7 - Agression (1)

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CHAPITRE 7

Viviane lisait un livre dans la bibliothèque aux côtés de sa sœur Sophie qui brodait un motif élégant. Elles échangeaient de temps en temps quelques mots puis se replongeaient dans leur activité. La journée avait commencé doucement et elles s'ennuyaient. La venue des deux jeunes hommes hier ne les avaient pas laissées indifférentes, et les deux filles Dampierre rêvassaient plus qu'elles ne s'occupaient. Enfin, cela concernait surtout Sophie, même si Viviane ne pouvait s'enlever de l'esprit Henri de Valiers mais pour des raisons légèrement différentes. Elle ne comprenait toujours pas l'attitude de l'homme qui était venu lui présenter des excuses. Si elle les avait accueillies avec un certain ravissement, la motivation d'Henri la laissait perplexe. Cet événement lui faisait oublier le sort du vagabond qui partirait bientôt et dont elle n'aurait sans aucun doute plus de nouvelle.

Viviane leva les yeux pour regarder par la fenêtre. La vision de Thibault s'imposa dans son esprit. Elle se surprit à rougir, ressentant toujours une drôle d'émotion dans le ventre en y pensant. Il le revoyait s'avancer, frôler son visage. La jeune fille secoua la tête pour chasser de son esprit ses souvenirs qu'elle jugeait incorrects et reprit sa lecture, le cœur palpitant.

Sophie l'observait à la dérobée et interpréta la rougeur de ses joues d'une mauvaise manière.

« Quand reverras-tu Henri ?

-Je ne sais pas, répondit honnêtement sa sœur.

-Viendra-t-il au bal d'hiver ?

-Je ne lui ai pas demandé.

-Tu aurais pu quand même.

-Je ne vois pas pourquoi. »

Alors que Viviane croyait que sa réponse allait clore cette discussion, Sophie continua.

« Pour quelles raisons est-il venu te voir ?

-Des futilités. »

Frustrée par les pirouettes de la jeune fille qui ne semblait pas vouloir lui en dire plus, l'aîné Dampierre arrêta son activité pour regarder sa sœur en fronçant les sourcils.

« Pourquoi ne veux-tu pas m'en parler ? »

Viviane redressa à son tour la tête et haussa les épaules.

« Je ne vois pas ce qu'il y a à raconter. Parle-moi plutôt de Guillaume, ou de Matthieu, si évidemment tu ne l'as pas oublié. »

Sophie s'empourpra.

« Mes sentiments sont confus, confessa-t-elle à mi-voix en se tordant les mains, attitude qui ne lui ressemblait pas. Mais tu as raison, il n'y a rien de spécial à raconter. »

Viviane allait essayer de la faire craquer quand leur père entra dans la bibliothèque, le visage songeur.

« Vous voilà enfin.

-Qu'il y a-t-il ? demanda l'aîné en fronçant les sourcils. Tout va bien ?

-Non hélas, je suis porteur de mauvaises nouvelles et je vous prierai de ne pas m'interrompre. »

Les deux sœurs se lancèrent un coup d'œil perplexe et acquiescèrent. Elles avaient rarement vu leur père aussi angoissé. Ce dernier soupira et s'adossa à la table en bois près de la fenêtre en se passant une main dans ses cheveux poivre et sel, ses yeux noisette assombris par des préoccupations obscures.

« Je viens de me rendre en ville ce matin après avoir reçu une lettre inquiétante de la prison de Niort. Il semblerait en effet que plusieurs de leurs prisonniers se soient échappés hier soir après avoir tué leurs gardiens. »

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