CHAPITRE 8
Le Comte relisait une dernière fois la missive, le front barré par une ride d'inquiétude. Elle rendait compte de l'avancer des recherches mais ces dernières ne menaient à rien. Cette vérité n'était pas énoncée de manière propre, pourtant la formulation des phrases ne laissait aucun doute sur le piétinement de la garde chargée de retrouver les fugitifs. Il reposait la lettre sur le bureau avec préoccupation quand un homme entra dans la pièce après avoir frappé.
«Monsieur ?-Qu'il y a-t-il ?
-Quelqu'un vous demande en bas. »
Charles de Dampierre se leva en soupirant.
« J'espère que ce sont de bonnes nouvelles. »
Il suivit le jeune adolescent qui ne devait pas avoir plus de quinze ans et descendit les marches de l'hôtel particulier de la garde royale. Il était ici depuis le début de la journée et n'était rentré que pour avertir ses filles et sa femme de la situation actuelle, les interdisant ainsi de se mettre en danger en sortant du domaine. Les allées et venues des soldats ne tarissaient pas mais les investigations n'aboutissaient à aucun résultat concret.
Monsieur le Comte s'engagea dans un couloir. Les hommes qui le croisaient le saluaient respectueusement d'un geste de la tête. Il arriva finalement à un petit salon décoré de manière sommaire avec un tapis rouge au sol. Un personnage se tenait près de la cheminé et se retourna pour leur faire face. Il arborait un justaucorps noir qui couvrait une veste rouge et tenait derrière son dos un chapeau. De grande taille, il était mince et légèrement bossu avec un visage émacié aux pommettes tranchantes qui faisaient ressortir son nez aquilin. Il fixait le Comte avec un certain dédain, ses yeux noirs plissés le détaillaient, accentués par une arcade sourcilière prononcée. Il s'inclina à peine et Charles lui trouva une attitude détestable doublée d'une froideur peu commune.
« Monsieur, dit-il en s'arrêtant à quelques pas de l'individu funeste.
-Je me présente, Gaston Devales, lieutenant dans la cavalerie des dragons. Je suis arrivé de Paris ce matin et je tiens à m'entreprendre avec vous d'une affaire de la plus haute importance, annonça le personnage d'une voix étonnamment grave. »
Charles congédia le jeune homme qui attendait près de la porte et indiqua à Gaston Devales une chaise près de la table. Ce dernier s'installa et croisa les mains.
« Je ne tiens pas à vous cacher que nous avons déjà une difficulté ici, précisa le Comte en s'asseyant en face de lui.
-Je suis au courant, j'en ai entendu parler par vos gardes, pourtant mon affaire est liée à la vôtre. »
Intrigué, Charles de Dampierre signifia à l'individu de continuer. Ce n'était pas la première fois qu'il rencontrait un soldat de la cavalerie des dragons mais il ne s'attendait pas à être confronté à ce genre de personnage ici. Ces derniers étaient surtout connus pour leurs actes douteux concernant la conversion « pacifiste » des huguenots en Normandie et dans les Cévennes après la révocation de l'Edit de Nantes par le Roi en 1685. Il jugeait donc Devales avec une certaine réserve.
« Depuis plusieurs semaines je suis à la recherche d'un criminel qui, il semblerait, ce soit caché dans les alentours de Niort. Il s'est échappé de la Bastille où il était incarcéré pour crime de lèse-majesté.
-Si je puis me permettre, en quoi cela concerne notre problème ?
-Parait-il que pour vous aussi des hommes se soient enfuis de la prison de Niort, et leur évasion coïncide étrangement avec l'arrivée du forçat sur vos terres. Je ne suis pas un homme croyant aux coïncidences, et je suis intimement persuadé que le misérable que je recherche est responsable de leur fugue. »
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Dampierre
أدب تاريخيViviane vit une existence ordinaire dans la propriété de son père, le Comte de Dampierre. Écrasée par les réprimandes de sa mère qui ne tolère pas son manque de raffinement et qui ne cesse de la comparer à sa sœur, la belle Sophie, la jeune fille re...