ! Pourtant... À présent, je ne ris pas. C'est bien réel. En même temps comment résister ? Il est si gentil, altruiste, poli, si gracieux et tellement magnifique... Difficile de résister à Jimin. D'ailleurs, je sais que je ne suis pas le seul à être fou de lui mais le concerné ne s'en rend pas compte. Il est si naïf mais ça le rend encore plus attachant.




La première fois que j'ai rencontré Jimin c'était quelques jours avant ma première année de collège. J'étais seul, comme à mon habitude, dans un parc profitant du dernier jour des vacances. J'étais assis sur l'herbe, à l'abris du soleil sous un sol pleureur, et j'observais la faune et la flore occupant l'étang face à moi. J'espérais trouver l'inspiration grâce à ce paysage coloré afin de dénicher des paroles pour une chanson sur laquelle je travaillais depuis un moment. Malheureusement, aucune idée ne me venait à l'esprit. Le néant. Je passai ma main dans mes cheveux d'un mouvement brusque, frustré. La rage pouvait se voir sur mon visage. Je lâchai un juron et jetai mon carnet ainsi que mon stylo. Je levai ma tête en direction du ciel et je soupirai en fermant les yeux. J'espérais que cette action me calmerait mais j'avais l'impression d'avoir un ouragan dans ma tête à cause du flot d'émotions qui me submergeait et qui m'embrouillait l'esprit. Je décidai d'ouvrir les yeux et de me replacer correctement afin de ne plus avoir la tête dans les nuages. Puis, tout changea. C'est comme si le bruit avait disparu, la végétation s'était effacée. Tout était blanc. J'étais seul dans cet océan incolore. Enfin seul avec lui. Cet ange. Mes yeux s'écarquillèrent face à cette beauté. Mon souffle se coupa lorsque ses yeux croisèrent les miens. J'étais comme envoûté. Je fus achevé par le petit sourire timide qu'il m'adressa. Je fus transporté dans un monde parallèle jusqu'à ce que les cris des enfants me réveillèrent de ma léthargie. Je me rendis compte que le garçon n'était déjà plus là et me mis à secouer la tête. Soudain, un flot de paroles surgit. Je sursautai et m'empressai de prendre mon carnet pour ne pas rater ne serait-ce qu'un mot. J'écrivis sans m'arrêter pendant deux heures consécutives et sans me préoccuper du bruit qui m'entourait. Lorsque j'eus fini, je m'empressai de rentrer chez moi.



Une fois arrivé à destination, je me rendis compte que mes parents n'étaient pas présents. Comme d'habitude. Leur absence me laissait, à présent, indifférent alors je courus jusqu'à ma chambre. Dans celle-ci, se trouvait mon piano, je m'assis rapidement sur le tabouret et posai mes doigts frêles sur les touches comme pour m'imprégner et ne faire plus qu'un avec mon instrument. Les notes de musique ainsi que ma voix grave résonnaient dans la pièce. Je fermai les yeux, je n'avais pas besoin de les garder ouverts, je connaissais mon piano par cœur. La musique fait partie de ma vie. Elle forme mon tout. Ça a toujours était une échappatoire pour oublier la solitude à la maison mais aussi à l'école. Sans la musique, je n'ai plus rien. C'était le cas il y a quelques mois. J'étais comme une coquille vide. J'avais perdu l'inspiration. Moi, le prodige. J'avais souffert et je m'étais acharné à réussir à réécrire, en vain. Cependant, depuis que j'avais vu ce garçon tout était revenu et j'étais parvenu à écrire à une vitesse déconcertante. Il était ma muse. Il fallait que je le revois. Il faut croire que Dieu m'avait entendu puisqu'à la rentrée je me retrouvai nez-à-nez avec celui qui avait bouleversé mes pensées. Il était là, dans ma classe, assis sur la chaise devant mon bureau. J'étais fasciné. Je n'écoutais rien du cours pendant toute la matinée, trop occupé à l'observer. Lorsque la sonnerie retentit pour indiquer l'heure de manger, je sursautais, surpris que les quatre heures passent si vite. Je rangeais mes affaires avec une lenteur presque affligeante et sortis avec la même vitesse de la salle. Après tout, je n'avais personne alors je n'avais pas à me dépêcher. Je me dirigeais vers un banc pour manger, je n'avais pas envie d'aller à la cafétéria. Je détestais le bruit et les regroupements de masse. Je profitai donc du soleil tout en croquant dans mon sandwich et en rêvassant. Soudain, une ombre plana sur mon visage et m'empêcha de recevoir les rayons chauds. Je levai paresseusement ma tête et faillis m'étouffer en découvrant la personne face à moi. L'ange... J'avais dû le fixer un peu trop longtemps car il commença à se triturer les doigts et à racler sa gorge pour attirer mon attention. Il était clairement embarrassé par mon comportement et aussi sûrement perturbé par mon regard froid. C'était les joues rosées qu'il se présenta à moi.



- Je m'appelle Park Jimin, enchanté ! J'ai vu que tu étais seul, j'espère que je ne te dérange pas ? Me demanda-t-il avec un petit sourire.

- Min Yoongi, lui répondis-je sans expression.

Le pauvre parut déconcerté par mon stoïcisme. S'il savait qu'au fond de moi mon cœur battait à tout rompre et que je m'empêchais de laisser apparaître sur mon visage un sourire béat...


Cependant, il ne se découragea pas et prit place à côté de moi en engageant la conversation. Le reste de la journée, il s'était installé à côté de moi en cours et en sortant du collège il m'avait demandé mon numéro de téléphone. Jour après jour, il restait avec moi et on apprenait à se connaître. J'avais appris qu'il vivait avec son père et son grand frère, un certain Jin. Ils ne roulaient pas sur l'or mais ils étaient soudés et son frère cuisinait très bien. J'ai appris qu'il faisait de la danse contemporaine et que par la suite il avait appris d'autres styles de danse. Je savais aussi qu'il était doté d'une magnifique voix lorsqu'il chantait. Nous avions plusieurs fois interprété des chansons, lui chantant et moi l'accompagnant en rap et avec le piano. Nous avions des situations familiales différentes, je faisais partie d'une famille aisée mais j'étais si seul alors j'allais souvent chez Jimin. Je pensais que le fait qu'il traine avec moi allait l'isoler du reste de nos camarades mais heureusement ce ne fut pas le cas. Jimin avait beaucoup d'amis et était très populaire. Néanmoins, il restait toujours le même, il était si simple et ça me rassurait. Notre amitié était sincère. Il se confiait à moi et je l'épaulais. Moi, je restais plus discret mais je lui montrais mes compositions. Je chérissais ces moments, je me sentais compris. Les années passèrent et notre amitié était toujours aussi solide malgré les hauts et les bas. Avec le temps, Jimin devint de plus en plus beau aussi... Les gens étaient donc de plus en plus attirés et ma jalousie se développa ainsi que mes sentiments. Je me rendis compte que mon admiration du début n'était autre que de l'amour mais je n'en avais jamais pris conscience. Nous étions, à présent, des lycéens de dix-sept ans. J'avais du mal à supporter les filles qui jacassaient face au physique très avantageux de mon ami. Certains garçons aussi fantasmaient sur le corps de mon bien aimé. Malheureusement ou heureusement, Jimin ne remarquait rien de tout ça, il était bien trop innocent.


Tout le monde est attiré par lui, ce soleil. J'aimerais être la première et la dernière personne à obtenir son cœur mais je ne suis pas à la hauteur. je ne mérite pas une place plus importante que l'amitié. Je ne suis que la lune, moi...




Voilà, le premier chapitre qui peut aussi faire office de prologue. J'espère que ça vous aura plu. N'hésitez pas à me dire vos impressions, merci !

Le soleil et la Lune  [TOME 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant