CHAPITRE 4
Agnès vint réveiller la jeune fille le lendemain matin. Elle en profita pour raviver le feu de la cheminé et ranger la robe qui traînait sur un des fauteuils rouges. Elle ne posa pas de questions devant les paupières lourdes de sa maîtresse et ses cernes qui creusaient un peu plus son visage. Elle se doutait que le repas d'hier n'avait pas été une source de repos, mais d'après ce que les valets de pieds avaient rapporté de la soirée le souper avait été une catastrophe. Enfin, pour Viviane, parce que sa sœur Sophie était aux anges depuis son réveil, tout comme la Comtesse.
« Mademoiselle ?
-Hum...
-Je vous fais apporter votre déjeuner ? »
La jeune fille se redressa difficilement dans son lit, appuyée sur ses coudes.
« Ne te donne pas cette peine, je vais descendre.
-Vous en êtes sûre ? Cela ne me dérange pas.
-Non. Il faut que je sorte de cette chambre de toute façon, ce sera une bonne motivation. »
Agnès acquiesça puis quitta la pièce. Viviane soupira en se laissant tomber, ses cheveux éparpillés autour d'elle. Elle manquait de motivation, mais se faisant violence la jeune fille sortit de son lit et enfila une toilette simple. Elle conserva ses boucles détachées et ces dernières croulaient dans son dos.
Monsieur le Comte lisait son courrier quand sa fille entra dans la salle à manger. Il faisait face à Sophie qui regardait les lettres qu'elle venait de recevoir. Viviane s'installa à côté de sa sœur sans un mot et se versa du café dans sa tasse. Une enveloppe était posée près de ses couverts et la jeune fille la décacheta, l'esprit ailleurs. Il faudrait qu'elle se prépare pour aller au lavoir. Elle demanderait à Agnès de l'aider pour trouver les provisions nécessaires.« Que dis la lettre ? interrogea son père en levant les yeux de sa correspondance.
-Olympe m'écrit qu'elle est de passage dans la région dans la propriété de sa tante. Elle m'invite à prendre le thé cet après-midi.
-Tu devrais y aller.
-Oui peut-être. »
Olympe était une amie d'enfance de Viviane. Ses parents étaient proches du Comte et de la Comtesse, elle avait passé de nombreuses vacances sur le domaine de Dampierre. Maintenant, la jeune fille était fiancée à un noble dans le nord de la France et ne venait plus souvent.
Viviane reposa la lettre en réfléchissant si elle aurait le temps d'accepter son invitation. Cela pourrait être agréable de la revoir. Son mariage était organisé pour ce printemps. La jeune fille pourrait prétexter aller vers Olympe et en profiter pour se rendre au lavoir avant. Son père ne se douterait de rien et sa mère la laisserait tranquille.
Sophie poussa un petit cri de joie en lisant sa deuxième lettre.« Matthieu est de passage en France plus tôt que prévu !
-Ah bon ? demanda négligemment son père.
-Oh pourrait-il venir ici ?
-Eh bien, pourquoi pas, autorisa le Comte sans vraiment d'enthousiasme. »
Il ne voulait pas que sa fille s'attache à ce Matthieu. L'avenir ne lui permettrait peut-être pas de continuer cette relation. Il espérait juste ne pas avoir à faire son devoir, mais s'il fallait préserver le domaine, sa décision serait sans appel. De toute façon, Sophie semblait apprécier la compagnie de Guillaume de Valiers, et de son côté le jeune homme avait tout d'un soupirant potentiel comme le témoignait le dîner d'hier soir. Les deux jeunes personnes pourraient bien se complaire dans cet arrangement futur.
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Dampierre
Ficção HistóricaViviane vit une existence ordinaire dans la propriété de son père, le Comte de Dampierre. Écrasée par les réprimandes de sa mère qui ne tolère pas son manque de raffinement et qui ne cesse de la comparer à sa sœur, la belle Sophie, la jeune fille re...