9 - Questionnement

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CHAPITRE 9

Le bruit régulier d'un sifflement d'oiseau perça les brumes de Morphée qui enveloppaient Viviane. Sans ouvrir les yeux, elle commença doucement à prendre conscience de son environnement ; sentant l'odeur familière de la lavande se dégager des draps, la chaleur ambiante, la lourdeur d'une couette sur son corps. La jeune fille tourna sur elle-même pour changer de position mais ce mouvement provoqua des éclairs de douleur dans ses membres. Elle ouvrit les paupières en gémissant et se redressa.

Elle jeta un regard étonné autour d'elle, l'esprit encore embrumé. La pièce était sans nulle doute sa chambre ; avec les tapisseries rouges à dorures, le parquet en bois de chêne, le grand tapis oriental pourpre. Les fenêtres restaient fermées malgré un filet de lumière qui trahissait la présence du soleil à l'extérieur. Son lit en baldaquin avait les rideaux ouverts, et Viviane pouvait voir que quelqu'un alimentait le feu de la grande cheminé en marbre blanc. Elle voulut interpeller la personne en question mais ne produisit qu'un croassement étranglé. Sa gorge était toute sèche. Des courbatures paralysaient ses jambes et ses bras, sa tête était lourde et le sang pulsait contre ses tempes de manière douloureuse.

Viviane bascula son corps pour s'extraire du lit. Un frisson la parcourut quand ses pieds nus touchèrent le parquet froid. Du coin de l'œil elle vit la silhouette se redresser pour dépoussiérer son tablier blanc et se retourner. Elle sursauta en apercevant la jeune fille au bord du lit.

« Mademoiselle Viviane ? s'enquit-elle en s'approchant. »

Cette dernière se prit la tête entre ses mains. La migraine remplissait son crâne. N'ayant aucune réponse la domestique se précipita à l'extérieur de la chambre pour avertir le Comte du réveil de sa fille. En attendant, la jeune fille essayait de calmer les battements affolés de son cœur.

Que s'était-il passé ? Viviane ne comprenait pas pourquoi elle était ici. La dernière chose dont elle se souvenait était l'agression. Il y avait Thibault aussi, il était venu l'aider. Thibault... Qu'était-il devenu ? Et les forçats ? Elle prit appui sur ses mains et se leva doucement. Son corps lui paraissait faible et son ventre criait famine. Heureusement que les rideaux empêchaient la lumière de passer, le soleil n'aurait pas arranger son mal de tête. Elle se toucha le visage et ne put retenir une grimace de douleur en frôlant sa mâchoire légèrement gonflée. Le coup de l'homme lui revint un mémoire comme un flash. La peur qu'elle eût tenue à distance durant l'agression revint lui serrer le cœur et un malaise la fit vaciller. Un sentiment de panique la gagna.

Quelqu'un entra dans la chambre au moment où elle se pliait en deux, le souffle court. Des bras vinrent l'entourer et une odeur familière lui chatouilla les narines, calmant son désarroi et son affolement.

« Papa ? murmura-t-elle d'une voix éraillée.

-Je suis si heureux de te voir réveillée ma chérie. Nous avons eu très peur. »

Elle resta dans l'étreinte rassurante de son père, fermant ses yeux remplis de larmes.

« Comment suis-je arrivée ici ? demanda-t-elle finalement en essayant d'élever la voix.

-Tu t'es évanouie après ton agression, commença le Comte en caressant doucement les longues boucles cuivrées de la jeune fille. Je suis arrivé à temps, Dieu me préserve de savoir ce qu'il se serait passé si je n'avais pas été là...

-Mais et... »

Viviane s'interrompit pour ne pas prononcer le nom de Thibault. Elle avait failli dévoiler à son père qu'elle connaissait déjà le vagabond.

« Et l'autre ? continua-t-elle.

-Tu veux sans doute parler de l'homme qui est venu à te rescousse ?

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