Shadows

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3 septembre 1940

-Ashley? Ashley, ça va?

Qui parle?

-S'il te plaît, viens jouer avec nous!

Nous?

-Ashley? Allez, c'est pas drôle, viens!

Je...

-Mademoiselle, vous vous sentez bien?

Sursaut. Bon sang qu'est ce qu'il vient de se passer? Et qui c'est, celui là?

-Mademoiselle?

Je hoche la tête, sans savoir pourquoi.

-Vous devriez vous allonger un instant, vous n'avez pas l'air...

Il ne continue pas, et désigne mon visage. 

Je ne peux pas lui répondre, alors je re-hoche la tête.

-Nous sommes bientôt arrivés.

Tant pis pour ses conseils, je me lève d'un bond. Où suis je?

C'est là que je me souviens. Le port. Le ferry. L'odeur de poisson. La lettre. Où est elle passée?

Je plonge vers mon sac, et manque passer par dessus bord quand une vague s'écrase contre le bâteau. Quelqu'un me retient. Elle? Non, c'est l'homme qui m'a réveillé.

-Vous devriez vraiment vous allonger.

Merci monsieur, j'avais compris.

Je m'assieds, et fouille dans mon sac. Enfin, je la retrouve. La lettre. Déchirée, il n'en reste plus qu'un petit bout, soigneusement gardé dans une enveloppe. Ma seule chance de survie.

Rien que par habitude, j'ouvre l'enveloppe et sort le papier. Une énorme tache sur le haut de la page, mais de toute façon, seuls les derniers mots importent. C'est la centième fois que je les relis.

Cairnholm Is., Cymru, UK.

Mon avenir, en une adresse.

***

-Préparez vous pour le débarquement!

Monsieur "Vousdevriezvousallonger" agite une clochette, tout en criant. A part moi, il y a à peine dix passagers, pourtant j'ai l'impression d'étouffer. Des oiseaux planent autour du bâteau, et le soleil tape. J'aimerais bien avoir quelque chose pour m'éventer, le soleil me fait peur. Je regarde derrière moi, et la vois, Elle, qui me fais un petit signe de la main. Je me retourne brusquement.

Je descends, mon sac à la main, manquant m'écraser suf la passerelle. Je vois quelqu'un pouffer de rire en voyant ma tenue, et un marin me crie "C'est pas ici que tu trouveras un cabaret tu sais!".

Je sais, je dois avoir l'air ridicule avec mon tutu blanc, et alors? C'est la seule chose qu'il me reste de chez moi, ça, un sac vide et un morceau de lettre. Alors, c'est pas une bande d'ivrognes qui va me pousser à le jeter.

Je continue mon chemin jusqu'à un petit bar, juste en face du port. Le nom est illisible, et des dizaines de personnes fument devant la façade. Je rentre, en fronçant les sourcils devant la fumée présente dans la pièce, pire que le brouillard Londonien.

Je vais jusqu'au comptoir, évitant les femmes au corsage serré à l'extrême et les hommes qui fixent mon tutu. L'homme derrière le comptoire n'esg pas en reste, me regardant bizarrement, en détaillant chaque partie de mon costume, de mon manteau trop grand à mon tutu qui détonne avec l'endroit. Pour arranger le tableau, mes cheveux sont en bataille et mes bottes inconfortables.

-T'es pas du coin, il finit par marmonner.

Elementaire, mon cher Watson. Je brandis mon morceau de papier.

-L'orphelinat? 

Je hoche la tête, et il regarde par la vitre derrière moi.

-C'est ton jour de chance ma belle, voilà les pensionnaires!

Il me montre du doigt le morceau de verre sale, par laquelle je peut apercevoir des enfants qui entrent dans le village.

Je lance un sourire éclatant vers le barman, et je sors le plus vite possible, bousculant une vieille chouette puant le cigare, qui me lance quelques injures en gallois.

A peine sur le palier, je me cogne à un garçon, qui doit avoir à peut près mon âge. Yeux marrons, cheveux châtains foncés, et l'air d'être tombé du lit.

OmbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant