Amour Pour La Mort

Chapitre 22 : Croc d'un semi-mort

Le visage de Michael commença à se déformer par la terreur et la vague puissante de tristesse qui l'envahissait comme un violent cancer. Il n'aurait su expliquer cette profonde détresse qu'il ressentait à ce moment, mais il s'en voulait à la mort d'avoir pu se laisser contrôler par ses instincts primaires.

"Michael, qu'est-ce qui t'arrive ?" Lui demandait Emma un peu plus assurée.

Michael ressentait bien trop de peur à la simple idée de lui avouer une chose aussi terrible. Est-ce que l'histoire de ces deux "humains", totalement séparés par leurs différences commençaient à devenir obsolète ?

Michael posa sa main sur son cœur, et attendit patiemment que sa bien aimée comprenne son message. À tout hasard, ce message ne fut pas long à faire son chemin jusqu'à la conscience de la jeune fille, qui ne fut pas plus terrifiée, seulement pensive.

"Qu'est-ce qui rend un humain, humain ?"

Michael fit comme Emma, et se mit à réfléchir. Tant de chose rendait un homme humain. Les émotions, la joie, la tristesse, la colère, la mélancolie, la passion. Mais il ressentait toutes ces émotions.

Emma se leva de son sol de sable, et vint s'asseoir contre un rocher aux côtés de Michael.

"Pourquoi tu ne m'as rien dit ?" Lui demandait-elle calmement.

Il n'en savait rien, d'ailleurs il se mit à y réfléchir. Pourquoi ne lui en avait-il pas parlé ? Ça aurait sûrement été la meilleure chose à faire, mais rien, il n'avait pas dénié le faire. Sûrement avait-il peur qu'elle soit effrayée par le fait qu'il puisse redevenir un monstre.

"Qu'est-ce qui rend un humain, humain ?" Marmonnait Emma.

Michael savait que ça ne servirait certainement à rien de chercher. Il possédait tout ce qu'un humain avait déjà, la raison était-elle que parfois il n'y en avait pas.

"Un humain."

Un long silence régnait, Emma reposait contre le torse de Michael, et Michael avait calé sa tête contre le rocher. Il avait peur, peur de redevenir comme avant, parce que redevenir un monstre signifiait "perdre" Emma.

"Bien sûr !" Hurla Emma en se levant impulsivement.

Michael avait sursauté tant elle avait été brusque, sans même réfléchir au pourquoi du fait qu'elle se soit exprimée si soudainement.

"Michael, dis-moi, ça fait combien de temps que tu n'as pas mangé ? Un humain ? Ou du moins du sang ?

Michael écarquilla les yeux. Ça faisait un bon moment qu'il ne s'était pas nourrit, peut-être était-ce cela qui expliquait effectivement cette baisse du rythme cardiaque.

"Évidemment, ce n'est pas une explication humaine puisque tu n'es pas un humain."

Emma commença à déchirer la manche de son haut, sous les yeux interrogatifs de son ami.

"Tu sais toi-même qu'il reste bien trop de chemin pour que tu puisses survivre" Commençait-elle. "C'est le seul moyen pour que tu puisses le terminer."

Michael reculait soudainement, toujours assis au sol, tournant frénétiquement la tête de droite à gauche.

"Regarde-moi bien Michael, je ne t'ai pas demandé ton avis. Si je suis seule dans cet environnement, ou dans la ville je ne survivrais pas une semaine, et si tu ne le fais pas tu vas redevenir un monstre, alors je ne te demande absolument pas ton avis."

Elle s'avançait vers lui, calme, ne montrant pas la moindre faille, tandis que craintif par rapport à sa propre retenue, il continuait de tourner frénétiquement sa tête de droite à gauche, le visage déformé par la crainte.

"Michael." L'interpellait Emma en l'empêchant de se déplacer. " Regarde-moi... Si tu ne le fais pas, on est mort, tous les deux."

Quelques larmes coulèrent sur ses joues, et il était horriblement torturé par l'idée qu'elle ait raison, et il savait que c'était le cas.

"Michael, c'est ou ça, ou on peut se suicider tous les deux maintenant, c'est la même chose."

Elle éleva son bras à sa hauteur, ne montrant toujours aucune crainte face à la douleur qu'elle pourrait ressentir, elle voulait le rassurer le plus possible, parce que s'il ne le faisait pas, ils étaient morts tous les deux.

Michael lorgnait le bras d'Emma, aucun hématome, aucune blessure. Il releva le regard vers elle, comme pour tenter de la convaincre une dernière fois, mais elle ne céda pas. Il finit par rapprocher son bras de son visage, et en se concentrant soudain sur le visage d'Emma, à contre-cœur et rongé par la peur, il mordit soudain sa peau, enfonçant ses canines à travers sa chair. Emma, aussi forte soit-elle, ne su pas contenir sa douleur sur les traits de son visage.

Tandis que Michael avait du mal à contenir son avidité, Emma ne contenait quant à elle, pas ses larmes.

Pour Michael s'était comme une renaissance. Il avait certes déjà goûté le sang d'Emma, mais jamais dans de telle circonstance. Car son sang coulait à flot. Il passa une main derrière son dos, et la poussa contre ses reins, la pressant contre lui. Emma le laissait ainsi un certain moment, attendant que de lui-même il s'arrête. Elle avait confiance, elle savait, se souvenait qu'il était addict au sang, mais elle avait confiance.

"Michael." Murmurait Emma.

Il n'entendait que peu sa plainte, comme si son corps l'empêchait d'entendre ce qui pourrait stopper cette frénésie.

"Michael, ça suffit." Disait-elle calmement en glissant une de ses mains dans ses cheveux. "Ça va aller."

Contre toute attente, lentement, Michael se retira, la respiration forte, mais il avait réussi à s'en défaire.

Emma posait son menton sur le haut de la tête de Michael, qui malgré tout s'en voulait de ne pas avoir réussi à se défaire d'elle à sa première plainte.

"Ça va aller, tu as réussi Michael, c'est très bien, tu nous as sauvés la vie, c'est ça qu'il faut te dire."