LGDC~Lune contre Soleil

Chapitre 7 (Clan du Tonnerre/Ombre)

- Mais qu'est-ce que tu fous ici, Cœur d'Orties ?!

Une femelle au poil particulièrement foncé, aux crocs noirs et aux yeux gris plaqua au sol le guerrier du Clan du Tonnerre. Elle lui lança un regard plein de reproches.

- Croc d'Ebène ! s'exclama-t-il comme si de rien n'était. Justement, je te cherchais...

- Je m'en doutais bien, cervelle de souris ! grogna-t-elle en reculant pour le laisser respirer.

Elle se lécha vivement la patte histoire de faire partir un maximum l'odeur ennemie. Cœur d'Orties se remit debout avant de scruter les alentours, inquiet à l'idée qu'on le remarque.

- Tu n'as pas à t'en faire, il n'y a personne dans les environs, annonça Croc d'Ébène, voyant son trouble. Mais passons aux choses sérieuses : qu'es-tu venu faire ici ?!

Cœur d'Orties entreprit de faire sa toilette, prenant tout son temps pour répondre à la question soulevée par la chatte. Celle-ci s'agaça rapidement et lui cria dessus :

- Non mais tu crois quoi là ?!!! Si tu es venu jusqu'ici pour faire ça, tu peux dire à ton derrière de paresseux de se bouger d'ici IMMÉDIATEMENT !!!

- Mmmh...

Cœur d'Orties releva les yeux en sa direction, l'air blasé.

"Pourquoi le Clan des Etoiles m'a-t-il donné comme associé une crotte de renard de aussi haut niveau ?! Qu'ai-je fait pour mériter ça ?!!!" se plaignit Croc d'Ébène en pensée.

- Bon, soit tu t'expliques, soit tu t'en vas, reprit-elle, impatiente.

- Je suis venu pour te dire quelque chose en rapport avec... 

Il s'interrompit et vérifia une dernière fois que personne ne les épiait avant de poursuivre sa phrase dans un murmure :

- La Lune, si tu vois ce que je veux dire.

Croc d'Ébène le fixa longuement, toutes les émotions passant une à une dans ses yeux de la même couleur que les nuages qui peuplaient le ciel à l'heure actuelle. Cœur d'Orties se remit à donner des coups de langue vigoureux sur son flanc.

- Mais tu vas arrêter, oui ?!!! Dis-moi plutôt ce qu'il s'est passé, cervelle de souris !

- Oh, rien de très grave. J'ai juste un message à te communiquer...

Il s'approcha, plongea son regard dans le sien et lui murmura d'une voix affirmée et sûre d'elle :

- Demain soir... à l'île...

Croc d'Ébène hocha la tête avec appréhension et tandis que l'autre allait partir, elle le rattrapa.

- Attends ! fit-elle. Est-ce que j'en parle à tu sais qui ?

- Si tu y tiens. Et amène-la avec toi. Qui sait, peut-être aurons nous besoin d'elle ?

Un peu plus loin, derrière un pin, deux apprenties du Clan du Tonnerre échangèrent un regard interrogateur. L'une d'elle, au pelage roux flamboyant, fit signe à l'autre de s'approcher lentement. Croc d'Ébène et Cœur d'Orties partirent chacun de leur côté.

- Tu as comprit de quoi ils parlaient, Nuage d'Automne ? la questionna la femelle écaille-de-tortue.

L'intéressée secoua la tête, déprimée. Ainsi, Cœur d'Orties les avait bel et bien trahis. Soudain, le craquement d'une brindille parvint jusqu'à ses oreilles. Elles les redressa, à l'affût du moindre bruissement de fougère ou autre.

- Qui va là ? lança-t-elle, anxieuse.

Un chat tigré de brun et de marron foncé se jucha sur une souche recouverte de mousse. Il se tenait bien droit et son regard ne flanchait pas. Nuage d'Automne se mit automatiquement en position de défense, le poil hérissé et la queue tendue à son maximum. Le guerrier appartenant sans doute au Clan de l'Ombre la stoppa d'un geste simple de la queue.

- Je ne vous veux pas de mal, même si vous êtes sur mes terres, annonça-t-il.

- Je... Très bien, répondit Nuage d'Automne. Dans ce cas, nous partons.

Elle s'apprêtait à repartir en direction du territoire du Tonnerre mais l'autre l'en empêcha.

- Ecoutez... J'ai vu et entendu les mêmes choses que vous. Je ne pensais jamais que Croc d'Ébène nous trahirait, mais apparemment, je m'étais trompé.

Sa voix flancha.

- Je suis vraiment désolée... murmura Petite Aubépine.

- Vous n'y êtes pour rien, renchérit le guerrier. Après tout, vous aussi vous comptez un traître dans vos rangs.

Nuage d'Automne grimaça. Certes, Cœur d'Orties les avait tous roulé dans la farine, mais était-elle la seule à trouver que la remarque du chat du Clan ennemi était déplacée ?

- Ces deux là ne sont pas les seuls, remarqua Petite Aubépine.

- Qu'est-ce que tu essayes de nous dire ? l'interrogea son amie.

- Vous avez bien entendu. Il y a quelqu'un d'autre.

Le matou tigré la fixa longuement, impossible de déchiffrer ce qu'il pensait en ce moment même.

- Quelqu'un de mon Clan, rectifia-t-il. Si Cœur d'Orties a demandé à Croc d'Ébène de lui transmettre un message, c'est forcément qu'il est du même Clan qu'elle.

-  C'est vrai, cela limite les possibilités... commenta Petite Aubépine.

- Il faut que l'on trouve de qui il s'agit ! s'écria la rouquine, déterminée.

- Oui, tu as raison ! approuva l'autre.

- Ne serait-il pas plus pertinent de prendre connaissance de leur but, plutôt ? rétorqua le mâle, l'air sceptique.

- C'est vrai, mais chaque chose en son temps, répondit Petite Aubépine.

- Je propose d'aller sur l'île, demain soir comme prévu, pour les espionner ! suggéra Nuage d'Automne. Peut-être en apprendrons-nous plus ?

- Je suis partant, confirma l'ennemi. Au fait, je ne me suis pas présenté : je m'appelle Pomme de Pin et je suis un guerrier extrêmement loyal au Clan de l'Ombre.

Il insista bien là-dessus, sans doute pour faire comprendre aux apprenties que ses intentions n'étaient pas mauvaises et qu'il ne ressemblait pas à sa camarade, Croc d'Ebène.

- Enchantée, Pomme de Pin ! fit l'apprentie-guérisseuse toute excitée. Moi, c'est Petite Aubépine !

- Tu es encore un chaton ? Je pensais que tu étais apprentie ! s'étonna-t-il.

- Je suis apprentie depuis ce matin ! Mais je n'ai pas encore reçu mon nouveau nom. A la prochaine demi-lune, j'irais à la Source de Lune et je deviendrais officiellement apprentie-guérisseuse !

- Ne t'emballes pas trop vite, Petite Aubépine. C'est encore dans longtemps.

Elle se tourna vers Pomme de Pin.

- Mon nom est Nuage d'Automne.

Ce-dernier hocha la tête.

- Je vous attendrais demain après-midi à la frontière. Le temps que nous traversions le territoire du Clan de la Rivière pour rallier l'île.

Les apprenties échangèrent un regard inquiet.

- On va traverser le territoire de la Rivière ?! répéta Petite Aubépine, pas sûre d'avoir bien compris.

- Il n'y a pas d'autre moyen de se rendre à l'île.

- Mais nous n'avons le droit d'y aller qu'en période d'Assemblée !

- Nous ferons très attention.

- C'est d'accord, lâcha-t-elle enfin.

- Compris. A demain à la frontière.