Chapitre 24 : Stupidité

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"Mon Dieu, j'en ai rêvé toute une vie." Souriait Emma les larmes aux yeux.

Michael et elle, s'étaient laissés retomber à genoux sur le sable, regardant avec une certaine admiration la petite verdure qui s'ouvrait à eux, laissant entrevoir la misérable ville plus loin, recouverte de poussière. Qu'importe si un spectacle semblable aurait dû les effrayer plus qu'autre chose, ils avaient dans le cœur, une chose qui paraissait les rendre plus léger.

"On va s'en sortir, j'en suis sûre, quelque chose nous protège."

Michael aurait voulu suivre son jugement, peu lui importait la nature de ses pensées, ou de ses préjugés, sa joie écrasait tout le mal.

Seulement, de violentes et soudaines douleurs cardiaques le paralysèrent et le poussèrent à s'écraser sur le sol, les muscles contractés et le souffle presque coupé.

"Michael ?!!" S'affolait Emma en se jetant à ses côtés.

Elle tentait de tenir fermement ses poignets pour l'empêcher de se faire du mal, mais il se tordait tant de douleur qu'elle ne savait plus que faire.

"Michael ! Je t'en prie calme-toi !!!" Hurlait-elle paniquée.

Impossible de comprendre ce qui lui arrivait, et la raison pour laquelle il souffrait tant atrocement. Mais une chose était sûre, c'est qu'à ce moment, Emma ne se doutait pas, que son inattention, l'avait trompée sur du long terme.

Michael calmait petit à petit ses gestes, mais l'on pouvait voir dans ses yeux, qu'une douleur dont le nom resterait sans orateur, l'attaquait, et l'étouffait tant qu'il semblait s'en débattre. L'étouffer du mauvais air, sans aucun doute. La raison, par la faim.

Soudain, tous ses mouvements cessèrent, comme si toute vie l'avait quitté.

"Michael ?" Demandait Emma apeuré en se penchant près de lui, le corps tremblant.

Michael la scrutait du regard, les pupilles dilatées, avec une transparence d'intention, très durement exprimée par un vide de pureté, un regard sans émotion. Emma sut qu'elle avait peu de temps. Elle se leva du sol poussiéreux, et s'éloigna à pas de course de Michael. Celui-ci se releva, quelque peu sonné, pris de difficultés à se mettre debout, puis il se mit à la poursuivre à son tour.

Emma avait peur, elle s'ennuyait presque à se dire qu'elle avait trop usé de sa naïveté, autant que Michael, pour croire que sa faim creusée sur tant de jours pouvait être assouvit par quelques simples gouttes de sang.

"Je me hais, je me hais, je me hais, pardonne-moi Michael, je suis désolée." Pleurait-elle dans sa course.

Elle ne ressentait plus la douleur dans ses jambes, ni celle dans son cœur qui lui hurlaient de cesser le pas. L'amour ne la tuerait pas de si vite.

Elle tourna rapidement dans une ruelle, maintenant qu'ils étaient arrivés dans la ville. Elle savait ce qu'elle avait à faire, ce qu'elle devait trouver. Elle sursauta soudain violemment quand elle vit le corps sauvage de Michael, passer en courant à quelques dizaines de mètres de la ruelle. Il ne la vit pas, et continua sa route, sans se retourner. Lui d'habitudes si observateur et rusé. Elle sortit donc lentement de sa ruelle éclairée, et le suivit à petits pas de loup, cachée derrière les structures de la ville.

Je suis une femme forte, et les femmes fortes s'adaptent. Se répétait-elle sans cesse.

Elle suivit donc Michael durant plusieurs minutes. Saleté, qu'il ait retrouvé ses instincts est normal, ce n'est pas un goûté qui va satisfaire la famine, elle avait été stupide.

"Je te promets que si je te perds de vue, je te maudis mon petit Michael." Fronçait-elle les sourcils.

Elle le vit petit à petit devenir rôdeur, et c'était un moment très précieux. Si elle voulait se sortir de ce pétrin, elle devait savoir où il se trouvait, et avoir la possibilité de le laisser pour un temps indéfini. Il fallait le mettre en veille.

Elle ne savait absolument pas comment le faire se poser quelque part, étant donné qu'elle devait rester cacher de lui.

S'il ne mange pas, il ne revient pas. Car quand notre vie est en danger, nos instincts se coupent de beaucoup de choses pour survivre. Michael avait retrouvé ses instincts maladifs, car si son corps ne l'avait pas fait, il n'aurait pu survivre.

Emma continua à suivre Michael pendant plusieurs heures, à pas très lent. Et ce fut incroyablement long pour elle. Étant rôdeur, il ne faisait qu'attendre en marchant. Elle était tellement déchirée de le voir dans cet état. Mais elle était pourtant peu étonnée, pour la simple raison qu'avec le recul, ça aurait très bien pu être prédit, elle n'avait juste pas été attentive.

Finalement, Michael alla s'assoir sur un banc métallique, alors qu'Emma recula à une vitesse folle pour atteindre un mur derrière lequel se cacher.

Heureuse que tu gardes un peu de civilisation. Pensait-elle.

Amour Pour La MortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant