5 - Sursis

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CHAPITRE 5

La jeune fille savourait la sensation du vent sur son visage. Les foulées de sa jument étaient fluides, c'était toujours un plaisir de la monter. Après être suffisamment éloignée du domaine et de sa visibilité, Viviane bifurqua à droite pour entrer dans le bois. Elle ralentit Opale et fit attention aux branches pour ne pas se blesser tout en se retournant pour vérifier que les sacoches attachées à la selle avaient tenu. En s'approchant du lavoir Viviane ressentit des papillons dans le ventre et un sourire émergea sur son visage aux joues rouges. Le bâtiment se détachait entre les arbres, ses murs recouverts de lierre arboraient une couleur blanche dû aux rayons du soleil qui venaient d'apparaitre timidement. La jeune fille mit la jument au pas puis l'arrêta. Elle descendit en inspectant les environs mais rien ne témoignait de la présence de quelqu'un. Elle fronça les sourcils en s'avançant. Le lieu n'avait pas changé et la surface du bassin était lisse, trop calme. Elle tourna sur elle-même, les bras le long du corps. Etait-il parti ? Viviane ressentit un pincement au cœur. Peut-être s'était-il joué d'elle ? Elle décida de rester quelques instants pour attendre, s'installant sur les abords du lavoir et retirant ses gants.

Après un moment sans voir âme qui vive Viviane se releva en dépoussiérant sa robe. Elle eut envie de pleurer et serra les dents, dépitée. Il était parti en oubliant la promesse de la jeune fille, cela ne comptait pas vraiment pour lui. Dire qu'elle avait attendu ce moment avec une fébrilité ridicule, elle se sentait absurde. Agnès avait eu raison de la prévenir, ce n'était après tout qu'un vagabond de passage, une personne peu recommandable. Opale n'avait pas bougé de place, elle brouta l'herbe sans se soucier de sa cavalière qui restait debout, immobile. Elle se sentait mal, l'esprit vide. Elle finit par secouer la tête, quelques mèches bouclées se détachèrent de son chignon et encadrèrent son visage. Un sentiment étrange fleurissait dans son ventre, paralysant ses membres tout en lui donnant envie de frapper et de crier, d'exorciser sa colère.

Elle finit par s'avancer vers Opale. Il fallait encore qu'elle aille chez Olympe, même si cette escapade n'avait plus la même saveur.

Pendant qu'elle resserrait les sangles de la jument la jeune fille attendit une branche craquer. Elle arrêta son geste et tendit l'oreille, regardant autour d'elle, mais haussa les épaules. C'était sans doute un animal. Opale redressa la tête quand la jeune fille tendit les rênes.

« Mademoiselle ! cria une voix derrière elle. »

Viviane se retourna d'un seul mouvement en sursautant. Un homme se tenait devant elle à quelques enjambées. Thibault la regarda avec étonnement, un sourire éclairant son visage recouvert de son étrange barbe rousse. Il n'osait pas s'avancer et tenait dans sa main gauche un lapin qui mort.

« Vous êtes venue. »

Viviane finit par réagir après quelques secondes. Elle se détacha de sa jument qui fixait le vagabond, alerte.

« Evidemment.

-Je ne pensais pas vous revoir.

-Je vous avais donné ma parole. »

Thibault haussa les épaules en accrochant sa prise à une branche d'arbre près du lavoir.

« Ça ne veut rien dire sur votre honnêteté. »

La jeune fille montra les sacoches.

« J'ai apporté des provisions et une couverture. »

Thibault s'approcha d'elle et contourna la jument, qui semblait toujours se méfier de lui, pour ouvrir le havresac. Viviane n'osait pas bouger. Il était proche d'elle, son épaule touchait la sienne et son odeur de musc l'envahissait.

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