CHAPITRE 1
Le son des gouttes d'eau contre la vitre rythmait le silence de la pièce. La pluie tombait depuis plusieurs jours et le ciel gris rendait maussade les journées devenues interminables.
Viviane regardait la fenêtre avec ennui, délaissant un instant le livre qu'elle lisait. La jeune fille ne pouvait pas sortir avec ce temps même si elle le souhaitait. Son père avait été très clair à ce sujet :
« Je ne veux pas que tu tombes malade ! La grippe vient d'arriver au village et il ne manquerait plus que tu l'ais.
-Mais papa ! Je ferai attention, et puis Opale tourne en rond dans son box, j'aimerais la sortir pour la divertir un peu.
-Je refuse que tu prennes ce risque inutile, les routes sont glissantes et nous devons dîner avec les Valiers bientôt. Il ne faudrait pas que tu te blesses, avait-il ajouté avant de clore la conversation d'un geste d'humeur. »
S'il comprenait à quel point la jeune fille se moquait de ce repas. Viviane savait en plus que ses parents l'avaient arrangé pour qu'elle, et sa soeur, rencontrent le fils des Valiers, un homme en vue avec un patrimoine et une rente remarquables. Elle n'était pas dupe de leur manigance mais cela l'énervait qu'ils cherchent à régler sa vie comme du papier à musique. Surtout qu'elle savait que sa mère préfèrerait que ce soit Sophie qui l'épouse, pas elle.
Elle retourna à son livre mais se lassa rapidement. La jeune fille se leva brusquement de sa chaise en posant le bouquin sur la table basse en bois massif. Elle se tourna vers la grande cheminé qui réchauffait difficilement la place. Elle s'approcha du feu, les bras croisés et les sourcils froncés.
« Je ne vois pas pourquoi il ne veut, marmonna-t-elle pour elle-même, je ne risque rien. »
Après un moment à regarder fixement les flammes danser, elle tourna les talons pour sortir du salon et se diriger vers sa chambre. Sa décision était prise, cela faisait trop longtemps qu'elle n'avait pas senti le vent sur son visage. Viviane se changea rapidement, enfilant une culotte d'équitation qui lui permettait de ne pas monter en amazone et d'être plus libre de ses mouvements. Sa mère détestait quand elle en mettait, argumentant que ce n'était une tenue pour une demoiselle, mais la jeune fille n'en avait que faire. En société elle faisait toujours un effort mais chez elle, au domaine, Viviane ne voulait pas être contrainte de porter des robes tous les jours.
Elle descendit aux écuries en passant par les cuisines pour traverser la petite cour. Les domestiques la saluèrent chaleureusement, affairés à leurs taches habituelles. Viviane leur sourit avant de sortir dehors. Une bourrasque de vent l'arrêta sur le parvis. Il soufflait fort et provoquait des sifflements dans les fondations. La jeune fille se protégea le visage comme elle put en rentrant la tête dans les épaules et courut jusqu'aux écuries qui se trouvaient de l'autre côté. Enfin à l'abri, Viviane secoua ses cheveux en se félicitant de les avoir attachés. Leur longueur était un handicape par ce temps. Elle marcha rapidement vers le box d'Opale qui hennit en la voyant approcher.
« Bonjour ma belle, murmura-t-elle en la caressant, un sourire sur les lèvres, ça fait longtemps, j'espère que tu ne m'en veux pas trop. »
La jument, un pur-sang arborant une robe noire, lui répondit avec un coup de tête qui fit rire Viviane.
« D'accord, peut-être un peu.
-Mademoiselle Viviane ? »
La jeune fille se retourna et aperçut Jean, le palefrenier qui s'occupait des chevaux de la propriété. D'une quarantaine d'année, il occupait ce poste depuis plus de vingt ans et voué aux équidés un profond respect. Viviane l'appréciait énormément, il lui avait appris tout ce qu'elle savait sur les chevaux et l'avait même aidée à débourrer Opale.
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Dampierre
Historical FictionViviane vit une existence ordinaire dans la propriété de son père, le Comte de Dampierre. Écrasée par les réprimandes de sa mère qui ne tolère pas son manque de raffinement et qui ne cesse de la comparer à sa sœur, la belle Sophie, la jeune fille re...