Voilà qu'Emma était partie en exploration dans un vaste immeuble. N'ayant rien trouvé, elle s'était simplement posée à une fenêtre, et surveillait Michael qu'elle pouvait apercevoir d'en haut. Il lui arrivait parfois de faire tomber quelque chose exprès pour capter son attention, et à chaque fois il réagissait en tournant vivement la tête, et en tentant désespérément de trouver qui avait bien pu faire ce bruit. Seulement il ne levait jamais les yeux.
Elle aussi avait perdue bien de la raison et de la morale. Ils avaient perdu leur connivence, et elle avait du mal à le supporter. Comment peut-on si vite s'abâtardir ? Se demandait-elle. Elle se leva du rebord de sa fenêtre, et tourna les tallons au vide, soupirant longuement. Dans une civilisation, certainement aurait-elle été enfermée, pour tant préméditer des atrocités pour son propre bien, mais en ces temps, elle avait sûrement bien raison de poursuivre sa quête, tant il était rare d'en posséder. Elle se dirigeait vers les escaliers de l'immeuble, et les empruntèrent pour rejoindre le sol.
Elle était toujours à l'affût du moindre son, pas qu'elle redoutait la présence d'un zombie, certainement pas ; elle cherchait la présence de vivants, bien au contraire. Peu pouvait se douter du mal qu'elle voulait, et allait produire, ainsi elle profiterait de l'espoir d'un voisin pour bien pendre sa vie, la pêche n'a pas encore commencé.
Elle se hâta de passer à un autre immeuble, pour commencer une nouvelle exploration longue et ennuyeuse. Elle passa le premier couloir, et ses yeux brillèrent quand ils virent les deux portes métalliques fermées qui attendaient devant eux. Un ascenseur. Elle s'avançait donc, tout en priant pour que celui-ci marche.
Elle posa son doigt sur le petit bouton rond à côté de la porte, et celui-ci s'illumina d'une couleur rouge. Il ne fallut que quelques secondes, avant que les portes ne s'ouvrent. La jeune femme entra dans la cage, un immense sourire aux lèvres, voilà qui allait lui éviter de souffrir par d'innombrables courbatures.
Elle appuya sur le premier étage, et les portes se fermèrent. Arrivée à destination, elle sortit et commença à explorer le milieu. Entrant de bureau en bureau, elle avait toujours espoir de trouver une forme de vie. L'endroit se répétait, un miroir sans fin, un endroit abandonné, sans âme, sans humeur. Parfois, elle se demandait s'il est plus simple de réaliser ses espoirs dans le désespoir, ou de désespérer dans l'espoir. Elle avait peur, mais pas peur de tomber sur une mauvaise surprise, elle avait peur de ne pas tomber sur de surprise du tout.
"Psssssssst."
La jeune femme eut le cœur qui bondit, et se tourna dans tous les sens pour trouver l'origine de ce son.
"Psssssssssst, eh par là."
Elle put finalement poser les yeux sur quelque chose de concret. Sortant de dessous un empilement de chaise impressionnant, l'appelait un homme, au visage crasseux immaculé de gras, vêtu d'une veste semblant ayant appartenu à un clochard tout autant que son pantalon, les mains semblant se mouvoir par leur propre conscience, et les yeux injectés de sang.
"Oui ?" Disait-elle en s'approchant et gardant semble-t-il un air doux.
"T'aurais pas quelque chose à fumer ? J'ai plus rien." Reniflait-il.
Voilà que face au crime la foi est moins puissante. Emma hésitait à répondre, elle se demandait si elle serait encore capable de se regarder dans le miroir après avoir fait une telle chose. Après tout, trouver un miroir n'est pas la priorité pour elle aujourd'hui. Pourrait-elle se l'avouer sans gêne à elle-même ? Peu probable, et elle le savait. Michael était sa seule raison de vivre à ce jour, et pour le moment il était sur le banc de touche, sa raison de vivre était mise en suspens, alors que faire ? Elle se rappelait, à ce moment de dilemme, la phrase que sa mère lui contait quand elle avait peur. La vie c'est une boîte, alors laisse ta morale, laisse ta peur, laisse tes doutes, laisse tes principes, laisse tes vérités, et écrase tout ce qui pourrait t'éjecter de cette boîte.
"Si, bien-sûr." Souriait-elle tendrement.
"C'est vrai ?" S'excitait le junkie.
"Oui. J'ai tout ce qui pourrait te faire plaisir, sûrement plus que tu ne puisses l'imaginer. Seulement, tout ça se trouve dans le bâtiment d'en face. Je peux t'y emmener si tu veux ?" Demandait-elle innocemment.
Celui-ci hocha frénétiquement la tête, pris dans les filets d'un vilain piège qui se refermait sur lui.
Ainsi, il sortit de sa cachette, et Emma lui tourna les talons en lui lâchant un sourire bien trop coquin pour qu'il puisse être véritable. Les belles choses n'existent pas.
Ils marchèrent sans mot jusqu'à l'ascenseur, ou ils entrèrent rapidement. Emma respirait profondément, tentant de faire redescendre le sang froid qui avait grimpé dans le haut de son corps.
Elle empêchait tant bien que mal la culpabilité de l'envahir. Elle se voyait presque comme une vipère. Il est dur de s'imaginer à sa place, dur de se représenter l'état d'esprit que l'on pourrait avoir. Je peux comprendre. Si vous n'aviez aucune limite, aucune barrière, personne pour vous faire la morale, personne pour vous conseiller, est-ce que les hommes ne sont-ils pas fous parce qu'on leur fixe des limites ? Le crime ne serait-il pas une éternelle pulsion commune à l'humanité ?
Les portes s'ouvrirent soudain, et Emma rouvrit les yeux. Un instant, rien ne se passa, silence, immobile. Puis elle posa un pied à l'extérieur de la cage.
"Suivez-moi."
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Amour Pour La Mort
Fiksi PenggemarLes rues sont abandonnées et sales, personne ne traîne ici, à part les zombies qui ont envahis les lieux. Qu'est-ce qu'elle fait ici ? Elle va se faire tuer ! Elle fonce dans un grand garage, plongé dans la pénombre. Elle s'assoit contre une commode...